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BLED, (Film) – 06

Publié par le 9 décembre 2017

 

Inspiré du roman « HAIG, Le sang Des Sirènes », Thierry Poncet, Editions Taurnada 2016.

https://www.taurnada.fr/

 

Bien… Bien… Bien…
Comme disent les gens sérieux derrière leur bureau, chaussant bésicles, ouvrant dossier, bien, bien…
Un malheureux intermède de santé m’a conduit à suspendre un temps ce feuilleton scénariographique aussi palpitant que merveilleux, v’z’en faites pas pour mes chevilles, c’est du belge.
Ma compétente, dévouée et ravissante toubibesse ayant déclaré jugulée l’offensive virale, il est temps de reprendre dans l’ordre : le fil, les choses en main et le mors aux dents.
Mais au préalable, comme on disait puis dans Télé 7 Jours, résumé des épisodes précédents :

Haig, révolté à peine sorti de l’adolescence, a réussi à rallier à bord d’une 504 à moitié volée le Maroc où il compte bien trouver la grande aventure. N’écoutant que son cœur de voyou, il sauve la mise à un fugitif traqué par la police, Ferraj, qui se révèle vite un individu pas si sympathique que ça…

 

EXT / INT Jour, cauchemar

Une succession de plans courts nous fait comprendre que nous sommes dans un rêve :

– Façade d’un petit magasin d’antiquités.
– Á l’intérieur d’une maison misérable, un homme mûr en gandoura (on saura plus tard qu’il s’agit du père de Ferraj), colérique, crie des mots qu’on ne comprend pas.
– Caméra subjective dans le magasin d’antiquités, le regard passe sur des vieux meubles, des tableaux, des poteries… Au fond de la salle, à un bureau éclairé d’une lampe, un vieil homme est en train de compter des billets de banque.
– De derrière un guichet de banque moderne, une femme lève les yeux et hurle en espagnol « ne me tuez pas ! ».
– L’homme en gandoura lève un battoir de lavoir et frappe la forme inerte d’une femme couchée sur un grabat.
– L’antiquaire lève les yeux et hurle « ne me tue pas ! » en arabe.
– L’homme en gandoura se penche sur ce qu’on comprend être un enfant et lui hurle au visage des paroles incompréhensibles. Il lève le battoir qui s’abat sur la caméra.

 

INT Jour, 504

Ferraj s’éveille en sursaut, gueule, brandit son colt devant lui, puis sur Haig qui, paniqué, donne un brusque coup de volant.

 

EXT Jour, route

La 504 dérape, se met en travers et s’immobilise dans un nuage de poussière.

Ferraj (hurlant) : Qu’est-ce que tu fais ? Roule ! Roule, je te dis !

GP sur le visage de Haig à la fois apeuré et en colère. Il secoue la tête, soupire et redémarre.

Quand ils ont roulé quelques instants en silence, Ferraj se frotte le visage de la main et soupire.

Ferraj :
J’ai fait un rêve. C’est pas bon, les rêves. Tu le sais ?

Haig :
Euh… non.

Ferraj :
Le mauvais rêve, c’est le signe du malheur. Tu le sais pas ?

Haig :
Non.

Ferraj (méprisant) :
Tu sais rien, toi. On t’a rien appris, à toi !

 

EXT Jour, route

La 504 roule au milieu d’un paysage de maquis.

Se succèdent des plans de cartes postales touristiques : charrettes de paysans poussive au bord de la route, femmes voilées autour d’un puits, chien qui se disputent une carcasse, bandes d’enfants qui saluent…

 

INT Jour, voiture

Ferraj, le sac de jute ouvert entre ses cuisses, en sort des liasses de billets avec lesquelles il joue en rigolant.

Ferraj :
Tu as vu ? Ferraj c’est le meilleur ! Dieu il est avec Ferraj. Tu es pas content ? Dieu il est avec Ferraj, ça veut dire que Dieu il est avec toi aussi !…

Haig reste silencieux, sombre, le regard fixé sur la route.

 

EXT Jour, village

La 504 arrive à un village-halte en bord de route, avec une station à essence et une dizaine des petits commerces de chaque côté de la chaussée.

 

INT Jour, voiture

Ferraj : Arrête-toi là !

 

EXT Jour, village-halte

Les deux hommes sortent de la 504. Autour d d’eux, le décor habituel de ce genre d’endroits : un bordel tranquille de voitures et de charrettes ; un camion surchargé de marchandises qui fait le plein ; des étals de fruits et des tables de petits restaurants sous des bâches.

Ferraj et Haig s’installent à une table dans l’un d’eux, une pièce sombre meublée d’un comptoir où trônent des piles de boîtes de sardines à l’huile, des boîtes de Vache-Qui-Rit et un grand bocal plein d’œufs durs.

