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PANAME, PANAME, PANAME… 09

Publié par le 1 février 2020



Adaptation en mini-série TV de mon Roman Pigalle Blues (ed. Ramsay).

 

EXT Jour, Pigalle, temps passé

Lucas, Fred, Fernande et Max (portant sous son bras la poupée Maxime). En ligne, ils attendent le feu pour traverser le boulevard, place Pigalle. Lucas et Fred donnent chacun le bras à Fernande. Max est un peu décalé, sa marionnette assise au creux de son bras. Tous sourient.

Musique : Paris Canaille (paroles et musique, Léo Ferré).

Paris marlou / Aux yeux de fille / Ton air filou / Tes vieilles guenilles / Et tes gueulantes / Accordéon / Ça fait pas d’rentes / Mais c’est si bon…

 

EXT Jour, Paris 9ème

Le quatuor descend la rue Notre-Dame-de-Lorette. Ils sont toujours animés de la même gaieté.

Musique :
Tes gigolos / Te déshabillent / Sous le métro / De la Bastille / Pour se saouler / A tes jupons / Ça fait gueuler / Mais c’est si bon…

 

EXT Jour, rue N.D. de Lorette, façade restaurant

Le groupe s’arrête devant un petit restaurant, Le Grain de Folie.

Fernande :
Mes enfants, c’est ma fête, alors vous allez me faire le plaisir d’envoyer les apéros et tout et tout. Et vous me porterez à la maison si je tombe pompette !

Tous riants, ils s’engouffrent dans le restaurant. On aperçoit les jeunes membres de l’équipe qui les accueillent joyeusement au fond d’une petite salle bourrée de clients.

 

INT Jour, restaurant

Musique, Paris Canaille :
Brins des Lilas / Fleurs de Pantin / Ça fait des tas / De p’tits tapins / Qui font merveille / En toute saison / Ça fait d’l’oseille / Et s’est si bon…

Succession de plans rapides : la tablée engouffre un véritable banquet, crudités, coquillages, charcuteries, plats… Les mâchoires s’agitent, les rires éclatent… De nombreux plans montrent des goulots de bouteilles de vin rouge et blanc, suivant la circonstance, remplir des verres. Un plan montre Max, verre en main, visiblement plus saoul que les autres.

Un p’tit faubourg / Saint Honoré / Trois petits fours / Et je m’en vais / Surprise party / Surprise restons / On est surpris / Mais c’est si bon…

 

INT Jour, restaurant

La salle s’est vidée. Max a installé Maxime sur ses genoux et il joue un numéro. Fernande, Fred et Lucas sont hilares. Les serveuses et le cuisinier, en cercle, n’en perdent pas une miette.

Musique en decrescendo :
Paris flon flon / T’as l’âme en fête / Et des millions/ Pour tes poètes / Quelques centimes / À ma chanson / Ça fait la rime / Et c’est si bon…

Un dernier plan sur Lucas en train de rire et d’échanger un regard amoureux avec Fred, elle aussi joyeuse et…

 

Fondu sur :

 

INT Jour, bistrot À La Bonne Planque, temps présent

Lucas (âgé) et Irina sont assis à une table. Le patron s’active derrière son comptoir. Lucas parle, Irina écoute avec une grande attention, visiblement passionnée par le récit.

Lucas :
Le drame de Max, c’était d’avoir eu à vivre en direct l’agonie du cabaret-spectacle. Mais, même complètement ivre, c’était un artiste fabuleux.

Irina :
À cet niveau ?

Lucas :
Oh oui. Dés qu’il glissait le bras à l’intérieur de son corps, Maxime se mettait à vivre. Personne, aucun autre ventriloque au monde n’était capable d’enchaîner des dialogues aussi vite, tantôt avec sa voix, tantôt celle de son estomac, jusqu’à vous embobiner tout à fait et vous persuader qu’ils étaient bien deux personnes et non le travail d’un seul bonhomme.

