Dans la Collection KarnaGe, je voudrais le plus en marge. Pioche. Bonne pioche. Okay, à moi de rejouer, alors… Hmmm… Dans la Collection KarnaGe de Zone 52 éditions, je voudrais le plus barge. Pioche. Encore bonne pioche ! C’est Talion, avec son ouvrage dingue, Sanctions, cocktail à double dose d’horreur et de sexe qui eut l’honneur d’être le numéro 1 de la collection. Âmes sensibles, passez votre chemin. Âmes prudes, faites de même…
Attention, c’est écrit dessus : strictement réservé à un public averti. Et majeur.
– Aïcha Boumédine ?
Gabriel Lodi répéta un peu plus fort :
– Aïcha Boumédine ?
– M’sieur elle est pas là pour de vrai ! plaisanta Abdel Majid. Elle fait pt’être Ramadan !
Gabriel passa sa langue sur son beau stylo-plume, cherchant encore les saveurs intimes d’Aïcha, sa victime… Il eut un début d’érection mais chassa vite ces pensées impures de son esprit.
Toute la classe se retourna vers la place de la jeune fille laissée vacante : Aïcha Boumédine était une jolie petite nana qui faisait tourner le tête à toute la gent masculine du collège, et décuplait la jalousie de ses consœurs. Son absence faisait déjà jaser dans la classe.
C’était une « beurette » comme Lodi les détestait : insolente et sûre d’elle, provocatrice et grande gueule, vaniteuse et sans limites. Du genre à débarquer au collège avec son hijab… le cul bien moulé dans son caleçon translucide.
L’enseignant cocha la case absente sur l’écran de son ordinateur et envoya la fiche d’appel au Bureau de la Vie Scolaire. Aïcha Boumédine absente ? Ce n’était pas la première fois, certes, mais ce serait la dernière…
Gabriel sourit intérieurement au souvenir des supplices qu’il avait infligés à la petite, puis il essaya de faire cours.
Une heure plus tard, il passa au bureau de la Conseillère d’Éducation, Madame Doinou, pour distribuer quelques heures de colle : Abdel Majid n’avait pas cessé de bavarder avec son voisin Nicolas, et Kevin avait passé son temps à balancer des petits mots d’amour à la jolie Maya. Sans compter Mamadou qui avait traité son professeur de « baltringue » pour une sale note en grammaire.
Tout cela se paierait plus tard, puisque l’administration fermerait les yeux de toute manière…
Isabelle Doinou en profita pour lui transmettre les dernières informations à propos d’Aïcha : ses parents étaient aux abois car leur fille n’avait pas reparu depuis la veille au soir. Ses amis ne savaient absolument pas où elle pouvait être, et la police était prévenue depuis quelques heures. Une enquête était en cours. Le lieutenant Fascio passerait au collège dans la journée pour recueillir les témoignages. Tous les enseignants de la classe étaient d’ailleurs convoqués en salle de réunion, à 15 H 30 précises.
Gabriel Lodi prit son air le plus contrit devant Madame Doinou, les yeux pleins de commisération pour cette pauvre enfant et pour ses parents éplorés.
Au fond de lui-même, il trépignait d’impatience à l’idée de cette petite réunion. Il se délectait du malheur des autres et jouissait d’avance de sa propre duplicité face à ses collègues et à la police. Une grosse érection commença à déformer son pantalon, qu’il cacha rapidement derrière son vieux cartable : Hmmm, tromper les flics, jouer les innocents et échanger quelques œillades avec sa bien aimée complice…
S’ils osaient, elle le caresserait peut-être un peu sous la table et il la doigterait soigneusement en échange.
Ce serait risqué, d’accord. Mais ils aviseraient…
Comme d’habitude, la journée de Gabriel se passa en remontrances vaines et en menaces inutiles. À 15 H 30,il était harassé, comme tous les jours. La réunion organisée par la police ne donna rien.
Barbara renonça à branler son mari.
Ce n’était pas l’envie qui lui manquait, car la digne épouse était constamment affamée. Mais il était inutile et surtout imprudent de risquer de prêter le flanc au scandale.
Aucun des profs présents ne put donner quelque élément au lieutenant et à ses collègues. Sauf deux ou trois détails sur le caractère de la pauvre petite Aïcha : dévergondée, un peu allumeuse même, et sacrément irrespectueuse avec les adultes du collège… Bon, d’accord, intelligente ceci dit et très pertinente quand elle le voulait bien.
