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ROTTEN ISLAND 04

Publié par le 26 septembre 2020

 

Pearl Mama déclara :
– Faut se bouger le po-po-popotin…
J’approuvai :
– Ouais.
Dans cette fichue région de la planète, une saison de cyclones empêchait toute activité entre septembre et novembre.
Durs, les cyclones. Coléreux. Se foutant des activités des hommes comme tu te fiches des états d’âme des fourmis. Avec bourrasques hurlantes, vagues géantes que les récifs n’arrêtaient guère et déluges de flotte bibliques.
Quand ils seraient là, nous n’aurions d’autre choix que d’abandonner l’île, en ayant arrimé tout ce qui pouvait l’être, et d’aller attendre des temps meilleurs dans un autre coin du monde.
On était en mars, ça nous laissait peu de temps.
Pearl Mama avait du fric.
Rondelette, la somme. Confortable. Mais pas infinie.
Alors il nous fallait démarrer sur les chapeaux de roues, nous installer, recevoir un maximum de clients pendant la courte saison qui nous resterait.
Rentrer de la monnaie.
Et, comptant sur le bouche à oreille, faire connaître notre île le plus rapidement possible.
– Tu vas t-travailler vite, Haig ?
– Ouais, promis-je
Et vite j’ai travaillé.
J’ai fait des étincelles.
Pour contenter Pearl Mama.
Voir briller ses grands yeux sombres.
S’étirer en sourire la généreuse chair de ses lèvres.
Entendre les mélodies qui s’en échappaient quand elle était satisfaite.
Les rires de fille joyeuse qu’elle jetait au ciel, gueule ouverte…
Ouais. Des étincelles…

L’instinct de l’aventurier, ça existe.
Il est arrivé qu’il me sauve la mise. Certaines décisions prises au flair, hors logique, inexplicables, m’ont permis d’être encore à ce jour sur cette bonne vieille terre et en état de te raconter mon histoire.
La grande île la plus proche de Subor Pulau, à six à huit heures de rafiot, était une Moluque qui s’appelait Halmahera.
Le bon sens commun aurait voulu que je la choisisse comme base arrière : matériel, vivres, recrutement de personnel…
Je m’y refusai pourtant.
Un : Halmahera, pour vaste qu’elle fut, n’était que peu développée. On n’y trouvait pas de ville d’importance, les lieux les plus peuplés étant des camps miniers, exploitations d’or, de cuivre et de nickel, gérées par des compagnies australiennes, main dans la main avec le pouvoir indonésien.
Deux : Il s’y trouvait quand même des représentants de Djakarta, flics et autres fonctionnaires. Et mon fameux instinct me disait qu’on avait rien à gagner à s’en faire remarquer.
La suite, hélas, cent douze fois hélas, me prouva que j’avais raison d’éviter Halmahera.
Note que j’aurais aimé avoir tort.
Cent douze fois tort.
Mais n’anticipons pas…

J’expliquai ma réticence à Chulo et Pearl Mama et, d’un commun accord, on préféra retourner à Manado, à la pointe nord de Sulawesi, à deux jours et deux nuits de navigation de Subor.
C’était une grande ville moderne, avec commerces, immeubles, fast-foods, un grand port et d’innombrables resorts pour touristes adeptes de la plongée sous-marine.
J’y rendis la vieille vedette de location qui nous avait servi jusque là et achetai un finisi, une barcasse de fabrication locale.
Dix-sept mètres. Une proue effilée de jonque. Un château arrière haut et gros comme un cul de matrone. Le tout peint en rouge vermillon et propulsé par un moteur coréen rustique, bruyant, puant, mais solide et simple – c’est-à-dire facile à réparer le cas échéant.
Un cargo de bois, qui portait à l’origine un nom indonésien, mais que Pearl Mama rebaptisa « Lady Day », le surnom de la chanteuse Billie Hollyday.
Question confort, la Lady Day était plus que spartiate, avec des crochets à hamacs en guise de couchettes, des planches qui faisaient sièges, une échelle de corde pendue au-dessus de l’eau pour toutes chiottes et une cambuse à côté du moteur, ce qui garantissait à la bouffe du bord un inimitable parfum de cambouis.
Mais elle était d’une facilité enfantine à manœuvrer. Sa cale pouvait engranger des dizaines de tonnes de matériel. Et, surtout, le plus important à mes yeux, elle était on ne peut plus discrète, semblable en tous points aux milliers d’autres finisis qui croisaient dans ces eaux.

