browser icon
You are using an insecure version of your web browser. Please update your browser!
Using an outdated browser makes your computer unsafe. For a safer, faster, more enjoyable user experience, please update your browser today or try a newer browser.

Pas coule !

Publié par le 22 avril 2015

 

Au comptoir du Café des Trois-Pigeons, on découvre Blancassine (42 ans, chômeuse en fin de droits), Beaujole (36 ans, pré-retraité) et Calvadet (invalide pensionné) ; en face d’eux se tient le cafetier Fricandot, une bouteille à la main ; à leur droite, la vitrine constellée d’autocollants publicitaires donne sur une nuit pluvieuse ; derrière le groupe, la salle est obscure, lampes éteintes par mesure d’économies.

Blancassine :
(Se grattant la toison d’aisselle)
J’vous l’dis en toute confit de danse, brut de pomme comme ça m’viendre : quand j’vois ces pauv’ n’arabes qui s’noyent encore z’et en biens dans la Merde à tyrannée, ça m’brise eul cœur !

Calvadet :
Ah ça : Eau qui dort n’amasse pas mousse…

Beaujole :
(De l’index, il fait signe à Fricandot de remettre la tournée)
Sans compter que, question tourisme, on peut pas dire que ça leur fasse vraiment de la publicité. Et tu vas pas me dire que, pour la bronzette, avec tout leur sable, ils ont pas de l’atout, les collègues !

Blancassine :
Quand je voye qu’y a des gamins dans l’lot, j’me fondrais dans les larmes. Moi, des mamans qui s’croivent permite de mettre en danger leurs gosses sur des rafiots du fort de la thune, ça s’rait la peine de mort, et sans la pelle !

Calvadet :
(De l’index, il fait signe à Fricandot de remettre la tournée)
Ah ça : Prudence est mère à sa porte…

Beaujole :
Le voisin à mon beau-frère, il est allé en Tunisie, l’été dernier, avec madame. Bon calcul : depuis qu’ils ont du terrorisme, ils ont plus un chat, les Tunisiens. A l’hôtel, c’est tout juste s’ils te baisent pas les tartines quand ils te filent les clés de la chambre…

Blancassine :
A chaque fois qu’les gens y boivent la tasse, t’as les bonnes z’âmes qui sont au cœur des lamentations comme quoi c’est des trafiquants qu’y z’y entassent les gens sur des rascasses pour faire voler la galère, et glou, et glou, à Vienne çui qui pourra…

Calvadet :
Ah ça : C’est la goutte d’eau qui met le feu aux poudres !

Beaujole :
Suite royale, cinq kilomètres de plage, piscine olympique, buffet à volonté le midi, orchestre le soir, une conso gratuite à la boîte de nuit… Tout ça pour moins cher que mon camping à Mimizan !

Blancassine :
La vérité sans phare, c’est qu’c’est encore le bal du poker menteur. Par devant on fait çui qui chiale, mais par derrière, on est bien contents que les passeurs y z’envoyent les mi-grands z’à la mort. Qu’y z’y creusent donc des trous dans l’œuf-coque ! Ça nous lévite de l’faire nous-mêmes !

(De l’index, elle fait signe à Fricandot de remettre la tournée)

Une foye qu’y sont noyés, y n’emmerdent plus personne. En France, on n’aime déjà pas les n’arabes français, alors on n’va pas z’admettre des n’arabes z’étrangers en plus !

Calvadet :
Ah ça : c’est le pot de fer dans la maison de verre !

Beaujole :

Le voisin, il a rapporté un cadeau de là-bas à mon beau-frère. C’est un truc rond en céramique sculpté par un mec qui s’appelle Tajine, il paraît. Ça sert à rien, mais ça fait joli sur la télé…

Fricandot :
(s’approchant)
Celle-là, c’est la mienne !

Il remplit les verres.

 

Laisser un commentaire