Irina (pouffant) :
C’est drôle. Parfois tu parles comme… Comment dire ?… Comme dans l’ancien temps.

Lucas :
C’est le fait d’être revenu dans le quartier. Je retrouve les expressions d’avant…

 

Fondu sur :

 

INT Jour, restaurant, temps passé

Max s’est agenouillé devant Fred, tenant la tête de Maxime levée vers elle.

Maxime (voix aiguë) :
Eh, ma jolie, j’ai quéqu’chose d’important à t’dire…

Fred (rieuse) :
Ah oui ? Et qu’est-ce que c’est ?

Maxime :
Y’a que mon pote Max il est amoureux d’ta pomme et qu’il ose pas t’le dire !

Fred :
Ah bon ?

Maxime :
Ouais, mais si tu veux mon conseil, oublie ce vieux schnock et marie-toi avec moi, on fera des petits guignols !

Toute la tablée éclate de rire.

Fred :
Moi aussi je t’aime bien. (Elle caresse la joue de bois du pantin). Mais je préfère quand même le grand Max.

Elle dépose un baiser sur le front de Max. Celui-ci en reste bouche bée, réduit au silence, rouge façon tomate.

 

EXT Jour, boulevard

Musique :
À la la une ;/ À la la deux / Fil’-moi trois thunes / Y te verrait mieux / La toute dernière / Des éditions / Tes en galère / Mais c’est si bon…
À la la der / À la la rien / T’es un gangster / À la mie d’pain / Faut être adroit / Pour faire carton / La prochain’ fois / Tu seras p’t-être bon…

Fernande, Fred, Max et Lucas marchent le long du trottoir. Fernande chantonne en titubant, bien attaquée. Lucas soutient à bras le corps Max qui ne tient plus sur ses jambes. La bande passe devant une boîte de strip-tease dont l’aboyeur est en train de relever le rideau de fer en vue d’une ouverture proche.

L’aboyeur :
Salut Fernande. Alors, c’est la big nouba, la fiesta mahousse, le déluge des canons ?

Fernande :
J’t’emmerde !

L’aboyeur (hilare) :
Si on peut plus rigoler, alors quoi ?

Fernande :
J’t’emmerde, j’te demmerde… Et j’te remmerde !

L’aboyeur éclate de rire. La petite troupe poursuit son chemin.

Musique :
Paris j’ai bu / À la voix grise / Le long des rues / Tu vocalises / Y a pas d’espoir / Dans tes haillons / Seulement l’trottoir / Mais c’est si bon…
Tes vagabonds / Te font des scènes / Mais sous tes ponts / Coule la Seine / Pour la romance / À illusion / Y a de l’affluence / Mais c’est si bon…

 

EXT Jour, place Pigalle

Sur la place, des bus sont garés, dont descendent les premiers touristes, apparemment anglo-saxons. Trois ou quatre taxis attendent à la station. Notre petit groupe entreprend de monter la rue Antoine en direction des Abbesses. Fred s’immobilise soudain. On la voit observer la file des taxis, puis prendre une décision subite.

Fred :
Il faut que j’y aille. Salut, vous tous. C’était une très belle après-midi.

Elle fait la bise à Fernande, pose un baiser sur son doigt, puis son doigt sur les lèvres de Lucas, et adresse un petit coucou de la main à Max.

Elle part d’un pas pressé. Lucas la regarde s’éloigner un instant, puis il balance Max dans les bras de Fernande qui, surprise, manque de s’étaler.

 

EXT Jour, place Pigalle, station de taxi

Lucas rejoint Fred au moment où elle allait monter dans le taxi de tête. On distingue à l’intérieur le chauffeur qui lit son journal, indifférent au reste du monde.

Lucas saisit Fred par le bras, un peu plus brutalement que nécessaire.

Lucas :
Où tu vas ?

Fred (sourcils froncés) :
Je vais chez moi, okay ?

Lucas (enragé) :
POURQUOI ?… Hein, pourquoi tu ne m’emmènes pas chez toi ?