A Manado toujours, je recrutai, par l’intermédiaire d’un entrepreneur chinois de travaux publics, vingt-huit ouvriers sulawesiens, des petits types noirauds, secs comme des triques, les cheveux plats et les yeux noirs bridés, qu’une prime d’engagement versée de suite convainquit d’embarquer.
A Manado encore, j’embauchai une cuisinière chinoise d’une cinquantaine d’années, madame Wu, pour faire la cantinière le temps des travaux. Elle vint flanqué de sa nièce, une gamine d’une douzaine d’années au visage rond, aux cheveux bizarrement bouclés, sans doute le résultat d’un métissage mélanésien. Pearl Mama la gratifia aussitôt du surnom de Betty Boop, tant sa ressemblance avec l’héroïne des dessins animés était criante.
A Manado enfin, j’achetai les premiers matériels : de la pelle, de la pioche, de la barre à mine, du marteau, de la pince, du tournevis…
Plus une tronçonneuse.
Et surtout un générateur d’occasion coréen 1700 W, et les tonneaux de diesel destinés à abreuver son réservoir de 1000 litres.
Un monstre.
Un engin qui pesait sa tonne.
Sur le port de Manado, on me le chargea à la grue sur la Lady Day.
A Subor, il fallut que tous les Sulawesiens s’y mettent, aidés d’un bordel de courroies et de brancards de bambous, pendant deux heures de pataugeage dans le lagon pour, au prix d’un doigt écrasé et de deux plaies ouvertes, enfin poser la bête sur la grève.
L’un des blessés, la hanche béante sur quinze centimètres, entreprit des pousser des cris de porc qu’on égorge, assortis d’injures à mon égard.
Je le cueillis d’un uppercut en dessous du sternum qui le souleva du sol et, profitant de sa brève lévitation, lui défonçai la face d’un coup de boule.
Tandis qu’il gisait sur le sable, geignant misère, je me plantai devant lui, pattes écartées, mains sur les hanches, et lui lançai en indonésien :
– Maintenant tu saignes aussi de la gueule, t’es content ?
Je me tournai vers les autres qui, rassemblés épaules contre épaules en troupeau craintif, me regardaient de leurs yeux écarquillés :
– Vous êtes sur mon île, maintenant. Et sur mon île, on travaille et on la ferme, compris ?
Un silence trouilleux suivit, que je laissai laiaisssai laiaiaisssssssai s’éterniser, les défiant de mon meilleur regard de salopard blanc, le menton dur, la lippe coloniale.
Intérieurement, je jubilais.
De toi à moi : rien de tel qu’une bonne injustice bien brutale et effrayante à souhait pour établir dès le départ une saine discipline de groupe.
Quand enfin, jugeant que je leur avais assez injecté les pétoches pour la journée, je les envoyai tous installer leurs bivouacs dans le coin où s’élèverait leur baraque, vers la mangrove.
Je n’avais rien pour suturer la plaie du petit gars, aussi la désinfectai-je au moyen d’un tiers d’une bouteille de tafia – gourmandise que je m’étais payée à Manado – et la serrai-je sous un bout de serviette éponge à peu près propre maintenu par une bande de charpie.
– Désolé, mon gars, on a fait dans le radin, question pharmacie. Tu auras une belle cicatrice, ça plaît aux filles…
Je l’observai un instant et me fendis d’un sourire :
– Pleure pas, va, t’en verras d’autres.

