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Bouquin-quizz n°18

Publié par le 16 avril 2015

 

Bonjour à tous.
Voici un extrait de… Je veux dire d’un roman de…
Non. Finalement, je ne vais pas vous l’indiquer. Ça vous amusera peut-être d’essayer de deviner.
Et si ça ne vous amuse pas, je vous conseille de le lire quand même. Ça vaut !

 

« Eh ben, tu vois, c’était comme ça. La vieille maîtresse – c’est Miss Watson – elle me crie après, et elle me traite un peu dur, mais elle a toujou’ dit qu’elle me vendrait pas à la Nouvelle-Orléans. Mais y a pas longtemps j’ai vu qu’y avait un marchand de nèg’, un bon bout de temps, chez elle, et je commence à pas me senti’ bien. Eh ben, un soi’ je me glisse à la porte, l’était tard, et la porte, elle est pas bien fermée, et j’entends la vieille maîtresse, qu’elle dit à la veuve qu’elle va me vend’ à Orléans, qu’elle voulait pas, mais on lui donnait huit cents dollars pour moi, et c’était une si grosse somme d’argent qu’elle pouvait pas refuser. La veuve, elle essaye de lui faire dire qu’elle le fera pas, mais j’ai pas attendu d’entend’ le reste. J’ai fiché le camp à toute vitesse, je peux te le di’.
« J’ai décampé et dégringolé la colline et j’avais l’idée de voler un canot sur la grève en haut du village, mais y avait des gens qui s’activaient enco’, alo’ je me suis caché dans la vieille boutique en ruines du tonnelier sur la berge pour attend’ que tout le monde il parte. Eh ben, j’étais là toute la nuit. Y avait des gens par là tout le temps. Vers six heu’ du matin, des canots commencent à passer, et vers huit ou neuf heu’ tous les canots qui passaient disaient comment ton papa il était venu en ville, et ils disaient qu’on t’avait tué. Ces aut’ canots, ils étaient pleins de dames et de messieurs qui traversaient pour voi’ l’endroit. Kekfois ils s’arrêtent sur la grève pour se reposer avant de traverser, et c’est comme ça, en écoutant, que j’ai appris le meurtre. J’étais sacrément triste que t’es tué, mais je le suis plus maintenant.
« Je suis resté là sous les copeaux toute la journée. J’avais faim, mais j’avais pas peu’ ; pasque je savais que la vieille Maîtresse et la veuve elles allaient parti’ au rassemblement religieux juste après le petit-déjeuner et pou’ toute la journée, et elles savent que je m’en vais avec le bétail au petit jou’, et elles verraient pas mon absence avant après la tombée de la nuit. Les aut’ domestiques la verraient pas non plus passqu’ils allaient se tirer et se payer un congé, dès que les vieilles dames elles seraient plus là.
« Eh ben, quand il fait nuit, je m’éclipse par le chemin du fleuve et je le remonte pou’ environ deux miles, là où y a plus de maisons. Je m’étais calculé ce que j’allais fai’. Tu comprends, si que j’essaye de continuer à fui’ à pied, les chiens, y suivent ma piste ; si je vole un canot pou’ traverser, y cherchent le canot, tu comprends, et ils savent où je débarque de l’aut’ côté et où trouver ma piste. Alo’ je me dis, c’est un radeau qu’y me faut ; il laisse pas de piste.
« Bientôt je vois une lumière à la pointe, alo’ je me mets à l’eau et je pousse un rondin devant moi, et je nage plus de la moitié de la largeur du fleuve, et me v’là dans le bois flotté, et je garde ma tête très bas et je nage cont’ le courant jusqu’à ce que le radeau passe. Alo’ je nage vers l’arrière, et je m’accroche. C’était couvert et très noir kek-temps. Alo’ je grimpe et je me couche sur les planches. Les hommes ils étaient là-bas au milieu, là où qu’était la lanterne. Le fleuve montait et le courant était rapide ; et je me dis que vers quat’ heu’ du matin j’aurai fait vingt-cinq miles avec le courant, et ensuite je me glisserai dans l’eau, juste avant l’aube, et je nage jusqu’à la rive et m’enfonce dans les bois du côté de l’Illinois.
« Mais j’ai pas eu de veine. Quand on était presque à la pointe de l’île, un homme s’amène à l’arrière avec la lanterne. J’ai vu que c’était pas la peine d’attend’, alors j’ai glissé dans l’eau et je m’ai dirigé vers l’île. Eh ben, j’avais comme l’idée que je pouvais sortir plus ou moins partout, mais je pouvais pas – la rive était trop raide, j’étais presque au pied de l’île avant de trouver un bon endroit. J’ai entré dans le bois et je me suis dit que j’allais plus m’amuser avec les radeaux, tant qu’y bougent leurs lanternes comme ça. J’avais ma pipe et une carotte de tabac noir bien ficelée, et des allumettes dans mon chapeau, et elles étaient pas mouillées, j’étais pas trop mal. »
« Et alors t’as eu ni viande ni pain à manger tout ce temps ? Pourquoi t’as pas attrapé des tortues musclées ? »
« Comment tu les attrapes ? On peut pas les surprend’ et les saisir ; et comment qu’on peut les frapper avec une pierre ? Comment qu’on peut fai’ ça la nuit ? Et j’allais pas me montrer sur la rive en plein jou’. »
« Eh bien, oui. T’as dû rester dans les bois tout le temps, c’est vrai. Tu les as entendus tirer le canon ? »
« Oh oui. Je savais qu’y te cherchaient. J’les ai vus passer ici ; les ai vus depuis les buissons. »
Quelques jeunes oiseaux sont venus, ils volaient un mètre ou deux chaque fois et se posaient. Jim a dit que c’était un signe qu’il allait pleuvoir. Il a dit que c’était un signe quand les poulets volaient comme ça, et il pensait donc que c’était pareil quand les jeunes oiseaux le faisaient. J’allais en attraper, mais Jim m’a pas laissé. Il m’a dit que c’était la mort. Il a dit que son père était couché un jour, très malade, et des gens ont attrapé un oiseau, et sa vieille grand-mère a dit que son père allait mourir, et il est mort.
Et Jim a dit qu’il fallait pas compter les choses qu’on va faire cuire pour dîner, pasque ça portait malchance. Pareil si on secouait la nappe après le coucher du soleil. Et il a dit que si l’homme avait une ruche, et que cet homme mourait, il fallait le dire aux abeilles avant le prochain lever du soleil, ou alors les abeilles perdraient leur force et arrêteraient de travailler et mourraient. Jim a dit que les abeilles piquaient jamais les idiots ; mais je l’ai pas cru, pasque j’avais essayé plein de fois, et elles voulaient pas me piquer.
J’avais entendu parler de ces choses-là avant, mais je les connaissais pas toutes. Jim, il savait tout plein de signes. Il a dit qu’il savait presque tout. J’ai dit que j’avais l’impression que tous les signes parlaient malchance, et alors je lui ai demandé s’il n’y avait pas des signes de bonne chance. Il dit :
« Vraiment pas beaucoup – et pis, pour quelqu’un, ils servent à rin. Pourquoi que tu veux savoir quand la chance va être bonne ? Tu veux l’empêcher ? » Et puis il dit :
« Si tu as des bras poilus et une poitrine poilue, c’est le signe que tu vas deveni’ riche. Eh ben, un signe comme ça, ça peut servi’, pasque que c’est dans longtemps. Tu sais, pt’êt’ que tu dois êt’ pauv’ longtemps d’abord, et tu pourrais te décourager et te tuer si le signe t’avait pas dit que t’allais êt’ riche un jou’. »
« T’as des bras poilus et une poitrine poilue, Jim ? »
« A quoi elle sert cette question ? Tu vois pas que oui ? »
« Eh bien, est-ce que t’es riche ? »
« Non, mais j’ai été riche une fois, et je serai riche enco’. Une fois j’ai eu quatorze dollars, mais je m’ai lancé dans la spéclation, et m’ai fait ramasser. »
« C’était quoi, le spéclation, Jim ? »
« Eh ben, d’abord je m’ai intéressé aux valeurs. »