Fred :
Lucas…

Lucas :
Je n’en peux plus, moi ! Tu me laisses derrière, là, à t’attendre comme un chien qu’on envoie à la niche, avant de revenir m’appeler comme si tu me sifflais ! J’en ai marre de tout te donner : ma vie, ma maison, mon quartier, mes potes, ma famille, sans rien savoir de toi ! C’est quoi, ça : je me morfond dans l’attente de ton retour, je me prend la tête sur tes mystères, tes apparitions, tes disparitions… Et en plus je dois combattre le cafard qui suit chacun de ses départs !

Fred :
Lucas…

Lucas :
Ça te dérangerait trop de m’amener chez toi, hein ? T’as quelque chose à me cacher, hein ?

Fred :
Arrête, je t’en prie, sois gentil…

Lucas :
Gentil ? Mon cul, oui ! Tu viens t’amuser et tu retournes à ta vie de bourgeoise, hein ? C’est ça, hein ? T’es mariée ? Dis-le moi que tu as un autre homme !

Fred :
Arrête…

Lucas :
Tu viens te faire baiser ! Tu te fais bien sauter et après tu te casses ! Tu te fous de moi !

Fred tend la main vers la poignée de portière du taxi. Lucas la rattrape par le bras. Cette fois, il serre très fort. Elle grimace.

Fred :
Tu me fais mal, Lucas !

Lucas :
Où tu vas ? Où c’est, chez toi ?

Fred :
Lâche-moi !

Lucas :
Dis-moi où tu vas, bordel !

Fred :
Lâche-moi où je ne reviens plus jamais, tu entends, plus jamais !

Lucas se fige. La peur lui tombe dessus. Sa rage disparaît aussitôt, remplacée par la panique.

Lucas :
Non… non… S’il te plaît, écoute-moi… Tu ne comprends pas  à quel point je souffre quand tu t’absentes… Tu disparais et puis… C’est trop dur pour moi… Tu comprends ?… Trop dur… Pardonne-moi, je ne te ferais plus mal…

Fred se détend. Quelque chose d’affectueux passe dans son regard. Elle tend la main et caresse la joue de Lucas, puis elle l’embrasse sur les lèvres.

Lucas :
Tu reviendras, hein ? Jure-moi que tu vas revenir vite vers moi.

Fred :
Je te le promets.

Elle ouvre la portière et  s’assoit dans le taxi dont le chauffeur n’a toujours pas levé le nez de son journal.

 

EXT Jour, place Pigalle

Lucas seul sur le trottoir, désemparé.

Musique :
Mômes égarées / Dans les faubourgs / Prairie pavée / Où pousse l’amour / Ça pousse encore / À la maison / On a eu tort / Mais c’est si bon…
Paris je prends / Au cœur de pierre / Un compte courant / Des belles manières / Un coup d’chapeau / À l’occasion / Il faut c’qui faut / Mais c’est si bon…

 

Fondu sur :

 

EXT Jour, place des Abbesses, temps présent

Lucas (âgé) et Irina sur le point de se séparer devant l’hôtel de Lucas.

Musique :
Regards perdus / Dans le ruisseau / Où va la rue / Comme un bateau / Ça tangue un peu / Dans l’entrepont / C’est laborieux / Mais c’est si bon…

Lucas fait un geste d’invite à Irina, qui acquiesce et le suit à l’intérieur de l’hôtel.

Plan sur la porte vitrée de l’hôtel.

Musique :
Dédé-la-croix / Bébert d’Anvers / Ça fait des mois / Qu’ils sont au vert / Alors ces dames / S’font une raison / A s’font bigames / Et c’est si bon…
Paris bandit / Aux mains qui glissent / T’as pas d’amis / Dans la police / Dans ton corsage / De néon / Tu n’es pas sage / Mais c’est si bon…
Hold-up savants / Pour la chronique / Tractions avant / Pour la tactique / Un p’tit coup sec / Dans l’diapason / Rang’ tes kopecks / Sinon c’est bon…

 

(À suivre)

 

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