Ferraj passe une commande en arabe. Le patron leur apporte des sardines et des crèmes de gruyère, plus une grande théière.

Ferraj :
Mange !

Haig se restaure en silence, pensif, tandis que Ferraj discute en arabe avec le patron et d’autres clients. Á ses gestes et aux leurs, on comprend qu’il demande des renseignements sur la région.

Puis il change de ton, se penche à l’oreille de l’aubergiste, lui demande quelque chose. L’autre secoue négativement la tête. Ferraj insiste, brandissant un billet plié entre deux doigts. L’aubergiste cède et se dirige vers le fond de son échoppe.

En attendant son retour, Ferraj adresse un gros clin d’œil jovial à Haig.

L’aubergiste revient, porteur d’un sac plastique. Ferraj en vérifie le contenu : une bouteille de gin espagnol. Il remercie le gars d’une tape irrévérencieuse sur la nuque.

Ferraj (à Haig) :
T’as fini, oui. C’est pas vrai, tu fais que bouffer, toi !

 

EXT jour, route

La 504 roule au milieu de champs cultivés.

On aperçoit des paysans qui travaillent en ligne, houes en mains, courbés sur la glèbe, tandis qu’un contremaître en gandoura les surveille, mains derrière le dos.

 

INT Jour, voiture

Un petite route non goudronnée s’ouvre sur un côté.

Ferraj :
Là ! Prends cette route-là !

Haig pile.

Haig :
Là ?

Ferraj :
Cette route-là, tu la prends, je te dis ! Tu es sourd ou tu es con ?

Haig embraye et obéit.

La 504 engagée sur la petite route, les deux hommes se retrouvent avec le soleil de face, grand et rouge, bas sur l’horizon. Dans un même geste, ils rabattent les pare-soleil. Celui de Ferraj lui reste dans la main. Il le jette négligemment à l’arrière en marmonnant un juron, pêche une paire de lunettes noires dans la poche de son blouson et les chausse.

Ferraj :
Elle est vraiment pourrie, ta voiture !

Haig (excédé) :
T’as qu’à descendre, si tu veux !

Ferraj le dévisage un moment, yeux dissimulés par les lunettes noires. Puis il éclate d’un grand rire exagéré, tête rejetée en arrière, bouche grande ouverte.

Ferraj :
Tu es con. Roule, va. Tu parles trop…

 

EXT Jour, crépuscule

Á l’horizon, le soleil jette ses derniers feux.

La 504 est arrêtée sur un chemin. Les deux hommes, debout à côté de la voiture, observent une bâtisse de ferme qui se trouve au bout du chemin, à une centaine de mètres d’eux. Le vent agite leurs fringues et les cheveux de Ferraj.

Ferraj lève une jambe et pousse un long pet bruyant. Pppppprrrrrttttt…

Ferraj (riant) :
Ça faisait longtemps que je le retenais, celui-là !

Haig grimace à cause de l’odeur. Ferraj évente l’air devant son visage en riant de plus belle.

Ferraj :
Ouh là là ! Heureusement que je ne l’ai pas lâché dans ta voiture, hein ? Ma parole, tu devrais me remercier ! Hein ? Allez, remercie-moi.

Haig reste impassible. Ferraj le dévisage un moment, menaçant, puis laisse tomber.

Ferraj (haussant les épaules) :
Elle me plaît, cette ferme. C’est là qu’on va se planquer. Amène-toi.

Il remonte à bord de la voiture. Après un instant d’hésitation, Haig reprend place au volant.

 

EXT Jour, crépuscule

Panoramique sur le paysage et la ferme.

Les champs sont nus et grisâtres dans les ultimes lueurs du couchant. Le vent y soulève ça et là des nuages de poussière.

La caméra s’attarde sur la maison, en détaille la façade. On remarque plusieurs signes de pauvreté : des volets mal scellés ; des lézardes à la surface des murs ; le grand portail fait de planches mal jointes…

Se dégage de l’ensemble une impression de tristesse.

Alors que l’image s’est fixée sur le portail aux planches irrégulières, celui-ci est soudain éclairé par les phares jaunes de la 504.

 

INT Nuit, voiture

Á bord, les silhouettes des deux hommes en contre-jour, au-delà du pare-brise, le portail éclairé par les phares.

La voiture s’avance lentement et s’immobilise à quelques mètres du portail.

 

EXT Nuit, portail

Le portail s’entrouvre. Se glisse à l’extérieur un jeune garçon d’une douzaine d’années aux cheveux ras qui se plante devant la maison et, levant le bras, se protège les yeux de la lumière des phares.

 

(Á suivre)

 

 

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