« Quel genre de valeurs ? »
« Mais, les bêtes. Le bétail, tu sais. J’ai mis dix dollars sur une vache. Mais je m’en vais plus jamais toucher aux valeurs. La vache, c’est qu’elle est crevée ent’ mes mains. »
« Et alors t’as perdu dix dollars. »
« Non, j’en ai perdu que neuf passe que j’ai vendu la peau et la graisse pour un dollar et dix cents. »
« Il te restait cinq dollars et dix cents. T’as continué à spéculer ? »
« Oui. Tu connais ce nègre qu’a qu’une jambe et qu’appartient au vieux Maître Bradish ? Eh ben, il a monté une banque, et il a dit que ceux qui mettaient un dollar ils en auraient quat’ de plus à la fin de l’année. Eh ben, tous les nèg’ ils sont venus, mais ils avaient pas beaucoup. Alo’ j’ai dit que je voulais plus de quat’ dollars, et j’ai dit que si je les avais pas je monterais ma banque à moi. Eh ben naturellement ce nèg’ y voulait pas de moi dans les affai’, pasqu’il a dit qu’y avait pas de place pour deux banques, alo’ il dit que je peux met’ mes cinq dollars et qu’y me payerait trente-cinq à la fin de l’année.
« Alo’ je l’ai fait. Et pis je me dis que j’investe les trente-cinq dollars tout de suite et faut que ça continue à rouler. Y avait un nèg’ du nom de Bob, qu’avait trouvé une grande plate à rondins, et son maître, il le savait pas ; et je la lui ai achetée et je lui ai dit de prendre les trente-cinq dollars à la fin de l’année ; mais un type, il a volé la plate cette nuit-là, et le jou’ d’après, le nègre à une jambe, il dit que la banque a sauté. Alo’ personne il a rien eu. »
« Qu’est-ce que t’as fait avec les dix cents, Jim ? »
« Eh ben, j’allais les dépenser, mais j’ai eu un rêve, et le rêve, il m’a dit de les donner à un nèg’ du nom de Balum – l’âne de Balum qu’on l’appelle, c’est un de ces simplets, tu sais. Mais il a de la chance, on dit, et moi j’en avais pas. Le rêve, il dit de donner les dix cents à Balum pour qu’il les investe, et qu’il les ferait pousser. Eh ben, Balum, il prend l’argent, et quand il est à l’église il entend le prédicateu’ dire que çui qui donne aux pauv’ y prête à Dieu, et qu’il est sû’ que ça lui reviendra au centuple. Alo’ Balum, voilà qu’il donne les dix cents aux pauv’, et qu’il attend pour voi’ ce qui reviendra. »
« Eh bien, qu’est-ce qui est revenu, Jim ? »
« Y a rin qu’en est jamais revenu. J’ai jamais pu ramasser cet argent ; et Balum, il pouvait pas. Je vais jamais plus prêter de l’argent si y a pas de sécurité. Sû’ qu’on reverra not’ argent au centuple, qu’il dit, le prédicateur ! Si je pouvais revoi’ mes dix cents, je serais quitte, et content d’avoi’ de la chance. »

 

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