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Zykë L’Aventure – Le film (15)

Publié par le 11 août 2018

 

Adapté du roman Zykë L’Aventure, Thierry Poncet, éditions Taurnada, en librairie ou ici :

https://www.taurnada.fr/catalogue/roman/zyke-l-aventure/#cc-m-product-14582018622

https://livre.fnac.com/a10793510/Thierry-Poncet-Zyke-l-aventure

https://www.amazon.fr/Zyk%C3%AB-Laventure-Thierry-Poncet/dp/2372580345

https://www.babelio.com/livres/Poncet-Zyk-laventure/962158

 

EXT Jour, Thaïlande, maison

Deux filles asiatiques très déshabillées en coiffent une troisième, les gestes sensuels. On entend le mauvais son d’une radio où passe une chanson languide et, plus loin, des bruits de coups violents.

Le plan s’élargit, découvrant le dessous d’une vaste maison sur pilotis transformé en harem où au moins vingt autres filles tout aussi déshabillées bivouaquent, fricotent devant un brasero, lisent, écoutent la radio, alanguies sur des nattes et dans des hamacs. En arrière-plan, le bruit des coups accompagné de ahanements et de gémissements, est de plus en plus présent.

La caméra longe une esplanade occupée par des grosses motos de frimeurs et parvient à un préau aménagé en salle d’entraînement de boxe. Zykë, en short de boxe thaï, s’entraîne avec deux professeurs qu’il cogne alternativement. En arrière-plan, Sam frappe sur un sac et Msieu Poncet saute à la corde.

Derrière encore, au-delà de féroces grillages, une petite foule d’ouvriers en guenilles profite du spectacle.

 

EXT Jour, route

Un taxi quitte une route principale qui longe une plage et s’engage dans un chemin secondaire. On découvre la grande maison avec les filles et l’entraînement de boxe. Le taxi s’arrête et en descend Marlène: une ravissante trentenaire à la sage élégance. Tenant des dossiers, appareil photo à l’épaule, elle se dirige d’un pas décidé vers le préau d’entraînement.

Alors qu’elle longe la maison, elle est saluée par plusieurs des filles. Le spectacle du harem la décontenance un instant puis elle continue sa route d’un pas encore plus décidé.

 

EXT Jour, préau

L’entraînement s’est arrêté. Zykë, ruisselant et essoufflé fait face à Marlène.

Marlène :
Monsieur Zykë ?

Zykë :
Zykë suffira.

Marlène :
Alors moi ce sera Marlène.

Zykë :
Marlène.

Marlène lui tend un exemplaire neuf de Fièvres.

Marlène :
Je t’ai apporté ça.

Zykë :
Fièvres ! Eh, les gars, Fièvres est sorti en France !

Tandis que Msieu Poncet et Sam examine l’exemplaire, Marlène tend à Zykë une liasse de coupures d’articles de magazines.

Marlène :
Je suis journaliste.

Zykë :
Tu bosses pour qui ?

Marlène :
Je suis free lance.

Zykë :
Pigiste, quoi.

Un rien vexée, Marlène approuve.

Marlène (déterminée) :
Je voudrais… non, il me faut une interview de toi.

Zykë :
Sois la bienvenue.

 

EXT Jour, paillote

Sur la plage. Zykë, Msieu Poncet, Sam et Marlène, en soutif et paréo, accoudés à un comptoir de paillote devant des cocktails. Marlène caresse l’épaule de Zykë. Zykë lui caresse la cuisse. Après un coup d’œil entendu entre eux, Msieu Poncet et Sam empoignent leurs cocktails et vont voir ailleurs s’ils y sont.

 

EXT Nuit, Pattaya

Suite de plans courts de Zykë, Marlène, Sam et Msieu Poncet dans divers endroits de Pattaya : restaurant, bars à filles, rues. Le quatuor est détendu et souriant. Zykë est salué par plusieurs personnes, Européens et Asiatiques. Msieu Poncet et Sam sont identiquement élégants en costards de lin blanc. On remarque que Msieu Poncet a conquis une aisance nouvelle. Au fil de la promenade, on aperçoit un vieil homme européen à l’allure de sage retraité en compagnie d’une fille boulotte et joyeuse et un handicapé en fauteuil explosé de bonheur, câliné par deux filles plus sexy l’une que l’autre. 

