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Non mais où crèche-t-on ?

Publié par le 7 janvier 2015

On découvre, pérorant au bar de l’hôtel du Dindon Farci, Monsieur Le Millaisime (industriel), Madame de Courvoise (rentière) et Maître Claqueçin (notaire) ; devant eux sont disposées de nombreuses coupelles d’amuse-gueules : pickles, arachides et charcuteries fines ; A l’arrière-plan flambe un feu de cheminée.


Monsieur Le Millaisime :

Vous me connaissez : je suis libéralouvert d’esprit. Mais quand je constate que certains mairédiles de municipalités scélérates entendent bannir des bâtiments publimunautaires les crèches de la sainte nativité, je ne peux m’empêcher de me demander : où va ce monde ?

Madame de Courvoise :
(Se plaquant la main entre les seins)
Je suis bien d’accord avec vous ! Ce petit Jésus dodu sur son lit de paille, seulement vêtu de ses langes, il est à croquer tout cru, bordel, quoi…

Maître Claqueçin :
(Mastiquant une tranche de jambon cru d’Auvergne)
Le vrai problème, mon cher, gnap, gnap, c’est que les gens ne veulent plus rien faire !

Monsieur Le Millaisime :
Naguère, il ne se trouvait pas une placette de village où on ne disposât le bon Joseph, la sainte Marie, le bœuf, l’âne et l’assemblée des croyadeptes accourus. Ces dames des œuvres laissaient échapper une larmichette. Les messieurs se raclaient des larynx attendrémus derrière leurs cravates. Les enfants entonnaient des chansantiques dans un chœur de faussets. Etions-nous plus malheureux pour autant ? La réponse est non !

Madame de Courvoise :
(Après avoir léché l’extrémité d’un mini chorizo à l’Espelette)
Sans compter que les santons qu’on nous vend aujourd’hui, merci bien ! Il y en a marre des sabotiers en chapeau, des bergers et des vieilles tisseuses de laine, nom d’une bite !

Maître Claqueçin :
(Mâchant une poignée de cacahuètes au paprika)
Plus personne pour travailler, grunk, grunk, la voilà, la calamité…

Madame de Courvoise :
(Rêveuse)
Je vais vous dire ce qu’il nous faudrait : des beaux gaillards des pays chauds, en tuniques légères ou en pagnes, la peau d’un bel ocre, les muscles saillants. Ça vous aurait une autre gueule, non ?

Monsieur de Millaisime :
(Se saisissant d’un verre de liqueur, auriculaire levé)
Notre catholicisme harasépuisé manque de compétitivité. La concurrence spiritiligieuse ne nous fera pas de cadeau. Bientôt, ce seront les rois mages qui nous déropiqueront le marché. Nous aurons des minarets à la place des sapins de noël et des statues du bouddha dans les halls des bourgmestreries.

(Il vide son verre dans un élégant bruit de succion et le pose sèchement sur le comptoir)

Que n’avons-nous le courage de faire machine arrière : décapitrancher les maires issus de la populace et recondonner à l’ecclésiastique sa vraie place : la première. « We are the first », que diable…

Maître Claqueçin :
(Engloutissant une épaisse tranche de coppa italiana)
Les trente-cinq heures, gloup, le voilà le malheur !

Madame de Courvoise :
Tenez, je vais essayer de m’en commander pour les fêtes de l’année prochaine. Mon gendre va encore faire la tête. Je l’entends d’ici : « contrôlez-vous, belle-maman… ». Ça va être à se tordre !

(Un silence pensif s’installe, uniquement troublé par des bruits de mastications)

 

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