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Script-quizz n°10

Publié par le 9 juin 2016

 

Salut à toutes, tous.

La littérature qu’on se délecte à lire est aussi la matière première de tous les films, téléfilms et séries que nous aimons à mater. Même s’il ne s’agit pas de l’adaptation d’un bouquin mais d’une oeuvre originale, derrière chaque thème, chaque séquence, dans certains cas chaque plan, le travail de base est celui d’un écrivain. Eh ouais, un gadjo tout seul avec ses clopes et sa boutanche devant sa ch’tite machine…

Trouvez ci-dessous un bout de scénario. A vous de deviner de quel film il est extrait…

 

EXT Jour, route

Caméra embarquée. Cadre fixe sur l’avant du triporteur. Zampano est au guidon. Gelsomina à sa gauche. A sa droite, une jeune religieuse en cornette.

Zampano :
Qu’est-ce qu’il va tomber !… On est loin d’un patelin ?

La religieuse :
Il y a Mandigliano à dix-huit kilomètres, mais il faut que vous passiez par la montagne.

Zampano :
On n’ira pas jusque là. J’aurai pas assez d’essence.

La religieuse :
Tenez, voila notre couvent.

 

Fondu sur

 

EXT JOUR, chemin

Le triporteur longe un chemin. Au-delà des clôtures on voir un champ où travaille une religieuse, houe à la main.

On arrive au porche du couvent. Devant, assise sur une chaise, la mère supérieure lit. Découvrant l’équipage, elle se lève et s’approche. Zampano arrête le triporteur. La jeune religieuse saisit son panier et descend.

La religieuse :
Attendez un moment…

Elle se tourne vers la mère supérieure.

La religieuse :
Ma mère, je rapporte de l’huile. Il y a ce monsieur qui demande si on peut lui donner l’hospitalité pour la nuit.

Zampano :
Oui, euh… Excusez-nous, mais on n’a presque plus d’essence. Il est tard et la ville est encore loin d’ici. Et puis il y a ma femme qui n’est pas bien…

La religieuse :
Ils pourraient peut-être coucher dans la grange ?

La mère :
Bon, mais seulement pour une nuit.

Contente, la religieuse revient vers Zampano et Gelsomina.

La religieuse :
La mère supérieure a dit oui. Vous pouvez rester. Vous dormirez là, dans la grange.

Zampano :
Merci… Merci… Merci beaucoup, ma sœur… (à Gelsomina) : prends les couvertures, toi !

Plan sur la religieuse réjouie.

 

Fondu sur

 

EXT Jour, mur du couvent.

A côté du portail, adossés au mur, Zampano et Gelsomina en train de manger. La religieuse surgit, porteuse d’un fait-tout.

La religieuse :
J’en ai encore trouvé un peu !

Zampano (ôtant sa casquette) :
Ah… Merci… Elle est bonne.

Il tend sa gamelle que la religieuse remplit d’une louchée de soupe. Elle puise une deuxième louche.

La religieuse (à Gesolmina) :
Et vous ? Vous n’en voulez plus ?

Gelsomina, timide, secoue la tête.

Zampano :
Allez, fais pas d’manières !

Gelsomina tend sa gamelle que la sœur remplit.

Gelsomina :
Merci.

La religieuse :
Dites-moi, votre femme travaille avec vous ?

Zampano :
Oui. C’est ma partenaire. Elle joue de la trompette. Du tambour. Tiens, joue quelque chose pour la sœur.

Gelsomina court au triporteur, prend sa trompette, revient vers Zampano et la religieuse et se met à jouer son air habituel.

Zampano la regarde, ému malgré lui.

Derrière lui, on aperçoit une deuxième sœur qui empile du bois.

La religieuse :
Comme c’est beau ! Comme vous jouez bien !

Zampano :
Oui, ben maintenant, va laver les gamelles !

La religieuse :
Non. Donnez-les moi !

Zampano :
Non, c’est son travail.

