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Zykë L’Aventure – Le film (24)

Publié par le 13 octobre 2018

 

Adapté du roman Zykë L’Aventure, Thierry Poncet, éditions Taurnada.

 

EXT Jour, boulevard Saint-Germain

Nos deux héros s’éloignent d’un kiosque à journaux. Zykë a ouvert le Paris-Turf qu’il vient d’acheter. Un coursier à scooter passe à proximité, reconnaît Zykë.

Le coursier :
Salut, Zykë !

Zykë :
Salut !… C’est sympa, ça… (soupir)… Ce putain d’éditeur, j’aurais dû lui arracher les oreilles dès le premier jour…

Msieu Poncet :
Tu vas signer avec un autre ?

Zykë :
Le plus probable, c’est qu’on retombe sur la même merde. Si le type est valable, c’est un clodo avec une toute petite boîte et pas de moyens. S’il a des moyens, c’est un empaffé du genre de l’autre trou-du-cul… (il rigole)… Tu as vu la tronche à Dubidet ? Rien que pour ça, ça valait le coup. Il s’est chié dessus, l’écrivain d’action !

Msieu Poncet :
Alors, qu’est-ce qu’on fait ?

Zykë :
On verra. De toutes manières, on se doit d’aller au bout de l’aventure. En attendant, on va se trouver un hippodrome, j’ai besoin de me vider la tête…

Alors que les deux hommes passent devant la terrasse pleine du café des Deux Magots, se lève d’une tablée Marlène, la journaliste rencontrée à Pattaya.

Marlène :
Zykë !

Zykë :
Salut ma belle.

Bises.

Zykë :
Ça va, euh… ?

Marlène :
Marlène. Je t’ai vu sur Canal. Morte de rire. Qu’est-ce que tu lui a mis, à Dubidet !

Zykë :
Il le mérite.

Marlène :
Tu lui fais la guerre, alors ?

Zykë :
Elle est déjà finie, la guerre. Finie et perdue. On vient de rompre avec l’éditeur.

Marlène :
Ah bon. Pas grave, remarque : ils vont se bousculer pour te signer.

Zykë :
Peut-être. Mais ce n’est pas dit que je signe de nouveau. Ils commencent à me casser les couilles, tous.

Msieu Poncet :
Et toi, qu’est-ce que tu deviens, toujours free lance ?

Marlène :
Non, je travaille pour VSD, maintenant. Vous venez boire un café, je suis avec des copains ?

Zykë :
Tu es gentille, mais je dois aller aux courses. J’ai repéré un cheval à Saint-Cloud dans la première, on a juste le temps.

Marlène :
Venez bouffer à la maison ce soir, alors. (Elle tend une carte de visite à Zykë, c’est Msieu Poncet qui la prend). C’est à côté, à Port Royal.

Zykë (s’éloignant, plongé dans son Paris-Turf) :
Okay.

Marlène :
Promis, hein ?

Zykë :
Ouais.

 

EXT Jour, champ de courses

Cavalcade de chevaux à l’arrivée.

 

INT Jour, salle des paris

La voix du speaker annonce l’ordre d’arrivée. Zykë déchire une dizaine de reçus de paris : il a perdu. Il ricane.

Zykë :
Ça, tu vois, camarade : c’est un signe. On arrive au bout.

Msieu Poncet :
Au bout ?

Replongé dans le Paris-Turf, Zykë ne répond pas.

 

INT / EXT Jour, salle des paris, piste

Suite plans courts : des courses arrivent, Zykë déchire ses tickets, Zykë parie. Les liasses de ses mises sont impressionnantes puis carrément exagérées.

 

INT Jour, salle des paris

Reposant son Paris-Turf, Zykë sort de sa poche une liasse encore plus grosse que les précédentes.

Zykë :
Là, sur la dernière, c’est le 6. C’est un crack, c’est sa distance, le jockey est un champion, il est ultra favori à même pas deux contre un. Il faudrait un miracle pour qu’il n’arrive pas. Il te reste du cash ?

Msieu Poncet sort un paquet de biftons de sa poche et le pose sur la table, avec le reste du fric.

Zykë :
Parfait. Tu vas faire le ticket, s’il te plaît ?

Msieu Poncet :
Gagnant placé ?

Zykë :
Naaan. Faut y aller, là. Gagnant plein but.

 

EXT Jour, piste

Course. Le 6 part en tête, la tient un moment, puis s’effondre totalement et finit dans les derniers.

 

INT Jour, salle des paris.

Zykë et Msieu Poncet se dirigent vers la sortie.

Zykë :
On va aller bouffer chez la gadji. Tu as gardé l’adresse ?

Msieu Poncet :
Marlène. Pas de problèmes.

 

INT Nuit, palier

Zykë et Msieu Poncet sonnent à la porte d’un appart parisien. Marlène ouvre. Derrière elle, le brouhaha mondain d’une soirée.

Marlène (réjouie) :
Vous êtes venus ! J’y crois pas ! Venez, venez… Entrez…

Zykë :
Attends, tu as une soirée, là.

