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Zykë L’Aventure – Le film (08)

Publié par le 23 juin 2018


Adapté du roman Zykë L’Aventure, Thierry Poncet, éditions Taurnada, en librairie ou ici
 :

https://www.taurnada.fr/

https://www.babelio.com/livres/Poncet-Zyk-laventure/962158

https://www.amazon.fr/Zyk%C3%AB-Laventure-Thierry-Poncet/dp/2372580345

https://livre.fnac.com/a10793510/Thierry-Poncet-Zyke-l-aventure

 

INT Jour, bureau

Msieu Poncet à la machine à écrire. On remarque que les murs sont maintenant complètement recouverts de papiers scotchés, que le matériel de papeterie a colonisé toute la pièce. L’ensemble donne une impression de bordel et de profusion.

Des éclats de voix intriguent Msieu Poncet. Il termine de taper sa phrase et va à la porte.

 

EXT Jour, patio

Driss est en train de s’engueuler en arabe avec un nabot en gandoura à capuchon pointu très agité. Zykë observe l’algarade avec un agacement croissant. Au bout d’un moment, il retient Driss qui veut taper sur le gnome et donne à celui-ci, d’un geste méprisant, une liasse de billets, avant de lui intimer de disparaître de sa vue. Le peu ragoûtant lutin obtempère et s’en va, comptant ses biftons.

Driss et Zykë regagnent le réfectoire, Zykë calmant Driss, très énervé. Ils passent devant Msieu Poncet sur son seuil.

Zykë :
C’est le propriétaire. Il nous casse les couilles parce qu’on lui a brûlé du bois.

Driss :
Pourquoi tu l’as payé ? C’est pas le prix du bois, ça, c’est le prix de l’or !

Zykë :
T’en fais pas, il va la sentir passer… (à Msieu Poncet) : Rassemble ton bordel, on se casse.

Msieu Poncet :
On se… ?

Zykë le regarde fixement. Msieu Poncet cède.

Msieu Poncet :
On se casse, d’accord. Okay. Pas de problèmes.

 

INT Jour, bureau

Msieu Poncet a décollé tous les papelards des murs. Il range la papeterie dans la cantine. Des fracas accompagnés de rires le ramènent à la porte.

 

EXT Jour, patio

Zykë et Driss sont en train de casser tout ce qui se trouve dans la baraque. Driss sort de la cambuse avec une pille d’écuelles en terre cuite qu’il pulvérise au sol. Zykë crève son fauteuil de rotin à coups de bottes.

Zykë (à Msieu Poncet, interloqué) :
L’enculé a voulu nous enfler, alors on casse tout, tu comprends ?

Msieu Poncet (qui ne comprend pas) :
Euh… oui… je comprends…

Zykë fracasse négligemment une chaise contre un mur.

Zykë :
Toi aussi, démolis tout ce qu’il y a dans ta chambre.

Msieu Poncet :
Euh…

Zykë le regarde fixement. Msieu Poncet cède.

Msieu Poncet :
Je casse tout. Okay. (Il se retourne, continuant à marmonner). L’enculé a voulu nous enfler. Okay. Alors on casse tout. D’accord. Okay…

Il se saisit maladroitement de son tabouret et l’abat sur la table. De l’extérieur parvient un énorme fracas et des rires plus forts qu’avant. Msieu Poncet sourit, abat de nouveau le tabouret sur la table, le disloque, retourne la table et en arrache un des pieds.

Msieu Poncet (rigolant) :
On casse tout ! D’accord ! D’accord !

 

EXT Jour, route

La Mercedes roule sur une piste au milieu d’un somptueux décor rocailleux du sud marocain. On distingue les trois hommes à bord. Des fenêtres s’échappe, braillée, la chanson La Petite Émilie :

La petite Émilie m’avait promis / Trois poils de son cul / Pour faire un tapis / Les poils sont tombés / Le tapis est foutu / Émilie n’a plus de poils au cul !

 

EXT Jour, bivouac

Crépuscule grandiose sur un coin de l’Atlas, désert à perte de vue.

Sur un feu de branchettes cuit un plat de pois chiches. Driss est accroupi devant. Il chantonne La Petite Émilie bouche fermée. Zykë, assis sur un fauteuil de la Mercedes, portière ouverte, boit du whisky à la bouteille. Msieu Poncet, assis par terre prend des notes. À côté de lui, un cageot renversé sur lequel repose la machine à écrire.

Zykë (mimant) :
… alors quand mes esclaves étaient dans le bassin de la mine d’or, de l’eau jusqu’à la poitrine, je m’amusais à leur tirer dessus avec le 357 Magnum. Ils avaient une trouille bleue, parce que les balles ricochaient sur la paroi…

Msieu Poncet :
C’est dur, quand même.

Zykë :
Je ne suis pas un touriste, camarade. Comment t’expliquer ?… Quand tu veux qu’une bande de repris de justice, de maquereaux et de salopards se foutent à l’eau pour dégager du gravier à la barre à mine, tu ne leur demandes pas : « voulez-vous creuser, messieurs, s’il vous plaît » !

 

EXT Nuit, bivouac

Msieu Poncet tape à la machine d’une main, l’autre tenant une lampe de poche.