Madame la Principale signala tout de même que Gabriel Lodi avait eu des problèmes avec Aïcha Boumédine. Très indisciplinée en français, l’élève avait insulté son professeur suite à une note et à une remarque qu’elle avait mal prises. La semaine précédente, le vendredi 17 mai, elle l’avait traité de « sale enculé » et avait écopé de quelques heures de retenue.
Visiblement, le lieutenant Fascio n’accorda pas beaucoup d’importance à cette querelle, mais il demanda tout de même un petit dossier sur « l’affaire » : le rapport d’incident et la photocopie du feuillet rose, celui des heures de retenue infligées à l’élève.
Grâce à Madame Doinou, on apprit en outre qu’Aïcha fréquentait du « mauvais monde » à ses heures perdues.
L’enquête s’orienterait sûrement de ce côté-là. Fascio prévoyait déjà de convoquer les gaillards de la zone. Jordan Garminet, son adjoint, s’y collerait de bonne grâce. Deux semaines auparavant, l’un de ces lascars avait été serré alors qu’il proposait du shit à la jeune fille en échange de quelques faveurs.
Le type deviendrait sûrement le suspect n°1 dans l’affaire…
Ce qui réjouissait Gabriel Lodi.
Comment le soupçonner, lui, un être si fragile ? Un timide ? Un homme bien sous tout rapport, marié depuis quinze ans et connaisseur reconnu d’Edgar Allan Poe ?
Lui, un citoyen respectueux des lois et si courtois avec la gent féminine ?
Lui qui n’avait, officiellement, jamais trompé Barbara ?
Bien sûr, il savait que l’habit ne fait pas le moine en la matière et il était au fait de la littérature criminelle : les psychopathes cachant leurs vices derrière les meilleures manières ; les profils psychologiques duplices ; la sociabilité apparente du pire des serial killers…
Tout de même, on n’était pas dans un roman de Thomas Harris ou dans un film de David Fincher. Il n’y avait pas ici de FBI ou de Richard Ramirez, le « traqueur nocturne », ni de Charles Manson.
Nous étions à C…, petite cité de province où il ne se passait jamais rien.
Comme dans sa vie à lui, Gabriel Lodi, où il ne s’était jamais rien passé…
Jusqu’à Barbara.
Et jusqu’à la nuit dernière…
Et puis Gabriel Lodi avait reçu une bonne éducation de fils unique né dans une famille française moyenne.
Il souriait en se remémorant son passé : rien dans son enfance ou dans son adolescence ne l’avait prédisposé au meurtre et à la dépravation.
Non, il n’était pas de ces enfants violés par leur père alcoolique ou battu par leur mère hystérique. Pas plus qu’il n’avait été touché par un oncle incestueux.
Tout ça, c’étaient des fables destinées à rassurer le bourgeois craintif sur la nature du Mal.
Trop facile.
Trop logique.
Tout au plus avait-il été dépucelé très tard – par Barbara Salerno, justement – à l’âge de vingt-trois ans. Mais rien d’exceptionnel dans cette découverte tardive du sexe. Et rien de choquant. Jusque là, il n’avait connu que Barbara, et il s’en satisfaisait pleinement.
Chez Gabriel, le Mal se nichait ailleurs que dans un passé douloureux ou dans un traumatisme lointain : il se lovait dans les interstices d’une psyché gâtée, tout simplement.
Lorsqu’il était adolescent, il avait connu la période dorée des vidéoclubs et des VHS. Les films pornos et les films « gore » étaient ses nourritures favorites. Il avait passé des nuits entières à se branler devant les « Maniac » et autres « Caligula », à l’abri, cela va sans dire, du regard parental.
Combien de fois avait-il joui devant la dernière séquence de « Cannibal Holocaust », se masturbant frénétiquement devant ces images brouillonnes de viol, de castration et d’éventration ?
Dans le film, les animaux massacrés lui faisaient bel effet également. Il ne pouvait réprimer une érection quand la tortue était démembrée – pour de vrai, qui plus est.
Il rembobinait alors la cassette jusqu’au début de la scène puis s’astiquait rageusement, totalement hypnotisé par les images sordides qui défilaient sur l’écran.
Encore aujourd’hui, ce passage lui donnait des frissons de volupté. Il n’hésitait jamais à proposer une petite « séance tortue » à Barbara, histoire de s’amuser un peu. car c’était bien ce que préférait son épouse, plus encore que les films « real snuff »…
– Barbinette, tu ne veux pas changer un peu ? Tu n’as pas encore vu « Sodomie Fatale ». Je l’ai gravé hier. La réalisation est signée Negra’myt, d’après Real snuff. Et tu sans combien il est bon, lui ! Rappelle-toi la décapitation de cette MILF dans « Souffrances Et Frissons »…
– Je n’en doute pas, Gaby. C’est sûrement le meilleur de tous. Mais tu sais bien que la « turtle’s death » est un morceau indépassable !
