Haig
ROTTEN ISLAND 22
Petit matin dégueulasse. Brouillard dehors. Lourd. Gluant. Jumeau de la désolation qui poissait mon âme. Mauvaise gueule de bois, avec bouche pâteuse et ligne de braise sanguinolente entre les tempes, récompense du mauvais scotch en quantité. Les tronches de mes quatre compagnes et compagnon, plus la mienne, sûrement semblable. Dégoûtées, les faces. À bout. … Continuer la lecture
ROTTEN ISLAND 21
La cascade. Sa tenture d’eau limpide, d’une blancheur de cristal, qui jaillissait d’un entrelacs de fougères perchées sur des roches moussues, chutait d’une petite hauteur d’homme et plongeait dans son bassin presque circulaire, à la surface sans cesse agitée de cercles mouvants, dans un chuchotement impérieux, constant, obstiné, qui emplissait les alentours. La cascade … Continuer la lecture
ROTTEN ISLAND 20
Carnet rouge fini. Kaput. Trois petites pages encore, plus les deux versos blancs de la couverture de carton. Depuis que les Tristouilles nous ont recueillis dans la caverne, ils se montrent toujours aussi distants avec moi. Silence. Ignorance. Regards vides lorsque par hasard ils se posent sur moi pour aussitôt se détourner. Normal. Pour … Continuer la lecture
ROTTEN ISLAND 19
Noir. Dense, le noir. Visqueux. Un goudron. Et pourtant vide. Exempt de toute pensée. Le néant. Ce qui me restait de conscience n’était qu’une sorte de halo lointain, très lointain, d’une teinte un peu plus rouge que le bitume ambiant. Le premier soupçon d’une aube polaire au bout de la longue nuit d’hiver. Une … Continuer la lecture
ROTTEN ISLAND 18
Amazing grace How sweet the sound That saved a wretch like me… (Grâce étonnante, au son si doux / Qui sauva le misérable que j’étais…) Pleuré, jeté, jailli plutôt que chanté de la gorge de Pearl Mama, plus éraillée que jamais, conséquence du triple marathon d’épreuves, de trouille au bide et de fatigue, le … Continuer la lecture