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Les chiffres d’Umberto Ecco

Publié par le 6 octobre 2014

Pour le plaisir, une tranche d’Umberto Ecco.
Un extrait du Pendule De Foucault où une épouse parle à son mari qui se torture la tête à trouver des significations secrètes aux chiffres alors qu’en fait, à son avis à elle, c’est tout simple.
Le bon sens au féminin…
(Adaptation libre par ma pomme à partir de la traduction de Mr Jean-Noël Schifano, Grasset, 1990).

Passons aux autres nombres magiques qui plaisent tant à tes auteurs.
« Un » c’est toi qui n’es pas deux. « Un » c’est ton petit machin, là. « Une », c’est ma petite machine ici. Et « un » ce sont le nez et le cœur et donc tu vois bien combien de choses importantes sont « un ».

« Deux » sont les yeux, les oreilles, les narines, mes seins et tes épaules, les jambes, les bras et les fesses.

« Trois » est le plus magique de tous parce que notre corps ne le connaît pas. Nous n’avons rien qui soit trois choses et ce devrait être un nombre très mystérieux, très, que nous attribuerions à dieu, où que nous vivions.
Mais si tu y réfléchis, moi j’ai une seule petite chose et toi tu as un seul petit truc – tais-toi et ne fais pas le malin ! – et si nous mettons les deux ensemble, il sort un nouveau trucmuche et nous devenons trois !
Il faut vraiment être un professeur agrégé de l’université pour découvrir que tous les peuples ont des structures ternaires, trinités et choses de ce genre ?
Mais les religions, ils ne les faisaient tout de même pas avec un computer ! C’étaient tous des gens très bien qui baisaient comme il faut, et toutes les structures ternaires ne sont pas un mystère, elles sont le récit de ce que tu fais toi, de ce qu’ils faisaient eux…

Mais deux bras et deux jambes font quatre. Et voilà que « quatre » est aussi un beau nombre, surtout si tu penses que les animaux ont quatre pattes et qu’à quatre pattes vont les p’tits enfants, comme le Sphynx le savait foutrement bien…

« Cinq », n’en parlons pas. Ce sont les doigts de la main. Et avec les deux mains, tu auras cet autre nombre sacré qui est « dix ».
Et forcément même les dix commandements sont au nombre de dix.
S’il y en avait douze, quand le prêtre dit : un, deux, trois, et montre ses doigts, arrivé aux deux derniers, il faudrait qu’il se fasse prêter une main par un sacristain !

A présent, prends le corps et compte toutes les choses qui poussent sur le tronc : avec les jambes, les bras, la tête et le pénis, il y en a six.
Mais pour la femme, sept.
Raison pour laquelle il me semble que, parmi tous tes auteurs savants, le « six » n’est jamais pris au sérieux, sauf comme le double de « trois ». Pourquoi ? Parce qu’il ne marche que pour les hommes, lesquels n’ont aucun « sept » et comme ce sont eux qui commandent, ils préfèrent le voir comme un nombre sacré en oubliant que mes seins poussent à l’extérieur, mais passons…

« Huit »… Ah, merde, nous n’avons aucun « huit »…
Non. Attends… Si bras et jambes ne comptent pas pour « un », mais pour « deux », à cause des coudes et des genoux, nous avons huit os qui bringuebalent dehors.

Tu prends ces « huit », tu ajoutes le tronc et tu obtiens « neuf ».
Et « dix » si par-dessus le marché tu ajoutes la tête !

Mais à toujours réfléchir sur le corps, tu en tires les chiffres que tu veux. Par exemple, prends les trous…
– Les trous ?
– Oui. Combien de trous a ton corps ?
– Euh… Et bien… Yeux narines oreilles bouche cul, ça fait huit.
– Tu vois ? Une autre raison pour laquelle « huit » est un beau nombre. Mais moi, j’en ai neuf, de trous. Et avec le neuvième, je te fais venir au monde. Voilà pourquoi « neuf » est plus divin que « huit »…

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