 

EXT Jour, ville

La Mercedes se fraye un chemin au travers des encombrements d’une ville : motocyclettes, charrettes, vieilles bagnoles, foule à pieds.

 

INT Jour, hôtel

Une chambre d’hôtel minable. Driss affalé sur un des lits, fume du kif. Msieu Poncet est attablé devant la machine à écrire. Zykë arpente.

Zykë :
Ne crois pas que je sois stupide, Msieu Poncet. C’est le contraire, je suis très intelligent. Je réfléchis beaucoup. Comment t’expliquer… le temps de l’action, ce n’est plus le temps de la réflexion. Plus de compromis possible. Plus de ménager ci, ménager ça. L’action, c’est manichéen : oui-non, noir-blanc, ami-ennemi, je te tire dessus – je te tire pas dessus…

 

EXT Jour, Kétama

La Mercedes roule sur une route sinueuse de montagne, alors que des flocons de neige commencent à tomber.

 

EXT Jour, Kétama

La Mercedes descend le long d’un chemin étroit, vers le fond d’une vallée couverte de plants de cannabis.

 

EXT Jour, Kétama

Les trois hommes sont accueillis par les planteurs d’herbe, deux paysans rigoureusement jumeaux, vêtus de gandouras semblables, à la gestuelle identique.

 

INT Jour, ferme

Une pièce douillette, pleine de couvertures et de coussins, chauffée par un radiateur à gaz. Par la petite fenêtre, on voit la neige tomber. Driss roule un joint, une débauche de plaques de haschich devant lui. Msieu Poncet est devant sa machine à écrire. Zykë arpente.

Msieu Poncet (choqué) :
Parce que les mecs sont pédés, tu démolis leur campement ?

Zykë :
Msieu Poncet, Msieu Poncet… Comment t’expliquer ?… Dans la vie ordinaire, la vie sexuelle des gens, je m’en fous. Ils peuvent se faire sucer par des chèvres si ils veulent, c’est leur problème. Mais là, j’ai décidé de devenir le roi du coin. Le roi de l’or. Je me suis mis dans la peau du parfait salopard. Homophobe, raciste, injuste, salopard, tout ce que tu veux. À fond, tu comprends ?… Sinon ça n’a pas d’intérêt, tu comprends ?

Msieu Poncet (qui ne comprend pas) :
Je comprends.

Zykë :
Je ne suis pas idiot. Je sais bien que ce n’est pas une attitude morale. Mais à ce moment-là, en pleine action, tu sais ce que j’en fais, de la morale ?

Msieu Poncet :
Tu lui pisses à la raie ?

Zykë (réjoui) :
Ah !… Voilà !… Tu commences à comprendre…

 

INT Jour, ferme

Msieu Poncet à la machine. La caméra s’approche du feuillet engagé sur le rouleau.

Texte :
Je me rappelle aussi un à un les membres de ma joyeuse équipe, des types au départ sans grande envergure mais dont j’ai extirpé le meilleur. Ils étaient devenus des copains. Et maintenant place aux plaisirs que vont me procurer mes trois kilos d’or, unique et éphémère souvenir du Costa Rica.

Msieu Poncet tape lentement les trois lettres du mot FIN.

 

EXT Jour, ferme

Msieu Poncet se pointe sur le seuil. Les deux jumeaux, Driss et Zykë sont autour de la Mercedes, les quatre portes ouvertes.

Driss :
Ils disent qu’ils peuvent mettre au moins deux kilos par portière…

Zykë :
Dis-leur que je suis en tournée de repérage. Je reviendrai l’année prochaine. À ce moment-là, on fera le business, c’est juré… (Il remarque Msieu Poncet) : Ça y est ?

Msieu Poncet :
Fin !

Exultant, Zykë court vers la maison. Sur le seuil, au passage, il frappe lourdement l’épaule de Msieu Poncet.

Zykë :
Bravo, Msieu Poncet !… Tu me feras penser à te donner une médaille !

Msieu Poncet rit jaune.

 

EXT Jour, port

Port de Melilla. Un ferry est prêt à partir. Dans la cale, on aperçoit la Mercedes.

Zykë, Driss et Msieu Poncet sur le quai. Zykë compte des billets et les donne à Driss.

Zykë :
Salut hermano, bonne chance.

Driss :
Merci. Merci pour tout.

Ils se donnent l’accolade. Driss, les larmes aux yeux, donne ensuite l’accolade à Msieu Poncet, avec force tapes dans le dos.

Driss :
Va avec dieu, msieu le secrétaire !

Msieu Poncet (ému) :
Toi aussi, Driss. Merci…

 

EXT Jour, bateau

Sur le pont, des familles marocaines expansives et des hommes seuls taciturnes (qui s’en vont travailler en Espagne).

Zykë et Msieu Poncet, accoudés au bastingage, regardent s’éloigner les côtes marocaines.

Zykë :
Alors, Msieu Poncet, ce premier voyage africain ?

Msieu Poncet :
Hmm.. eh bien… hmm… très instructif.

Zykë (rigolant) :
Allez, on va se prendre un petit coup de rhum pour fêter ça !

 

(À suivre)

 

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