 

EXT Nuit, sous la maison.

Sam et Msieu Poncet sont avec les filles, buvant et fumant des joints. Des coups répétés parviennent de la chambre de Zykë, en haut. Les filles commencent à murmurer. Aux coups se mêlent les gémissements de plaisir de Marlène, de plus en plus débridés. Sam et Msieu Poncet rigolent. Les filles lancent des remarques appréciatives. Les gémissements de Marlène se transforment en cris. Des flots de poussière tombent des lattes du plafond. Les filles rigolent.

 

INT Jour, bureau

Plan sur un magnéto Sony qui tourne.

Zykë (voix off) :
Les écrivains sont des types sensibles. Ça les rend faibles. Moi, je suis capable de faire la guerre…

On est sur une terrasse transformée en bureau de travail, avec beaucoup de coussins et de tables basses. Des ventilateurs tournent. Au-delà des stores, on devine le jour éclatant et la chaleur. Zykë est détendu, en sarong local. Marlène porte une de ses chemises qui est trop grande pour elle.

Marlène :
Sérieux ? Tu fais la guerre ?

Zykë :
Guerre… Guerre… C’est un mot un peu trop fort. Ces schmocks ne méritent pas une guerre. Disons que je vais leur imposer mes livres. Ce sera ma façon de lutter.

Marlène :
Vraiment ?

Zykë :
Les écrivains français se font exploiter par des éditeurs qui se croient des patrons et les considèrent comme leurs employés. C’est un système d’exploitation, c’est-à-dire un système pourri. Et quand un système est pourri, le devoir d’un homme, c’est de le combattre.

Marlène :
D’accord, c’est un système. Mais il est en place depuis longtemps. Bien en place. Tu ne gagneras jamais !

Zykë (soudain très sérieux) :
Marlène. Ne fais pas la sourde. Je n’ai pas dit « gagner ». J’ai dit : « combattre ».

 

EXT Jour, préau boxe

Zykë s’entraîne avec ses deux professeurs. Les coups sont très violents. Marlène prend des photos.

 

EXT Jour, tourisme

Zykë, Msieu Poncet, Sam et Marlène se livrent aux différentes activités balnéaires qu’offre la station en plus des putes : ski nautique, massage sur la plage, dégustation de grillades vendues par des porteuses de braseros sur la plage, festin de glaces…

 

INT Jour, bureau Msieu Poncet

Msieu Poncet se trouve dans une terrasse transformée en bureau par des stores (plus petit que celui de Zykë) en compagnie de trois filles seulement vêtues de pagnes. Il est attablé à un bureau devant une vieille machine à écrire électrique au bruit de mitrailleuse.

Marlène soulève un store.

Marlène :
Coucou… je peux entrer ?

Msieu Poncet (cessant de taper) :
Bien sûr.

Marlène prend place sur une chaise. Tout au long de l’entretien, les trois filles restent accroupies, immobiles et apparemment indifférentes.

Marlène :
Tu travailles sur un livre ?

Msieu Poncet :
Non. En ce moment, on ne travaille pas. Le programme, c’est vacances et boxe. De toutes façons, même si on bossait, je ne te le dirais pas.

Marlène :
Le fidèle homme de l’ombre ?

Msieu Poncet :
C’est ça.

Marlène :
Et ça te plaît ?

Msieu Poncet montre de la main ce qui l’entoure. Plans sur les trois (très) belles indifférentes, leurs profils exotiques, les stores doucement bousculés par la brise, les raies de lumière d’or qui en coulent.

Msieu Poncet :
Quand tu rentres à Paris, demande à tes potes ce qu’ils répondraient si on leur proposait de vivre dans un album de Corto Maltese.

Marlène :
Okay. Je n’y manquerai pas. Alors, qu’est-ce que tu fais, si ce n’est pas un secret ?

Msieu Poncet :
J’écris le courrier des filles. Tu veux voir ?