Il y eut bientôt trois principales zones de travaux, toutes en bordure de la plage.
Au centre de la courbe, au plus creux de celle-ci, profitant d’un endroit où le début de pente était mois accusé qu’ailleurs, le bâtiment principal.
Enorme, la baraque. Chulo et Pearl Mama la voulait longue de trente mètres, large de presque autant. Haute d’un étage, que viendrait surmonter un double toit pentu. En plus précédée d’une vaste terrasse à moitié couverte, que terminerait une volée de trois longues marches débouchant sur le sable.
A gauche – si on se tenait sur cette terrasse – le long de l’embouchure de la rivière, en bord de mangrove, un autre baraquement plus modeste, long et bas, destiné à abriter le personnel.
De l’autre côté, près des laves, un hameau d’une quinzaine de cases, futures demeures de nos putains.
Les travailleurs à un bout, les filles à l’autre, bien séparés, histoire de décourager les relations entre les unes et les autres, le plus souvent causes de soûlantes embrouilles.
Dans mon plan initial, j’avais prévu de créer, plus loin dans la forêt, un petit hameau de bungalows pour les clients, mais, constatant l’ampleur de notre tâche et le nombre de bras qu’elle requérait, j’avais remis sa réalisation à plus tard.
– Au début, proposai-je, les clients pourraient dormir à l’étage, si on leur fait des jolies petites chambres…
– D-d-d’accord.

Et c’est ainsi que Subor la paumée, qui ne connaissait du bruit des hommes que le rare moteur d’un bateau accostant s’habitua à retentir chaque jour du douteux concert des chantiers.
Coups sourds des masses enfonçant des piliers.
Secs jappements des marteaux cognant des clous.
Ahanement des ouvriers maniant la pelle et la pioche.
Ronflement du générateur.
Cris de colère de la tronçonneuse, gémissement du bois qu’elle taillait, fracas des arbres s’abattant, bousculant les feuillages de leurs potes.
Boucans divers auxquels vinrent s’ajouter, au bout d’une quinzaine de jours, quand nous eûmes nivelé des tonnes de terre et atteint la roche qui se trouvait dessous, les fracas d’apocalypse des explosions de dynamite, toujours suivies des hurlements mi-apeurés, mi-soulagés des ouvriers sulawesiens.
Sans oublier, par-dessus tout ce ramdam, d’avant l’aube à tard le soir, sous la pluie ou dans le brouillard, au rougeoiement du crépuscule comme sous la lumière blanche de l’après-midi, mes beuglements d’adjudant-chef.
– On les sort ! On les sort ! On les sort, les doigts du cul !

Manado étant décidément trop éloignée, j’embarquai un matin sur la Lady Day et, un peu au pif, un peu en fonction d’informations que j’avais entendues ici ou là, mis le cap plein sud.
Bien m’en prit.
J’abordai une vingtaine d’heures plus tard dans le port de Sorong, sur la côte orientale nord d’Irian Jaya, la partie indonésienne de la Papouasie.
Et là, la chance m’attendait.
Elle avait du bide, une petite moustache en crocs et ressemblait furieusement, jusque dans son patronyme, à Figueira, le personnage des aventures de Tintin, « le Portugais qui vend tout », mais c’était bien elle.
La baraka.

