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La polifrique

Publié par le 25 mars 2015

 

Au comptoir du Café des Trois-Pigeons, on découvre Blancassine (42 ans, chômeuse en fin de droits), Beaujole (36 ans, pré-retraité) et Calvadet (invalide pensionné) ; en face d’eux se tient le cafetier Fricandot, une bouteille à la main ; à leur droite, la vitrine constellée d’autocollants publicitaires donne sur une nuit pluvieuse ; derrière le groupe, la salle est obscure, lampes éteintes par mesure d’économies.

Blancassine :
(Se grattant la toison d’aisselle)
J’vous le divrai comme qu’esse que j’le pense, moille, les politiques qui profitent de ce qu’ils sont dans leur poste pour se remplir les fouilles, ça s’rait direct une balle entre les deux oeils, recta-versa !

Calvadet :
Ah ça : Tant va la cruche au veau qu’à la fin elle a les moyens…

Beaujole :
(De l’index, il fait signe à Fricandot de remettre la tournée)
Moi, ce que j’aime, dans la politique moderne, c’est que les gonzesses sont de plus en plus choucardes à regarder, t’as noté ?

Blancassine :
Y’a rien qui m’zorripile plus que ces gugusses avec leurs costumes de bonds fesseurs, leur voiture avec chauffeur et leur logement de ponction qui vont s’appropriver l’pognon de qui ? D’nous’aut’ les cons qui trient le buvable, pardi !

Calvadet :
(De l’index, il fait signe à Fricandot de remettre la tournée)
Ah ça : Qui vole un œuf s’enrichit…

Beaujole :
Sans compter qu’elles sont bien soignées, les mousmées de la République, tu trouves pas ? C’est plus les premières de la classe à tête de gendarme qu’on avait avant. Petit tailleur, maquillage, talons pointus, du monde au balcon et dans les wagons arrière, tu m’as compris tu m’as…

Blancassine :
Et qu’on ne vienne pas m’causer de groitre ni de coche. Quand c’est l’heure de manger la rate au lier, c’est dubonnet blanc dubonnet rouge comme cochon z’en foire. Participe la bonne sousoupe, espère !

Calvadet :
Ah ça : Bien mal acquis ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval !

Beaujole :
T’as remarqué, de nos jours, quand elles vont faire les débats à la télé, tu ne sais plus qui regarder, la femme politique ou la speakrine. C’est comme des jumelles qui seraient toutes aussi putes l’une que l’autre…

Blancassine :
Non mais quand tu voilles l’aut’ pourrissure qu’avait planqué son fric dans une montre en Suisse soi-disant qu’c’était du pognon d’avant qu’il n’soye n’élu alors ça compte pour du beurre. Quand t’entends ça, avoue : t’as les bouts d’chaussures qui démangent…

(De l’index, elle fait signe à Fricandot de remettre la tournée)

En Suisse, au Luxe-rembourre, aux z’îles Quasiment… Si qu’on aurait voulu des paradis fiscals, on n’est pas si cons qu’on n’aurait pas pu les faire chez nous !

Calvadet :
Ah ça : Il ne faut pas mettre les brebis galeuses dans le même panier !

Beaujole :

Même la bonne femme du loto, elle a l’air d’être ministre ! Et pis, t’as vu que maintenant ils font aussi des arabes et des noires ? Moi, perso, ça ne me dérange pas. Je ne suis pas raciste. Un cul, c’est un cul, comme dit mon beau-frère. Et pourtant, lui, il l’est, raciste !…

Fricandot :
(s’approchant)
Celle-là, c’est la mienne !

Il remplit les verres.

 

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