Gorgé de soleil, gavé d’horizons, la tête pleine d’images et les poches bien vides, je rejoins la bande à Bali.
A Sanur, cette station balnéaire pour vieux pleins-de-pèzes, Zykë s’est trouvé sa maison.
C’est, au bout d’une ruelle ombreuse, à quelques pas d’une plage de carte postale, une bâtisse géante à colonnes de pierre blanche, aux sols de marbre et escaliers de bois précieux, meublée de rouge et d’or et peuplée de statues de dieux fantasmagoriques. Pour ne rien gâcher, ce modeste manoir à l’orientale s’élève au milieu d’un parc édénique où, aux pieds de quatre flamboyants vénérables, exubèrent buissons charnus et bosquets de fleurs géantes.
Un domaine paradisiaque dont Zykë ne sort plus que pour lézarder dans un beach-resort de la presqu’île de Nusa Dua, négligeant la baie voisine, et passe le reste de son temps à visionner des films sur des cassettes vidéo qu’un éditeur pirate de Djakarta lui envoie par caisses.
Gwen, arrivée il y a six semaines, a endossé le rôle d’intendante de la maisonnée. Grande reine brune hâlée par les après-midi de plage, paréo de batik noué au-dessus des seins, parée d’innombrables bijoux et clope voyou en permanence au coin des lèvres, elle dirige d’une main qu’on devine de fer une armée de domestiques aux pieds nus et aux cils baissés.
Sarah, magnifique petite fille aux grands yeux bleus éveillés, règne en despotine très abusive sur trois paisibles nounous à qui un salaire très avantageux fait supporter griffures, arrachage de mèches de cheveux et coups de petits pieds de princesse dans les tibias.
De son côté, Sam s’éclate tous les soirs et toutes les nuits durant, prince des nuits dans les bars rocks de Kuta-Beach, la blague aux lèvres, le bifton facile et la tournée généreuse. Dans cette fête permanente l’accompagne Jo, une belle voyageuse française rencontrée sur place dont il est tombé très amoureux.
Zykë lui a loué, non loin de son palais, une maison sur la plage avec dedans un domestique à tout faire qui s’appelle Nyoman, mais que Sam a pseudonymé « Baxter » pour faire majordome anglais.
Il y a une chambre libre. Je m’y installe et entreprend, bon gré mal gré, avec détermination et courage, d’imiter mes camarades, c’est-à-dire mener une vie oisive de vacancier nanti.
C’est la première fois depuis des années que je ne suis ni en aventure, ni au travail.
Et, à la vérité, je m’emmerde un peu.
Oh, je fais tout ce qu’on doit faire dans ma situation : me baigne dans les eaux tièdes de la baie ; sirote des cocktails à la con aux bars des hôtels qui la longe ; m’offre des longues siestes sous ventilateur, sans oublier de me promener d’un pas rêveur dans les ruelles ombragées de palmiers et de banians qui entourent la baraque…
Mais il faut croire que mes années de vadrouille ont éveillé en moi un instinct particulier.
Une capacité d’observation qui s’exerce même quand je ne la sollicite pas.
Un affût aussi permanent qu’involontaire…
J’ai beau me balader le plus souvent d’un pas baguenaudant, en toute innocence, mains dans les poches, aux deux tiers ivre, plus distrait qu’un mathématicien perdu dans ses équations, certains indices caractéristiques qui s’offrent à mon regard, emmagasinés dans quelque recoin de ma cervelle, finissent par émerger à ma conscience.
Il est bien anormal, le nombre de voitures neuves, berlines et 4×4 de luxe qui me dépassent ou bien stationnent en grappe devant les grilles des pavillons cachés dans la végétation…
Pour le moins suspectes, ces filles que j’ai vues monter dans l’un ou l’autre de ces véhicules, nombrils offerts, courtement enjupettées, talonnées de haut, riant d’une bouche peinte…
Suspects, ces piaillements de filles faussement effarouchées et ces larges rires d’hommes satisfaits qui me parviennent depuis l’ombre des frondaisons fleuries …
Une petite conversation avec le vendeur d’une petite épicerie où je me fournis en arak, l’alcool de riz local, confirme mes soupçons.