Sorong avait longtemps été une grosse bourgade oubliée dans son extrémité de planète, au bout de la presqu’île en forme de tête de poulet qui tend son cou à l’ouest de la terre des Papous.
Un an plus tôt, la découverte de gigantesques poches de pétrole et de gaz naturel à l’intérieur de la presqu’île avait révolutionné la donne.
En une pincée de mois, le bled étouffant, humide et endormi était devenue une ville étouffante, humide et en pleine expansion.
Aux alentours du port qu’un colossal chantier était en train de transformer en bassin capable d’accueillir des méthaniers, je trouvai les entrepôts du senhor Alfonso Bartholomeu Gonçalves Azevedo.
« Barto », comme on disait couramment.
« Oliviera da figueira », « Bartholomeu », « Barto »…
Pour moi, il aurait aussi bien pu se nommer Ali Baba ou carrément Jésus-Christ Notre Sauveur, tant ses hangars regorgeaient de tout, absolument tout dont j’avais besoin.
Ce petit bonhomme court sur pattes, au teint écarlate d’amoureux de la bouteille, avait débuté sa carrière en Guinée Bissau, où il importait de l’outillage et des vivres destinés aux camps miniers et forestiers.
Il avait ensuite passé vingt-cinq ans sur Bornéo, à Balikpapan, où il fournissait matériaux de construction, matériels divers, mobilier et ravitaillements pour les champs pétroliers du fleuve Mahakam.
Il venait de s’installer à Sorong, où il exerçait le même métier qu’ailleurs : fournisseur de tout ce dont un campement éloigné de la civilisation peut avoir besoin.

Je lui exposai notre projet.
Il écouta, profitant du quart d’heure que dura ma diatribe pour vider deux grandes bières Bintang, s’épongea la bouche, les moustaches, le front, remonta l’entrejambe de son short et déclara :
– Echcouté, Hêg : cé moi y’a cé quoi qu’il té faut. Seuloument, dish-moi : tou l’as dé l’argent ?
– Je suis plein aux as, senhor Bartholomeu.
Il écarta largement les deux mains, me gratifiant d’un grand sourire de dents jaunes.
– Barto… Barto… S’il té plait, pour toi, c’est Barto.
– Okay. Barto.
Il renifla de contentement, se gratta le cul et me prit par le bras, m’entraînant à l’intérieur de l’Algeco neuf qui lui servait de bureau.
– Aloré, béné, si tou avé la pognoné, nous cé va être lou méjor amis du moundo. Tou vo z’oune bière ?

Dédaignant le Best Western qui venait d’ouvrir en ville, je restais dans le secteur du port, installé dans un petit hôtel à marins, pendant que les coolies de Barto chargeaient tout mon bastringue à bord de la Lady Day.
Planches de cinq, dix, quinze mètres.
Linteaux, tasseaux, solives, cornières de ferraille.
Feuilles de tôles.
Etc… etc…
Un raton râleur.
Cordes, chaînes, ficelles, rouleaux de ruban adhésif.
Câbles et fils électriques, dominos, prises mâles et femelles.
Tuyaux de PVC.
Sacs de plâtre et de ciment, enduit.
Une bétonneuse.
Etc… etc…
Un raton baveur.
Des matelas, des chaises, de la vaisselle.
Un fourneau, vingt bouteilles de gaz.
Trente fûts de gasoil.
Des cargaisons de boîtes de viande, de poisson et de légumes.
Des tonneaux de riz et de nouilles.
Etc…
Quatre ou cinq ratons voleurs…