Marlène s’approche. Msieu Poncet lui montre un petit tas de fiches sur lesquelles sont inscrites des adresses d’hommes dans toute l’Europe.

Msieu Poncet :
Ici, y a des gros porcs qui viennent se taper des petites filles, faut pas le nier. Et puis tu as des flambeurs qui viennent uniquement pour le sexe, c’est sûr. Mais le plus gros de la clientèle, à au moins 80 %, c’est des pauvres types qui ne trouvent pas de copines. Ils se sont fait largués. Ils ont divorcé. Ou bien ils sont moches ou timides. Bref, comme vous autres les gonzesses européennes vous êtes impitoyables, ils viennent ici.

Marlène (riant jaune) :
C’est de notre faute, quoi ?

Msieu Poncet :
Ose dire que vous êtes charitables… Bon… Bref, les mecs viennent ici, ils rencontrent une des filles et ils tombent amoureux. Ils passent toutes leurs vacances avec la même. En couple. C’est la romance. Et quand ils se cassent, ils laissent leur adresse à… (il consulte les fiches) : Dortmund… Valencia… Villeurbanne… Maastricht… tu vois ?

Marlène :
Hmm, hmm

Msieu Poncet :
Alors les filles leur écrivent pour leur taper du pognon. Et les mecs en envoient. Il y a un guichet spécial à la poste pour ça. Le « guichet des pigeons lointains », on pourrait appeler ça.

Marlène :
Et toi, là-dedans ?

Msieu Poncet (réjoui) :
Moi, je leur écris les lettres.

Marlène :
Pas possible !

Msieu Poncet :
Regarde…. (il extrait le papier du rouleau de la machine et lit) : « Mon cher Bruno que j’aime à l’infini. Je profite que ma sœur est secrétaire dans une entreprise des étrangers pour t’écrire la présente lettre. Toute ma famille est maintenant au désespoir car notre mère chérie est maintenant malade très gravement… »

Marlène, penchée par-dessus l’épaule de Msieu Poncet, lit de concert, soulignant les meilleurs passages d’éclats de rire.

Msieu Poncet / Marlène :
« Nous manquons d’argent pour les soins car le salaire de ma sœur est très petit et moi-même je suis maintenant très pauvre à raison que j’ai arrêté de faire le sexe avec les étrangers par souvenir de toi. S’il te plait Bruno tu es le seul espoir de notre existence de chagrin difficile. Ta Leï qui t’aime comme le soleil sur la mer. »

Marlène :
Eh ben… Comment tu t’es retrouvé à faire ça ?

Msieu Poncet :
Un jour, il y a une copine, elle est venue ici et elle m’a vu taper à la machine. Elle m’a demandé d’écrire une lettre à un de ses copains anglais. Le mec a envoyé de l’argent tout de suite. Depuis, elles sont plein à venir me demander. C’est devenu un vrai petit business.

Marlène :
Quoi ? Tu te fais payer ?

Msieu Poncet :
Non. Je me fais sucer à l’œil. Enfin, la bite mais à l’œil.

Marlène (haussant les épaules) :
J’avais compris.

 

INT Jour, bureau Zykë

Plan sur le magnéto qui tourne.

Marlène (voix off) :
Toi et tes hommes, vous semblez avoir une conception spéciale de la vie…

Zykë :
Je suis libre. Les types qui se joignent à moi aspirent à la liberté. Ils veulent profiter de ma liberté.

Marlène (pensive) :
Ta liberté…

Zykë :
C’est quand même la première qualité d’un écrivain : être un homme libre. C’est pour ça que j’en veux aux éditeurs : ils ont affaire à des hommes libres et au lieu de développer leur liberté, leur originalité, leur talent, ils les obligent à se transformer en larbins minables…

 

EXT Jour, rue

Un taxi s’arrête devant la grille d’entrée. Marlène l’attendait, de nouveau habillée en citadine normale, entourée des trois hommes en tenue de boxe.

Elle pose un baiser sur les lèvres de Zykë, gratifie d’une bise chacun les deux autres et grimpe dans le taxi.

 

(À suivre)

 

 

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