C’est une image de nuit. En bas, il y a un losange irrégulier, un peu flou, comme perdu dans une brume. Des deux côtés on distingue des sortes de grosses patates, occupant la quasi-totalité de l’espace, délimitées par ce qui semble être un fil.
Sur la droite et un peu en bas de toute cette obscurité, à proximité du losange, brille une lune presque parfaitement circulaire.
Quand je te dis « brille », elle scintille de tous ses feux, la garce. Comment qu’elle envoie !
La pneumologue est une fine dame brume aux traits fins, de ce genre de femmes qui ont choisi d’être studieuses plutôt que séduisantes alors qu’elles avaient tous les atouts pour. Coup de bol pour ma pomme : elle est adorablement sympa.
Ayant tourné l’écran de son ordinateur vers moi, elle m’explique que l’espèce de losange, c’est ma colonne vertébrale, vue en coupe, et les deux patates, mes poumons, vus de même.
– Et là, achève-t-elle en posant un bout de stylo sur la lune irradiante et blême, c’est une tumeur d’un peu moins de trois centimètres.
– Un cancer, quoi, fais-je, en gars qui n’est plus apeuré par les mots depuis lurette.
– On n’a pas encore les résultats de la biopsie, mais oui, c’est probable. La bonne nouvelle, si je puis dire, c’est qu’il est très localisé et qu’on ne distingue absolument aucun scintillement ailleurs.
– Si je pige bien, c’est un cancer mais c’est un joli cancer.
Ma façon de causer lui arrache un sourire.
– On peut dire ça. En tout cas, il est très opérable.
– On m’ouvre et on taille dans le paquet ?
Cette fois, ma brutalité lui fait crisper la bouche. Une brève moue.
– C’est ça.
– On fait ça quand ?
– Le plus vite possible, monsieur Poncet.
– Maintenant, cet aprèm ? Puisque je suis là…
– Il y a quand même un certain nombre d’examens préalables. Je vais tout faire pour qu’on vous opère avant la fin de l’année.
– On fait comme ça, consens-je.
Alors, potesses et poteaux, sachant cela, sachant aussi que j’ai promis de remettre un roman à ma chère maison Taurnada avant la fin décembre (comme le répète Hank Moody, le héros écrivain de Californication : « devenir écrivain, c’est se condamner à rendre des compos toute sa vie »), vous comprendrez, j’espère, que je laisse un peu ce blog (ce merveilleux blog, cet extraordinaire blog, ce littéraire blog !) en sommeil.
Le temps pour moi de me faire ôter de la chair cette sale bille qui menace ma vie – ce dont, en vieux pirate, je me contrefous – et surtout compromet la poursuite de mon œuvre – ce qui, ça, me profondément escagasse !
À vous, adorés fans que la perspective du manque de Poncet effraie, je vous rappelle que demeurent ici même en ligne non moins de 335 textes, épisodes d’aventures, extraits de romans, scénarii de films, chroniques « Cons-versations », chroniques « De La Littérature-Confiture », poèmes de la page « Hobo », en écrit et même en audio… de quoi s’occuper.
Aux autres, je conseille ardemment de se procurer en librairie, à un prix époustouflamment modique :
– mes trois paaaalpitants Haig, Le Sang Des Sirènes, Les Guerriers Perdus, Le Secret des Monts Rouges ;
– mon maaaaagnifique récit Zykë L’Aventure ;
– et le miiiiiiirobolant Alma, (signé Cizia Zykë mais, en toute confidence, j’y ai mis du mien).
Le tout paru, n’est-ce pas, aux miiiiirifiques éditions Taurnada et constituant, si vous voulez mon avis, des cadeaux de Noël de grand choix.
Et, à moins que le sabre du chirurgien ne dérape, on se retrouve ici au début de l’année prochaine pour de nouvelles aventures.
Hisse Ho, potesses et poteaux.
(À suivre)
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