– À ta guise, ma chérie, c’est vrai que…
Barbara se déshabillait rapidement et, dès que la séquence était lancée, elle se jetait sur Gabriel pour le sucer avec gourmandise, avalant sa queue jusqu’aux couilles, lui léchant l’anus et râlant de plaisir comme un animal en rut.
Tout lui plaisait dans cette scène : la joie des chasseurs qui avaient enfin capturé leur proie ; l’eau fangeuse dans laquelle pataugeaient les journalistes ; le brancard aux supplices ; et cette mise à mort gravée sur pellicule pour l’éternité.
Elle aurait voulu être Faye Daniels, caméra au poing, et n’aurait sûrement pas vomi si elle avait été spectatrice du massacre. Qu’elle est sotte, mon Dieu… Au lieu de se faire sauter par Jack ou par Alan (ses deux compagnons d’aventure).
Dès que résonnait la musique de Riz Ortolani, Barbara savait qu’on en était aux choses sérieuses. Le dépeçage commençait et elle ne voulait pas en perdre une miette : son regard allait et venait entre les horreurs du film et les chairs de son époux. Elle s’arrêtait quelques secondes pour reprendre son souffle et jetait les yeux sur le supplice du chélonien, un sourire mauvais aux lèvres.
L’image la plus excitante – qu’elle n’aurait voulu manquer pour rien au monde – était celle où l’animal décapité bougeait encore, alors qu’on le dépeçait à la machette. Barbara sentait alors monter en elle le feu de la jouissance. Elle cherchait à à saisir les derniers spasmes de vie de la tortue – jusque dans ses tripes mises à nu, et dans cette tête coupée brandie à l’écran.
– Sacré jack, toujours le geste pour rire !
C’était son personnage préféré dans le film, et une nuit passée avec lui dans la brousse aurait bien valu de mourir violée et éventrée à la fin !
Le plaisir souffrait bien le trépas, même le plus horrible.
Puis elle retournait à sa besogne, la bouche dégoulinant de bave épaisse.
Simultanément, son mari la fessait jusqu’au sang, les yeux rivés à l’écran.
Les deux sages enseignants connaissaient par cœur cet extrait et savaient précisément à quel moment Gabriel devait éjaculer : quand les chasseurs avaient les mains plongées dans les entrailles de la bête, fouillant les viscères avec soin et dégageant ce qui pouvait être comestible.
À cet instant, le professeur balançait tout son foutre dans la bouche grande ouverte de son épouse.
Barbara recrachait vite le sperme dans sa main et s’en badigeonnait la chatte et le trou du cul, avant que Gabriel, le doux Gabriel, ne vienne laper sa semence aux orifice impurs de sa femme.
S’ils respectaient bien le tempo et si tout était synchro, le dernier acte de leurs ébats tombait au moment où les personnages du film croquaient à pleines dents les morceaux cuits de l’animal. Les deux enseignants étaient alors aux anges, comme s’ils avaient gagné le droit de recommencer.
À la longue, la « séance tortue » était devenue un véritable jeu entre eux et, lorsque Gabriel posait la vieille VHS sur la table du salon, Barbara comprenait immédiatement ce qu’il en était – toute heureuse et émoustillée !
En réalité, elle avait plaisir à faire plaisir, surtout quand il était question de sexe. Elle jouissait plus facilement si son époux lui-même était pleinement satisfait.
Voilà ce qui lui importait : le bonheur de son homme, son délice particulier et sa fureur de mâle.
NOTE (S) : Je vous l’avais dit, qu’il était barge, ce monsieur Talion. Et encore cet extrait est-il l’un des plus anodin du roman Sanctions. Oui, je dis bien : l’un des plus anodins. La scène de dépeçage d’une tortue de rivière existe bel et bien dans le film Cannibal Holocaust. Le réalisateur, Rugero Deodato a été forcé d’admettre devant la justice que cette saloperie avait été réellement commise. C’est l’une des raisons pour lesquelles, aujourd’hui encore, le film est interdit au Royaume-Uni, en Allemagne et en Australie.
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Et c’est MAINTENANT. Ou sinon…
À suivre la semaine prochaine, un extrait du roman de mon (pour le moment) confrère, l‘un des dangerous kids de la Zone 52 : FIRENZE ROSSA, de David Didelot…
Ça va continuer à SAIGNER sur blog.thierryponcet.net !!!
(À suivre)