Marlène :
Non, non… juste des copains du boulot. Et mon boss, François Siegel, le patron de VSD. Viens, il sait qui tu es. Il va être super content de te rencontrer.

 

INT Nuit, appartement

Un salon coquet, avec une table de buffet bien garnie par un traiteur de classe. Y papotent une douzaine de convives, jolies femmes actives et jeunes hommes chics. Plus, assis dans un fauteuil, façon patriarche, un quinquagénaire roux d’allure affable, à l’élégance anglaise : François Siegel.

Il se lève à l’approche de Zykë.

Marlène :
François, je te présente Zykë.

Siegel (tendant la main) :
Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’honneur de rencontrer un grand aventurier. Et un grand écrivain. Enchanté.

Zykë (souriant) :
De même.

 

INT Nuit, salon

Coeur de soirée. Vins fins et tarama de chez Truc. Brouhaha de conversations qu’on devine de haute volée. Un peu en retrait, assis ensemble, François Siegel, Marlène, Zykë et Msieu Poncet.

Siegel :
Zykë, c’est l’aventure, certes. L’action. La liberté. Mais ce qui m’a frappé, c’est cette manière à la fois décomplexée et experte dont vous parlez des drogues.

Zykë :
J’aime le plaisir des drogues, je ne vois pas pourquoi je m’en cacherais.

Siegel :
En vous lisant, à propos des drogues, on retrouve certains accents de la génération hippie, la libération des sens, les expériences cosmiques, Katmandou…

Zykë :
Mais je suis de cette génération. Dès la sortie d’Oro, j’ai remarqué que la presse me collait une image de colon des années 30. Mais rien n’est plus faux. Je ne suis pas sorti d’un livre de Tarzan.

Siegel :
C’est vrai. Vous êtes né en… ?

Zykë :
49. Je suis un baby boomer, comme on dit. J’aime le rock, les Rolling Stones, Janis Joplin, le heavy metal… J’ai vu débarquer les hippies dans le tiers monde. J’ai eu beaucoup de copains hippies. Beaucoup de copines, aussi… (rire)… La révolution sexuelle, j’en ai beaucoup profité. Pareil pour la dope. Haschich, herbe, héroïne, LSD… J’ai beaucoup donné dans le LSD…

Siegel :
Il y a eu une période de grande liberté. Mais aujourd’hui, je crois qu’on assiste à un retour du puritanisme.

Zykë :
C’est évident. Les propos les plus anodins choquent. Si j’écris : « L’opium, c’est bon. », je choque. Qu’est-ce que ça a de choquant ? Ça fait des millénaires que les gens bouffent de l’opium, c’est bien parce que c’est bon.

Siegel :
Ce qui est paradoxal, c’est qu’en même temps que le discours sur les drogues subit cette espèce de censure, les drogues se sont installées dans la société. Elles sont là, et pas seulement chez des marginaux. Elles sont répandues. Quotidiennes. Banales. La plupart des journalistes de VSD carburent à la cocaïne, du matin au soir. (Approbation de Marlène). C’est à se demander si je ne devrais pas engager un dealer à plein temps… (rire)… Quant à la fumette, n’en parlons pas. Tout le monde fume. Même mon cardiologue fume des joints !

Silence. GP sur les yeux de Zykë, l’intérêt éveillé.

Siegel :
Je pense que ce serait intéressant de mener une enquête sur les drogues dans notre société. Et ce serait intéressant qu’elle soit menée par un auteur tel que vous, sans à priori, sans chichis, sans complexes, en toute liberté et en toute objectivité.

Nouveau GP sur les yeux de Zykë.

Siegel :
J’ajoute que mon magazine soutiendrait à fond un tel projet…

 

EXT Nuit, rue de Paris

La Rolls. Zykë et Msieu Poncet montent dedans, Msieu Poncet au volant.

 

INT Nuit, Rolls

Msieu Poncet :
En route pour de nouvelles aventures ! (Il met le contact). Direction, Boss ?

Zykë :
Plein nord. Amsterdam. Il veut de la dope, le vieux, il va en avoir !

 

EXT Nuit, autoroutes

Plusieurs plans de la Rolls roulant sur les autoroutes du nord. Arrêts café dans des stations services. Les panneaux nous renseignent : Arras, Lille, Anvers, Utrecht, Amsterdam.

 

EXT Jour, Amsterdam

Petit jour. La Rolls se présente à l’entrée d’un parking garage.

 

INT Jour, parking

La Rolls se range. Les deux hommes en descendent. Msieu Poncet verrouille les portières et remet la clé à Zykë.

 

INT Jour, rue

Zykë sort d’une banque, un gros paquet de cash en main. Avec Msieu Poncet, il s’installe à une terrasse de café. Là, il planque l’argent dans ses bottes, enlève la pépite de son cou et lui fait rejoindre le pognon.

Zykë :
Parés. Maintenant, il faut qu’on fasse ami-ami avec des indigènes…

Dans la rue passe un type à la dégaine type de junkie : fringues de clochard, démarche hésitante, air hagard.

Zykë :
Hey, man !…

(À suivre)

 

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