– Ada cewek di sana (il y a des filles par ici) ?
Le gars rigole.
– Banyak (plein) !
– Cewek nakal (des filles bandits) ?
Il se marre de plus belle.
– Oui. Il y a des putes partout dans le quartier. Mais les étrangers ne viennent pas baiser par ici. Ils ont toutes les prostituées qu’il leur faut à Kuta-Beach. Ici, à Sanur, ce sont des filles pour les riches de Den Pasar…
– Toutes ! intimé-je à mon reflet, dans le miroir de la salle de bains.
Car enfin : quelque divinité libidineuse m’a échoué ici, dans un quartier des plaisirs ignoré des Occidentaux ?
Soit !
Je ne me déroberai pas à cet appel du destin.
Moi, Thierry, emputassé naguère dans le port d’Algerisas, devenu depuis le distingué arpenteur de lupanars que l’on sait, expert des coïts pognonés, spécialiste mille fois ruiné mais jamais rassasié des amours payantes, je n’écouterai que mon devoir
– Toutes, m’sieu Poncet, tu te les feras toutes !
Je me douche à en épuiser la citerne.
Me frictionne.
Me talque avec soin les aisselles et la raie culière.
Me tamponne longuement le gland.
Me parfume les testicules de Le Troisième Homme de Caron.
– Toutes, tralala, toutes, toutes… chantonné-je en ablutionnant.
Je revêts une chemise de soie, un caleçon fraîchement lavé par Baxter et mon costard de lin blanc.
– Toutes !
Sans attendre une minute de plus, je m’enfonce dans l’ombre des chemins, au hasard, le pas alerte, guilleret de l’âme aux couilles, scandant intérieurement, comme un slogan de manifestation :
– Toutes… Toutes ! Tu vas te les faire toutes ! Toutes ! Toutes…
J’entre dans un jardin.
Au-delà d’une courte allée bordée d’hibiscus, je trouve une ligne de petits bungalows carrés, guère plus gracieux que les chambres d’un motel de fond d’Amérique.
Une fille est assise devant l’un deux.
Au-dessus d’elle, deux bougainvillées blanches fusent vers le ciel.
Elle se tient pliée, les coudes sur les genoux, ses pieds nus un peu en dedans. Sa robe de coton aux rayures bleues, façon marin, sans manches, me laisse voir par une de ses échancrures un menu sein conique à la pointe acérée.
Ses cheveux noirs sont coupés courts, ébouriffés comme ceux d’un petit garçon chahuteur.
Le menton lové dans la conque de ses deux mains, la tête un rien penchée sur le côté, elle regarde dans le vide, perdue dans ses pensées, une expression d’indicible tristesse dans ses yeux sombres.
Alors que j’écris ceci, il y a bientôt trente ans que je me suis aventuré dans ce petit bordel discret des tréfonds de Sanur.
Pourtant, je n’ai aucun mal à vous la décrire, cette image d’elle. Avec les bougainvillées qui formaient une arche immaculée, la poussière de soleil qui voletait autour de nous et la déchirure qui, au bas de sa robe de marin, dessinait un « v » effiloché sur sa cuisse brune.
Cette image-là, je l’ai en moi, gravée, imprimée, tatouée, dans mon cœur, au fond de mon âme, sur ma peau, où vous voudrez.
Depuis trente ans.
Partout. Toujours.
J’ai froid.
Non, j’ai chaud.
Ou bien les deux à la fois. C’est-y possible ?
Je toussote.
Pas pour attirer l’attention de la fille. Pour essayer de me dénouer la gorge.
– Ahem… Selamat malam, cantik (salut, la jolie) !
Un filet de sueur glaciale et brûlante coule le long de ma colonne vertébrale.
Comme je me suis approché d’elle, j’ai soudain peur de me mettre à puer l’homme blanc, malgré le soin que j’ai pris à me récurer la carcasse.
Les filles d’Asie détestent le fumet de nos chairs roses.
Si j’allais la dégoûter ?