Je passais le plus clair de mes journées attablé dans le patio intérieur de l’hôtel, me livrant à d’agréables activités, lutiner des serveuses fort peu farouches, bouquiner quelques chapitres de mon Don Quichotte et m’arsouiller en alternant arak et bière glacée.
Le premier soir, un second locataire blanc fit une apparition que quiconque aurait dû du mal à ignorer.
Colossal, le garçon.
Si pas deux mètres de haut, pas loin.
Si pas un mètre cinquante de largeur de poitrine, pas loin.
Au sommet, tout là-haut, une courte brosse de cheveux teints en rouge vermillon.
Et partout, autour des biceps gros comme des jambons, entremêlés sur les épaules et la nuque de taureau, grimpant jusque sous les oreilles, des tatouages de fleurs, de têtes de morts, d’oiseaux, d’épées sanglantes, de visages de femmes, de symboles sataniques et j’en oublie.
Couvert, le gonze. Repeint. Enluminé. Plus décoré qu’un livre d’heures du Moyen-âge.
Il se laissa tomber sur la chaise voisine, dont le plastique poussa un gémissement de protestation.
– Hep mate, how ya ? me lança-t-il dans un anglais à l’accent gras bien reconnaissable.
– Australian, uh ? fis-je.
– Yeap… You ?
– French.
– Ah, ah, ah ! Froggie, hein ? Un foutu bouffeur de grenouilles !
– Seulement le matin.
Il éclata de rire, me tendit une main un peu plus grande qu’une pelle à charbon, autour de laquelle s’enroulait un serpent multicolore, et dont chaque phalange portait une lettre.
R.O.C.K., « rock ».
Sur la gauche était pareillement écrit « hell ».
Je glissai, non sans appréhension, ma mimine dans ce quartier de viande, me présentai :
– Haig.
– Moi c’est Small.
– Small ? Petit ? m’étonnai-je.
– Yep.
Il fit mine de réfléchir, les sourcils froncés.
– Mes amis m’appellent comme ça. Des fois, je me demande si ce n’est pas ironique…
Il me balança un clin d’œil et éclata de rire, tête rejetée en arrière.
Comme le rire était franc et que les cinq serveuses s’étaient rassemblées autour de ma table, dévorant Small du regard, plus minaudantes et énamourées les unes que les autres, je décidai de trouver le gaillard sympathique.
– Je t’offre une bière ?
– Une seule ? Hey, mate, t’es aux Alcooliques Anonymes ou quoi ?

Small venait de Mount Isa, un bled de l’état australien du Queesland qui prospérait autour d’une mine de cuivre. Au fond de celle-ci il avait commencé à s’abîmer les mains et les poumons dès ses seize ans.
Un voyage à Bali avec des copains l’avait dégoûté de son bush natal et convaincu que la vraie vie se trouvait en Asie, continent qu’il parcourait depuis, se la coulant bonne, et louant ses services comme mineur quand le besoin de pognon se faisait sentir.
Quand je lui parlai de Subor Pulau, il s’exclama :
– L’île pourrie ?
– Tu connais ?
– J’en ai entendu parler. Ces derniers temps, je bossais à côté, sur Halmahera.
– Ah ouais ?
– Ouais. Un gisement de nickel…
– C’était comment ?
– Bad, mate. Mauvais. Fucking bad.
Le visage assombri, il se pencha sur la table, approcha sa face de mienne, les sourcils en circonflexes sur ses yeux très bleus.
– Là-bas, c’est les ulamas qui font la loi. Tu vois de quoi je cause ?
J’opinai.
La Nahdatul Ulama était une organisation politique musulmane indonésienne très liée avec le pouvoir du dictateur Suharto, qu’elle avait aidé à prendre le pouvoir. Sa réputation était celle d’une bande de voyous, mi milice armée, mi maffia, qui jouait le rôle d’instrument de contrôle sous-marin du régime.
– Officiellement, poursuivait Small, c’est une boîte australo-indonésienne, la Newcrest Company, qui gère le sous-sol. En fait, c’est un ulama qui dirige tout avec sa bande. Il s’appelle Pakirisakandi Yeap, Pakirisakandi, le roi des ulamas, le roi des enculés. Tout le monde l’appelle Kiri…
Je souris.
– Ça te fait rigoler ?
– Excuse-moi. Kiri, c’est le nom d’un clown pour les enfants, dans mon pays.
– Ah ouais ? Ben ce Kiri là, les enfants, il les mange !

Un peu plus tard, alors qu’on avait commandé du crabe farci et entamé une seconde bouteille d’arak, que Small avait deux filles déjà sérieusement dépoitraillées sur les genoux, moi une seule, je lui demandai :
– Qu’est-ce que tu fous, ici, tu bosses ?
– Pas encore. Je cherche…
Du cul de mon verre, je cognai le haut du sien.
– Cherche plus, t’as trouvé.

(À suivre)

 

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