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Zykë L’Aventure – Le film (03)

Publié par le 19 mai 2018

 

Adapté du roman Zykë L’Aventure, Thierry Poncet, éditions Taurnada, en librairie ou ici :

https://www.taurnada.fr/

https://www.babelio.com/livres/Poncet-Zyk-laventure/962158

https://www.amazon.fr/Zyk%C3%AB-Laventure-Thierry-Poncet/dp/2372580345

https://livre.fnac.com/a10793510/Thierry-Poncet-Zyke-l-aventure

 

EXT Jour, port

Des mouettes innombrables se battent en criant au-dessus de bateaux de pêche amarrés à un quai.

Le cadre s’élargit. On découvre le vaste port d’Algesiras, au sud de l’Espagne. Cargos en rade. Grues de déchargement…

 

EXT Jour, rue

C’est l’aube.

Zykë et Msieu Poncet marchent dans une rue bordée de cafés et d’épiceries à l’étal en extérieur, s’échangeant une bouteille de rhum.

C’est la première fois qu’on voit le duo en situation d’aventure. Zykë, monumental, en blouson de cuir noir, sa pépite bien visible sur la poitrine, les pieds bottés, la démarche conquérante.
À son côté, Msieu Poncet, jeans neufs, baskets Converse, blouson Teddy bleu et blanc. Il marche vite, s’efforçant de rester à la hauteur de Zykë.

Zykë :
La littérature, ça aurait dû rester un truc noble. Quand je suis entré dans les bureaux, j’y suis allé avec le maximum de respect. « Hachette Littéraire », ils te mettent sur la plaque !… Je croyais que j’allais rencontrer au moins Victor Hugo, ou Balzac…

Des dizaines de migrants marocains, jeunes pour la plupart, stationnent sur le trottoir, l’air frigorifié, certains enroulés dans une couverture. Visiblement, ils ont dormi dehors.
Trois d’entre eux s’approchent, main tendue. Zykë donne distraitement, d’un geste naturel, une poignée de pièces à chacun.

Zykë :
Tu imagines ma déception quand j’ai vu la gueule du schmock ! C’est un « farcante », ce mec. Un épicier. Un vendeur de fausses montres…

Un autre Marocain s’en vient, une barrette de shit à la main.

Le jeune :
Señor, chocolate, muy barato ?

(Sous-titres : Eh, m’sieur, haschich, pas cher ?)

Zykë lui fait signe de s’éloigner. Le jeune se rapproche, insistant.
Zykë lui fait de nouveau signe de le laisser tranquille.

Le jeune (en colère) :
Fils de la pute !

D’un geste de brute indifférente, Zykë lui assène deux claques. Le jeune se retrouve par terre, sonné, nez saignant, avant de se replier au milieu de ses copains, tout aussi affolés que lui, qui crient en arabe, espagnol et français.

Cris :
Excuse ! Excuse, m’sieur !…

Plan sur le visage à la fois ébahi et effrayé de Msieu Poncet dont le regard va de son nouveau patron aux jeunes gens terrorisés.

Zykë (tout à fait indifférent au tumulte) :
Éditeur, tu parles ! Tu vois bien que le type se fout de la beauté des livres. Ce qu’il veut, lui, ce sont des produits à mettre sur les rayons des magasins. Si le petit gros se pointait dans son bureau, avec son lorgnon… Tu sais, celui qui écrivait sur les mines de charbon ?

Msieu Poncet :
Émile Zola.

Zykë :
C’est ça… Si le vieux venait aujourd’hui lui proposer son manuscrit, il le foutrait dehors. Des mineurs dans le Nord ? Pas commercial, ça, Mimile !

Quelques pas plus loin, un autre jeune s’approche pour mendier. Zykë lui fourre un billet dans la main. Le jeune se confond en remerciements.

Zykë (poursuivant) :
Ils te disent « la littérature c’est ceci, la littérature, c’est cela ». Qu’est-ce qu’ils en savent, eux ? Qu’est-ce qu’ils ont vécu ? Ils friment dans les salons parisiens et ils encaissent l’artiche. A part ça, ils n’ont jamais rien branlé…

Surgit d’un bar une prostituée arabe bâtie comme un soldat, cheveux courts très noirs, visage fatigué, plus maquillée qu’un clown de cirque, cuisses très larges moulées dans un pantalon corsaire de skaï criard.