J’en crèverais, je crois…
Elle se redresse.
Son visage est carré, anguleux, pommettes hautes et menton dur de bagarreuse.
– Bahasa indonesia (tu parles l’indonésien) ?
Je fourre mes deux mains dans les poches de ma veste, de peur qu’elle remarque à quel point mes doigts tremblent.
– Oui, fais-je, je suis le genre de gars très agile avec la langue.
La fille éclate de rire, m’envoyant au visage ses dents blanches du plus bel ivoire, me giflant de la lumière éblouissante de ses yeux.
Elle tend la main droite, m’attrape l’entrejambe.
– Tua, mau icik-icik, betul (toi, tu veux baiser, pas vrai) ?
Elle s’appelle Indra.
Est née au-dessus d’un étang d’ordures dans les faubourgs de Bandung, une des mégalopoles de l’île voisine de Java, il y a, pense-t-elle, vingt-cinq ans, peut-être vingt-huit.
Etait une gaminette aux nichons naissants à l’heure de son premier micheton.
A fait la pute, depuis, aux quatre coins de l’archipel.
Sa peau, c’est du miel, chaud comme une flaque de soleil, doux comme un cuir fin.
Ses yeux, deux lacs d’huile noire.
Son odeur, un souffle de vanille et de poivre.
Sa voix, un chant rauque. Son rire, un caquètement métallique, affolé, tragique, d’oiseau pris au piège.
Son cul, c’est une croupe de biche, aux muscles durs d’animal galopant.
Ses seins, des cônes effilés, sombres, souples, doux et dansants, paire de défis jetés à l’homme.
Son con, c’est un coup de couteau, une cicatrice mauve, brève, encore enfantine, à peine coiffée, de chaque côté, de deux fois trois cheveux de soie.
On baise sans s’arrêter, nuit et jour.
Nos rares pauses, on les emploie à nous apprendre l’un à l’autre des mots obscènes en indonésien, en français et en anglais, nous inventant une langue intime, délicieusement salace, grâce à laquelle on se crache aux visages nos ordres et nos suppliques, les sangs bouillant.
Avec Indra, je suis un chien en chasse, un bouc, un dieu Pan.
Quand d’aventure je m’effondre, essoufflé et suant, essoré par la dernière étreinte, un frôlement de ses lèvres, un toucher du bout de ses doigts ou même un effluve monté de sa peau, me fait à nouveau bander jusqu’au ciel.
Inlassablement elle me caresse de ses cheveux, des deux pointes figées de ses seins, de sa langue dardée, de sa chatte, entrouverte virgule de braises.
Elle s’offre à ma reconquête, épaules au sol, cambrée, cuisses écartelées, sexe ouvert à deux mains.
– Mau, mau didalam, exige-t-elle, viens, viens dedans !
Elle se tourne, fesses levées, chienne, les genoux plantés en large V sur le mince matelas.
– Frappe, casse le cul à moi !
Elle se plie, s’agenouille,se prosterne, engouffre mes couilles dans sa bouche, remonte le long de ma hampe, enroule sa langue autour de ma verge, levant vers mon regard des yeux de soumise comblée.
Mais le plus délicieux, à la fois le plus ardent et le plus doux, c’est lorsqu’elle m’allonge sur le dos et vient s’empaler, accroupie sur ma hampe. Elle fait alors jouer les muscles de l’intérieur de son vagin, me baisant sans que le reste de son corps ne s’anime du moindre mouvement. C’est comme une main de soie, tour à tour tendre et impérative, une pompe, une trayeuse dont la succion m’engouffre tout entier, ardent, jeté au bûcher, en feu de la nuque au bout du sexe.
Et, quand la retenue me devient douleur, quand enfin je m’arrache une nouvelle giclée brûlante, enfonçant mon foutre au plus profond, elle se laisse tomber sur notre couche, poussant un cri à la fois râle et rire, que suit un ample soupir de bon ouvrier satisfait de son labeur.
– You two have to go, man. Tous les deux, vous devez partir.
