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PANAME, PANAME, PANAME… 15

Publié par le 14 mars 2020



Adaptation en mini-série TV de mon Roman Pigalle Blues (ed. Ramsay).

 

INT Jour, appartement de Lucas

Max est assis sur le canapé, sous l’affiche le représentant avec Maxime, « Max et maxime les Maximums ». Il est occupé à coiffer les cheveux rouges de la marionnette à l’aide d’un très petit peigne de matière précieuse.

Lucas entre à la volée.

Lucas (criant) :
C’est bon ! Gaby a marché. Il te reprend. Tu joues samedi !

Max reste immobile un moment. Une larme s’échappe d’un œil et coule sur sa joue. Il serre le pantin sur son cœur puis le tend devant lui, les bras tendus.

Max :
T’entends ça ? On est repartis, mon vieux, on va faire une nouvelle carrière… Tu verras : même qu’on passera à la télévision !

 

EXT Jour, quartier Pigalle

Lucas sort du pressing, le pas pressé, tenant à bout de bras le costume de scène de Max dans sa protection de plastique.

 

INT Jour, appartement de Lucas

Lucas achève d’aider Max à s’habiller devant le miroir de la salle de bain.

Lucas :
Pas une goutte avant le show, compris ?

Max :
M’emmerde pas, fils…

Lucas :
Après, on ira se soûler la gueule tous les deux, mais avant, régime sec. Pas même une bière. Gaby l’a défendu. Prohibited ! Verboten !

Max (dédaigneux
) :
Gaby est une vieille pute, je ne boirai rien !

 

INT Nuit, cabaret

Musique :
L’air de Faut Vivre en instrumental (guitare classique).

Il y a un contraste entre la mélancolie de la mélodie et la frénésie joyeuse des images : une succession de plans rapides montrant Max radieux sur scène, échangeant des répliques avec Maxime, alternés avec des plans de spectateurs attablés et d’entraîneuses, tous saluant chaque vanne d’une tempête de rires et de plans de Lucas, déchaîné à son piano, exultant de joie.

 

INT Nuit, cabaret

Changement d’ambiance. Poésie et tragédie. Lucas joue Faut Vivre doucement au piano, par-dessus la guitare-son. Max est isolé dans le cercle blanc d’un projecteur.

Maxime (hurlant de sa voix de fausset) :
J’suis même pas un homme ! J’suis du bois et du chiffon à trois balles, t’entends ?

Max :
Ne dis pas ça.

Maxime :
Du chiffon à trois balles !…

Dans la salle, silence profond. Les entraîneuses se sont détournées des clients. Certaines essuient précautionneusement une larme qui leur fout l’eye-liner en l’air. Leurs clients délaissés sont eux aussi fascinés par ce qui se passe sur scène. La caméra survole le public : dans tous les coins de la salle, chacun est immobile, ému, le regard braqué sur le petit homme blafard dans son cercle de lumière.

Maxime :
Tue-moi. Je n’en peux plus de n’être qu’un pantin. Je n’en peux plus de cette prison. Vas-y, tu le peux, étrangle-moi !

Max :
Jamais !

Maxime :
Si tu m’aimes autant que tu le dis, tu dois le faire. Allez : ta main sur mon cou. Et serre, serre, serre…

Max :
Je ne suis rien sans toi !

Maxime :
Je SUIS toi !

La main de Max se referme sur le cou de Maxime.

 

INT Nuit, cabaret

Le public accorde une standing ovation enthousiaste à Max qui salue et fait saluer son Maxime ressuscité. Il est calme, souriant, murmurant d’aimables mercis, fier et modeste à la fois, comme aux grandes heures de l’Alcazar.

Au piano, Lucas scande les applaudissements.

Derrière son comptoir, le grand Mickey tape en rythme deux shakers à cocktails, un grand extatique fendant sa face de brute.

Au premier rang, devant les tables, cambré comme un chanteur de flamenco dans son smoking rose, Gaby, le maquillage détruit par les larmes, ne cesse d’applaudir que pour envoyer des deux mains des baisers en direction de l’artiste.

 

INT Nuit, cabaret

Musique :
En fond, très doucement, Faut Vivre.

GP sur Gaby.

Gaby :
Tournée générale de Champagne, Mickey. Cette nuit est une grande nuit !

Il est tard, la salle s’est vidée. Ne reste que la petite bande du cabaret (Gaby, Franz, Mickey, les Maximums et Lucas) plus quelques filles.

Gaby se saisit d’une coupe sur le comptoir.

Gaby :
Au cabaret !

