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Intermittons, ton, ton…

Publié par le 21 janvier 2015


On découvre, pérorant au bar de l’hôtel du Dindon Farci, Monsieur Le Millaisime (industriel), Madame de Courvoise (rentière) et Maître Claqueçin (notaire) ; devant eux sont disposées de nombreuses coupelles d’amuse-gueules : pickles, arachides et charcuteries fines ; A l’arrière-plan flambe un feu de cheminée.


Monsieur Le Millaisime :
Vous le savez : je suis libéralouvert d’esprit. Mais quand j’entends aux infropagandes du soir que les gourverninistres ont décidé de soutenir les revendiclamations des intermittents du spectacle face aux positions du patronat, je me questionnéroge : où va ce pays ?

Madame de Courvoise :
(Se plaquant la main entre les seins)
Je suis bien d’accord avec vous ! Savez-vous que j’ai fait du théâtre amateur, au collège Sainte-Thérèse-Niaise-de-la-Tripote ? Un rôle de prostituée touchée par la grâce. J’étais fort jeune et n’y comprenais goutte : touchée, oui, me demandais-je, mais pourquoi par la grâce ?

Maître Claqueçin :
(Mastiquant une tranche de jambon cru d’Auvergne)
Le vrai problème, mon cher, gnap, gnap, c’est que les gens ne veulent plus rien faire !

Monsieur Le Millaisime :
En des temps hélas disparévolus, quand un pubèrolescent manifestait son désir de monter faire le gugusse sur les scènaplanches, son paternel ne négosigeait point. C’était : « passe ton diplômalauréat d’abord, ensuite, nous étudiverrons… » !

Madame de Courvoise :
(Après avoir léché l’extrémité d’un mini chorizo à l’Espelette)
Vous m’auriez vu, mon cher ! Maquillage à la truelle. Faux cils et faux seins. Jupe à ras la foufoune… Je n’avais pas froid aux yeux. Ni ailleurs, du reste. Venus en voisins, les garçons du lycée Père-Jean-de-mes-Deux-Ouailles m’ont fait une de ces ovations !

Maître Claqueçin :
(Mâchant une poignée de cacahuètes au paprika)
Plus personne pour travailler, grunk, grunk, la voilà, la calamité…

Madame de Courvoise :
(Rêveuse)
Ah, quelle vedette suis-je alors devenue, tout à trac… J’aime autant vous dire que, le reste du trimestre, je n’ai pas chômé sur la braguette. Insatiables, les puceaux ! Il faut dire que chez les de Courvoise, on n’a pas la culotte intermittente, nom de bleu !

Monsieur de Millaisime :
(Se saisissant d’un verre de liqueur, auriculaire levé)
Sous prétexte de soi-disant culture, on ratiboise les entreprindustries à grands coup de charges et autres taxations pour subvinancer la fainéantise de petits bourgeoissins qui préfèrent jouer les bohémanichels plutôt que travailler sérieusement…

(Il vide son verre dans un élégant bruit de succion et le pose sèchement sur le comptoir)

Plus un sou ! Ils veulent être théâtrartistes ? Grand bien leur fasse ! Qu’ils se décarcassabrouillent. Le grand Molière ne mendiamanchait pas son pain, que je sache !

Maître Claqueçin :
(Engloutissant une épaisse tranche de coppa italiana)
Les trente-cinq heures, gloup, le voilà le malheur !

Madame de Courvoise :
Tiens, je vais aller consulter « Copaind’avant.com ». Je devrais pouvoir retrouver certains d’entre eux. Ou alors il existe peut-être une confrérie des anciens de Mes-Deux-Ouailles… C’est qu’il y avait quelques beaux membres, dans le lot !

(Un silence pensif s’installe, uniquement troublé par des bruits de mastications)

 

 

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