Le gérant du bordel est un jeune type sympa aux longs cheveux noirs qui lui tombent dans le dos. Fan de musique pop américaine des années 70, il passe la majeure partie de son temps défoncé, à écouter ses idoles sur son walkman : Eagles, Eric Clapton, Bob Seger…
Il secoue sa tignasse, l’air désolé :
– Indra, elle est là pour travailler, man. Il y a des clients qui la réclament. Qu’est-ce que je leur dis, moi ?
– Je comprends…
Ma belle copine roupille.
Vasouillard, le corps, la tête et les burnes vides, je me suis écroulé sur un fauteuil de bambou qui trône devant la porte de la chambre pour manger un bol de soupe vendu par un marchand ambulant, arrosé d’un verre d’arak ou deux.
Sur les seuils des autres bungalows en enfilade, des filles plus jolies les unes que les autres bouffent de même, accroupies sur leurs talons, blablatant de choses et d’autres, dans ce pépiement femelle, volontiers caquetant, qui est la musique de tous les matins d’Asie.
Souvent, elles coulent un regard en coin vers moi, échangent des commentaires que je devine égrillards et gloussent de rire.
Je ne porte qu’un bermuda fleuri un peu trop étroit pour moi que j’ai trouvé dans la chambre et la veste de mon costard de lin blanc sur les entrelacs de griffures de mon torse nu.
Machinalement, en bon Blanc vadrouilleur habitué à ce que toute réclamation d’autochtone soit une exigence d’aumône, je pêche au fond de ma poche les trois billets roulés en boule qui me restent. Le type me pose la main sur le bras, gentiment, en rigolant, pour stopper mon geste.
– C’est pas une question d’argent. Ce n’est pas moi le boss, ici. C’est une bonne femme balinaise, la propriétaire. Elle ne veut pas qu’une fille reste avec un seul type. Si une fille est là, elle doit ramener un maximum de clients, c’est le principe.
Je soupire :
– Okay… Je vais la prévenir.
Réveillée, vêtue d’un sarong léger noué sur les seins qui recouvre à peine le haut de ses cuisses brunes, ayant allumé une de ses cigarettes « kretek » aux clous de girofle, Indra échange quelques piaillements en javanais avec l’hôtelier.
Après quelques minutes, elle hausse les épaules et crache ce qui doit être une insulte, vu la grimace qui l’accompagne.
Le type éclate de rire, toutes dents blanches dehors, lève les mains en signe d’impuissance, « c’est comme ça, ma belle », replace les écouteurs de son walkman sur ses oreilles et s’éloigne.
Ma belle amante m’enlace, insinue ses griffes sous ma veste, m’agace les tétons, descend, me gratifie d’une caresse de l’ongle de long de la verge et me souffle dans le creux de l’oreille :
– J’ai une autre chambre à Den Pasar, tu veux venir avec moi ?
Les biens terrestres d’Indra tiennent dans un sac de plage qu’elle remplit en trois minutes.
On passe d’abord chez Sam, où je rassemble en vitesse quelques fringues et mes affaires de toilette.
Plus la cantine qui renferme mon matériel d’écriture.
Plus ma dernière légère, très légère, réserve de fric.
Entendant du bruit, Sam sort de sa chambre, dans un grand short blanc qu’il a lui-même décoré au marqueur indélébile de jolis motifs de bites ailées.
Il a les cheveux noirs en désordre, les lunettes sur le bout du nez, les yeux rouges.
Visiblement, il a encore fait la fête toute la nuit avec Jo, et tous deux sont partis pour ronfler une bonne partie de la journée avant de remettre ça dans quelques heures.
– Qu’est-ce que tu fais, tu te casses ?
Du pouce, je lui désigne Indra, qui attend dans le jardin, son sac à la main.
– Je vais chez ma fiancée.
Il éclate de rire, me gratifie d’une tape sur l’épaule, s’en retourne à son pieu et à Jo.
– Fais gaffe à tes os, mec !… Et bonne bourre !
– Toi de même.