Il lève sa coupe en direction de Max qui, juché sur un tabouret se fait bécoter par une grande pute énamourée.

Gaby :
Au cabaret et à Max le ventriloque, qui en est le roi !

Max (trinquant) :
Et toi, t’en es la reine !

Tous éclatent de rire.

 

INT Nuit, cabaret

Musique :
Faut Vivre, en instrumental, appuyé par une voix qui chantonne, bouche fermée.

La même petite bande. Les bouteilles de Champagne vides témoignent que du temps a passé.

Max se fait servir deux verres de scotch par Mickey, puis s’approche de Lucas et lui tend un des verres. Les deux hommes trinquent et s’envoient une rasade. Max tend la main à Lucas qui la serre machinalement. Il va la retirer, mais Max la retient, regardant Lucas dans les yeux.

Max :
Merci, Lucas.

Lucas :
Dis pas de conneries.

Max :
Merci, je te dis !… J’t’aime bien, tu sais ?

Ils trinquent de nouveau. Plan sur les verres.

 

Fondu sur :

 

INT Jour, temps présent, café À La Bonne Planque

Une verre plein de whisky sur un comptoir. On entend la voix qui continue à chantonner la mélodie de Faut Vivre.

Le plan s’élargit. On découvre Lucas (âgé) au comptoir du petit bistrot où, décidément, il a repris des habitudes. C’est lui qui chantonne.

Le patron, qui s’affairait derrière son comptoir, entend la mélodie et se tourne vers lui.

Patron :
Houla, m’siou. C’est triste, la chanson, là.

Lucas :
Oui. Un peu.

Patron :
Vous êtes triste ?

Lucas (haussant les épaules) :
Bof… Seulement des souvenirs…

Patron :
Vous me racontez ? Des fois, ça fait du bien de raconter…

Lucas :
Pourquoi pas…

Plan sur le verre de whisky.

Lucas (voix off) :
Un grand copain à moi. Il s’appelait Max. Et s’il y a un truc à retenir à propos de mon copain Max, c’est que quand il déconnait, il mettait vraiment le paquet…

 

Fondu sur :

 

EXT Jour, temps passé, aurore, devanture du Gaby-Tabou

La petite bande sort du cabaret, alors que des promeneurs matinaux du dimanche se pressent vers les étals de la rue Lepic, serrés dans leurs manteaux d’hiver. Gaby est amoureusement pressé contre Franz

Gaby :
On ne va pas se coucher un jour pareil. La nouvelle carrière de Max commence, ça lui porterait malheur…

Franz :
Où aller, à cette heure-là ?

Gaby :
Essayons chez Farida, rue Fontaine.

Mickey (approuvant) :
C’t’une idée. C’te vieille Fari, elle a toujours un p’tit moment de rab pour les vrais aminches…

Plan sur Max, porteur de la mallette contenant Maxime. Il a l’air vague, absent. Il embraye machinalement le pas aux autres.

 

EXT Jour, place Pigalle

Le groupe sur le trottoir du boulevard, attendant que le signal piétons passe au vert.

Un gros pullman à étage se pointe.

Max prend un élan et saute du trottoir.

Images brouillées. On entend un coup de klaxon, un crissement de freins et un choc. Et puis le hurlement de Gaby.

 

EXT Jour, place Pigalle

Il y a des voitures de police et des flics en uniforme. On entend au loin la sirène d’une ambulance qui s’approche.

Lucas (âgé, voix off) :
Mon copain Max, quand il déconnait, il ne faisait pas les choses à moitié…

Une foule de badauds et de turfistes échappés de la brasserie du coin bloquent le carrefour. Des femmes crient. Des gens s’agitent à l’intérieur du bus. Le chauffeur de celui-ci tourne en rond en se tordant les mains.

Chauffeur :
Rien pu faire !… Rien de rien !… Il a sauté !… Il s’est jeté !… Rien pu faire !… Rien de rien !…

Lucas est assis au bord du trottoir. Gaby sanglote dans les bras de Franz.

Contrechamp : devant eux, le corps disloqué de Max, sa face de clown encore couverte de son maquillage blanc de scène, avec du sang qui coule de ses oreilles.

Maxime, échappé de la mallette éventrée, semble rigoler, bouche largement ouverte.

Musique :
Malgré qu’à tous les horizons / Comme un point d’interrogation / La mort nous regarde d’un œil ivre / Faut vivre…

Malgré tous nos serments d’amour / Tous nos mensonges jour après jour / Et bien que l’on ait qu’une vie / Une seule pour l’éternité / Malgré qu’on la sache ratée…

Faut viiiiivreu…

 

(À suivre)

 

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