En langage Collection KarnaGe, Jérémie Grima, ça se prononce : « le boss ». Le frappadingue en chef des éditions ZONE 52. Un éditeur si sûr de son fait et de ses convictions qu’il n’hésite pas à écrire lui-même des ouvrages dans une texture de texte qui n’appartient qu’à lui : à la feuille de boucher et à la tronçonneuse, en tranches de barbaque sanglantes. Aujourd’hui un extrait de son horrifique chef d’œuvre COSMOS CANNIBALE, medley de Chainsaw Massacre et d’Alien. Leatherface in the space, en quelque sorte…
Attention, c’est écrit dessus : strictement réservé à un public averti. Et majeur.
– Maman, j’ai faim.
– Je sais, mon chéri, je sais.
Son dernier repas remontait à l’avant-veille. Son ventre s’était remis à gargouiller. Il émettait des borborygmes graves, laissant remonter des vapeurs acides sur la base de son palais.
Il renifla bruyamment et cracha un glaviot verdâtre sur le sol.
Il était tellement dévoré par la faim qu’il dût réprimer son envie de s’allonger sur le carrelage pour lécher la glaire visqueuse avant de l’avaler d’un coup de langue.
– Maman, gémit-il à nouveau. J’ai faim !
– Je sais, mon chéri, je sais…
Elle avait gardé un peu de fromage de tête pour lui faire la surprise. Un fromage fait selon sa recette à elle. Celle dont elle avait le secret et qu’il adorait par-dessus tout.
Comme à son habitude, elle avait d’abord délicatement extirpé les yeux des cavités oculaires de la fille et les avait mis de côté pour plus tard car des yeux trop cuits rendaient le fromage amer. Puis elle avait rasé le crâne et brûlé les racines de cheveux à l’aide d’un chalumeau porté à la juste température, juste assez chaud pour calciner les restes de poils sans cuire la fine peau du sommet de la tête. Son petit charcutier d’amour adorait l’odeur qui se dégageait de cette étape cruciale. Ce fumet de viande grillée lui donnait l’eau à la bouche et il aspirait les volutes de fumée comme un poisson qui se jette sur des insectes à la surface de l’eau.
– Bonne viande, avait-il hurlé par deux fois en regardant sa mère avec amour. BONNE VIANDE !
Ensuite – et c’était l’opération la plus délicate – elle avait arraché toutes les dents de la tête, une à une, avec une précision uniquement rendue possible par une expérience de plusieurs décennies. Il fallait un sacré tournemain pour ne pas laisser une racine dans les gencives et risquer de blesser quelqu’un quand il avalerait le fromage sans trop faire attention.
Cette fois-ci, c’est l’odeur du sang qui avait excité son petit charcutier d’amour. Cette même odeur de sang qui l’avait rendu dingue quand il avait fracassé le thorax de la femme à coups de masse.
Une fois les yeux ôtés, les cheveux enlevés et les dents extirpées, il ne restait plus qu’à plonger la tête dans le bouillon. Pour ce dernier, elle avait une recette secrète : tout l’art d’un fromage réussi était de faire revenir quelques abats dans le fond de la cuve avant de la remplir de liquide. La vésicule biliaire, le duodénum, les canaux cystiques, cholédoques et hépatiques, tout ce que les enfants rechignaient à manger, elle les cuisait dans la graisse jusqu’à les faire pratiquement fondre.
Puis, lorsque ces parties peu nobles étaient à point, elle ajoutait peu à peu les humeurs variées qu’elle avait recueillies sur le corps.
Tout était alors une question de dosage : peu de lymphe car elle rendait le bouillon indigeste mais une bonne louche de sang – pas trop tout de même pour éviter la coagulation -, quelques gouttes de bile, un zeste de suc pancréatique…
Et surtout de la chyle.
Beaucoup de chyle.
Ce liquide blanchâtre contenu dans l’intestin grêle était très pénible à recueillir. Mais c’est lui qui ajoutait ce goût boisé incomparable. Cela et rien d’autre.
Enfin, elle mijotait la tête dans le bouillon pendant plusieurs heures, remuant de manière régulière les lambeaux de viande qui se détachaient progressivement du crâne.
Peu à peu, le liquide s’évaporait, jusqu’à produire une soupe visqueuse et uniforme. C’est à ce moment-là qu’elle éclatait méthodiquement les globes oculaires dans un pilon avant d’en extraire le corps vitré et de l’ajouter à la mixture.
Elle laissait ensuite refroidir une journée entière le mélange avant d’en rassembler la matière résiduelle et d’en former une masse compacte.
Le fromage ainsi obtenu était un véritable délice.
– Maman, j’ai faim…
– Tiens, mon chéri, lui répondit-elle en sortant une tranche de fromage
de tête du caisson frigorifique.
Les yeux de son petit s’écarquillèrent. Il huma l’odeur de chair cuisinée et ronronna de plaisir.
– Mange, dit-elle doucement. Et ne dis rien à tes frères, parce que c’est notre dernière tranche.
Il la regarda avec des yeux emplis de tristesse. Il hésitait à manger. Que diraient les autres ? S’ils l’apprenaient, ils l’obligeraient à jouer le chien pour les divertir et à leur lécher les orteils.
Il ne le voulait pas.
– Mange ! ordonna la femme. Tes frères auront leur part dès qu’ils m’auront apporté de quoi fabriquer un nouveau fromage. Mange, mon petit charcutier d’amour…
– Merci, Maman, dit-il en valant sans même mâcher. Merci; Maman…
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Et c’est MAINTENANT. Ou sinon…
À suivre les semaines prochaines, des extraits des opus de mes nouveaux confrères, les autres dangerous kids de la Zone 52 : BABY TRAP (Patrick Herr Sang), ACID COP (Zaroff), SANCTIONS (Talion) et FIRENZE ROSSA (David Didelot)…
Ça va continuer à SAIGNER sur blog.thierryponcet.net !!!
(À suivre)
Y rappelle un certain 8ème passager çui-là… en plus sadique !
Salut de la maison me voilà en compagnie du très populaire C19 mais pour l’instant avec effets limités si ce n’est quelques courbatures aussi improbables qu’impromptues…
A plus les filles, prenez bien soin de vous !