Complètement ivre, elle se jette sur Msieu Poncet.

La femme :
Ay, mi amoooooore !…

Msieu Poncet, apeuré, tente de la repousser. Zykë, hilare, la prend par le bras et lui parle à l’oreille, en désignant Msieu Poncet. La femme acquiesce.

La femme :
Si… si… si… bueno mi amoooooore !

Zykë :
T’es verni, Msieu Poncet, c’est ma tournée !

 

EXT Jour, terrain vague

La Mercedes dans un terrain vague encombré de fûts vides à l’extrémité du port, près d’un bassin de radoub désert où rouillent des chalutiers morts.

Msieu Poncet attend, frigorifié.

Zykë sort de la voiture en se rebraguettant. Il rejoint Msieu Poncet, lui claque l’épaule.

Zykë :
Allez, va te faire sucer. À ta santé, camarade !

Msieu Poncet s’approche de la Mercedes aux fenêtres de laquelle Des serviettes et des chemises ont été tendues pour la transformer en alcôve.

Au moment d’ouvrir la portière, un élan de timidité fait hésiter Msieu Poncet qui jette un œil en direction de Zykë. Celui-ci lui adresse un geste d’encouragement.

 

INT Jour, Mercedes

Dans la demi-pénombre, la femme est répandue sur la banquette arrière, prise d’un sommeil d’ivrogne. Sa bouche ouverte est luisante de substances. Son soutien-gorge à moitié remonté laisse libre un gros sein flasque à téton noir. Elle tient la bouteille de rhum serrée entre ses cuisses.

Msieu Poncet lui touche doucement l’épaule.

Msieu Poncet (timidement) :
Madame ?… Euh, madame ?

Pas de réaction. Msieu Poncet s’enhardit, la secoue plus fort.

Msieu Poncet :
Hé ho, madame !

La femme soulève une paupière.

La femme :
Ay, mi amore… Espera.

(sous-titres : ah, mon amour, attends…)

Elle se redresse, s’essuie la bouche d’un revers de main, se gargarise d’une lampée de rhum qu’elle crache par terre, allume une cigarette, se renvoie une bonne rasade et gratifie Msieu Poncet d’un sourire dément.

La femme :
Mi amore, estas mono, tu…

(sous-titres : mon amour, tu es mignon, toi…)

Msieu Poncet :
Je… Vous… J’comprends pas…

La femme marmonne des trucs inaudibles, reboit un coup, pose la bouteille contre la portière.

Msieu Poncet :
J’comprends pas, madame…

La clope au coin de la bouche, elle soulève les hanches et baisse son pantalon le long de ses hanches, dévoilant un sexe très abondamment pileux. Puis elle tend la main et déboucle la ceinture de Msieu Poncet.

Msieu Poncet :
Euh, non madame… Je voudrais, euh… Non…

Le poing devant la bouche, il mime la fellation.

Sans lui prêter attention, la femme lui ouvre la braguette et en fait jaillir sa verge qui, érigée au maximum, n’attendait que ça.

Msieu Poncet :
Non… Euh, sucer, vous savez ? Vous voulez bien sucer, s’il vous plaît ?

La femme :
No… Tienes que follar, tu !

(sous-titres : Non, tu as besoin de baiser, toi…)

Elle passe une cuisse au-dessus de la tête de Msieu Poncet, s’écarte.

Gp sur sa main au vernis à ongles écaillé qui se referme sur le sexe de Msieu Poncet et l’attire vers le sien.

Msieu Poncet :
Non… N… N… N…

Ses protestations se terminent sur un cri. On comprend qu’il se retrouve dans la place. Instinctivement, il commence à remuer les hanches.

Msieu Poncet :
Ho… Ho…. Ho…

Son mouvement s’accélère. Il se met à pilonner. La femme l’encourage. Il martèle encore de plus en plus fort, jusqu’à l’exagération, tout en éructant de plaisir.

 

EXT jour, terrain vague

La Mercedes tangue.

Divers GPs sur les ailes, le capot, les rétros… secoués par la sauvage étreinte.

Les cris enthousiastes de Msieu Poncet et ceux d’encouragements de la dame s’en échappent.

GP sur le hayon du coffre qui s’ouvre de lui-même.

 

EXT Jour, terrain vague

Zykë observe le tangage de la voiture en fumant une cigarette, un sourire de diable sardonique aux lèvres.

 

(À suivre)

 

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