La religieuse :
Alors nous le ferons ensemble. (Elle s’empare des gamelles). Comme elle est gentille ! Comme elle joue bien !

Zampano :
Humppf…

La religieuse (à Gelsomina) :
Comment s’appelle cet air-là ?

Gelsomina :
Je sais pas…

Plan sur la deuxième sœur qui, hache à la main, s’attaque à une grosse bûche. Zampano va vers elle.

Zampano :
Eh, mais qu’est-ce que vous faites, là ? C’est pas du travail pour bonne sœur. Laissez-moi faire.

Il pose la main sur la hache. La sœur résiste.

La deuxième sœur :
Mais non, j’ai l’habitude.

Zampano (lui prenant la hache) :
Laissez ça. En cinq minutes, j’vous en casse pour tout l’hiver !

Il abat la hache. Surprise par la force du coup, la deuxième sœur recule, se protégeant le visage du bras.

La caméra revient sur Gelsomina et la religieuse, près du triporteur.

La religieuse :
Vous dormez là, d’habitude ?

Gelsomina :
Oui. On est bien dedans. C’est plus grand que ça n’en a l’air. Il y a une lampe et on peut même y faire la cuisine.

La religieuse :
C’est bien… Et ça vous plaît de ne jamais rester nulle part, d’être toujours sur les routes ?

Gelsomina :
Ben forcément, dans notre métier…

La religieuse :
Pour nous, c’est un peu la même chose. Nous changeons de couvent tous les deux ans. Celui-ci, pour moi, c’est le deuxième.

Gelsomina :
Mais pourquoi ?

La religieuse :
Pour empêcher que nous nous attachions aux choses de ce monde. On s’attache très facilement à l’endroit où on habite, n’est-ce pas ? On s’attache même à une plante. Et on risque d’oublier l’essentiel, qui est Dieu. Au fond, c’est un peu pareil pour nous deux. Vous, vous suivez votre époux et moi le mien.

Gelsomina (émerveillée) :
Oui. Chacune suit le sien !

La religieuse :
Vous voulez visiter la chapelle ?

Gelsomina :
Oui.

Les deux femmes s’éloignent en direction du portail.

La religieuse :
Je vais vous la montrer… Elle est très belle… Elle est romane, vous savez…

 

Fondu sur

 

INT nuit, grange

Zampano et Gelsomina couchés chacun de leur côté, à même le sol. On entend la pluie au dehors et des coups de tonnerre. Zampano fume. Gelsomina s’approche.

Gelsomina :
Zampano ?

Zampano :
Hmm ?

Gelsomina :
Dites-moi : pourquoi vous me gardez avec vous ? J’suis pas belle, j’sais pas faire la cuisine, j’sais rien… Hein ?

Zampano :
Ben qu’est-ce qui te prend ? Va dormir, ça vaudra mieux !

Il éteint sa cigarette. Récupère le mégot dans sa boite de métal. Gelsomina se couche.

Gelsomina :
Il pleut… On est bien  ici… Zampano ? Ça te ferait de la peine si je mourrais ?

Zampano :
Pourquoi ? Tu vas mourir ?

Gelsomina :
Autrefois, oui, souvent je voulais mourir. « Plutôt que de rester avec lui », je me disais. Maintenant… Je vous épouserais bien. Surtout si nous devons rester ensemble. Même un caillou sert à quelque chose… (Elle s’anime). Tu ne réfléchis donc pas que tout sert à quelque chose ? Mais tu ne penses donc jamais à rien !

Zampano :
Y’a rien à penser.

Gelsomina :
Mais si !

Zampano :
Et à quoi il faut que je penses, hein ? Tu commences à me casser les pieds avec toutes tes idioties !… Dors donc, imbécile !

Gelsomina :
Zampano ?… Est-ce que vous m’aimez un peu ?

Zampano ne répond pas. Attristée, Gelsomina prend sa trompette et joue quelques notes de sa complainte.

Zampano :
Tu vas dormir, à la fin !

 

CUT

 

(A suivre)

 

 

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