Den Pasar, la capitale de Bali, est une petite ville crasseuse et étouffante comme on en trouve partout sur le continent : larges avenues au revêtement approximatif, flanquées d’immeubles identiques, masquant derrière eux des fouillis de ruelles à misère ; deux ou trois marchés sous de vieilles halles, lançant aux alentours leurs tentacules d’étals sous leur mosaïque de bâches délavées ; bâtiments crasseux d’administration et de police ; quelques ronds-points ornés de statues de béton qui sont à l’art balinais ce que nos monuments aux morts sont à la statuaire occidentale…
Les touristes, d’ordinaire, ne s’y rendent guère, à part ceux qui, en voyage organisé, sont emmenés en troupeau pour, l’espace d’une heure, verser leur obole dans une foire à souvenirs.
La plupart restent tout au long de leur séjour à paresser dans les beach resorts des stations balnéaires, pour les riches, ou bien, pour les sac-à-dos, se la branler douce dans les guets houses de Kuta, sans jamais se soucier de l’envers du décor.
Ayant pris un bemo, un petit taxi collectif, on en gagne les faubourgs en une vingtaine de minutes.
Alors qu’on longe une avenue au bitume crevé nommée le Tanjung Bunca, Indra demande soudain au chauffeur de s’arrêter.
Elle m’entraîne sur un chemin de terre qui s’enfuit entre deux murs d’immeubles. On marche jusqu’à un préau au toit de tôle qui abrite un grand comptoir de bar, visiblement désaffecté. Indra m’explique :
– C’était une discothèque, mais le patron est mort.
Avec la main, elle fait le geste de tirer au pistolet.
– Ada masalah, (Il a eu un problème) !
Elle éclate d’un rire cruel, me mord le lobe de l’oreille, m’entraîne plus loin.
Derrière l’ancien disco s’ouvre,dans un interstice entre deux maisons de bois un autre chemin, ou plutôt une sente, un étroit passage à peine assez large pour une personne. Indra s’y faufile en me faisant signe de la suivre.
Il faut marcher les pieds écartés car au milieu court une sorte de ruisseau d’eau sale qui dégage une violente odeur d’œuf pourri.
Au bout d’une trentaine de mètres, on arrive dans une sorte de terrain vague en rectangle, au sol recouvert d’une sorte de cendre noire parsemée de flaques d’herbe, entouré de toutes parts de rangées de petites cabanes de ciment.
Indra traverse.
Des gens sont là, qui la saluent :
– Indra… Oh, Indra Mau lagi… Selamat datang, Indra (Indra est revenue… Salut Indra)…
Un filet de volley ball en mauvais état est tendu en travers du terrain.
Dans un angle, une minuscule bicoque au toit de tôles abrite une gargote à bière et à soupe qu’entoure un désordre de tables et de chaises dépareillées.
De l’autre côté, il y a un atelier de mécanique, avec des chambres à air pendues au mur, des carcasses de motos et des bouts de moteurs qui traînent devant.
En face, un chevelu tatoué sur tout le corps est en train de tatouer un autre type assis sur un seau renversé…
J’observe tout ça et je rigole intérieurement.
Y’a que moi, putain…
En plein Bali, l’île de paradis, la destination rêvée de millions de personnes, l’Eden de l’océan indien aux centaines de plages plus paradisiaques les uns que les autres.
Y’a que moi pour m’installer dans un bidonville !
– Tchili, tu viens ?
« Tchili ». Comme tous les Asiatiques, Indra a des difficultés à prononcer les « t » et les « r ». Aussi suis-je devenu « Tchili ».
Elle ouvre le cadenas qui maintient fermée une porte d’acier rouillé. Derrière, une petite chambre. Un matelas en mousse à même le carrelage. Quelques vêtements de fille pendus aux murs par des clous.
Je gagne le fond de la pièce où s’ouvre, séparé de la chambre par un rideau de cotonnade fleurant bon la poussière, un réduit avec un trou de chiotte et un bassin d’eau en béton verdi.
– Tchili !…
Je me retourne.
Indra, accroupie sur le grabat, est en train de déboutonner son chemisier d’une main. De l’autre, elle me fait signe de la rejoindre.
Je vais à la porte, me débraguettant d’une main et, de l’autre, pousse le verrou.
(A suivre)
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