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Cinq jours et des moiteurs – 02

Publié par le 6 mars 2019

 

Cinq jours et des moiteurs – 02
Un récit du Pacifique sud par Laurent Gourlez

 

Jour Deux

La violence de la lumière me fait détourner la tête. Yeux bleus fragiles, je suis limite photophobe ! C’est comme au sortir de ce boui-boui de Bangkok sur Sukhumvit boulevard à midi après des nuits de gamberge puis de beuverie.
Une musique, ça : B.a.n.g.k.o.k. La Souris Déglinguée. Tai-Luc chante LA ville d’Asie tropicale.

En attendant, autour de moi, c’est toujours Papeete et rien à branler. Me connaissant, la tournée des grands-ducs s’annonce. Belote et rebelote. Dix de der. Petit au bout. Marié ou pendu, c’est pareil.
Je marche  le long de la jetée pour me remettre les idées en place. La beauté d’un gosse pêchant avec un bâton et un bout de ficelle me réconcilie avec le monde. Je fais tout de même bien attention de passer au large d’un groupe de lascars trop silencieux pour être nets. Cheveux longs, barbes ou crânes rasés, bandanas, les gars ne sont pas des tendres. Ça veut dire violence, oeuvres caritatives et trafics. Croyez-le si vous voulez : les Hells locaux font dans l’humanitaire…

Attiré par la musique qui gueule, je finis par jeter l’ancre dans un rade de Polynésiens tranquilles.
Bière, quoi d’autre ?
Je connais l’endroit pour y être venu une paire de fois. Un endroit strictement pour locaux, des gars moqueurs, costauds mais pas agressifs. Bien sûr, passée une certaine heure et une grosse dose de bière et de whisky, la sagesse commande néanmoins de partir. Chassez le naturel, la violence revient au galop !
La première fois j’y suis allé la bite sous le bras en quête d’une pute. Besoin irrépressible. Il y avait des putes. Je n’ai pas eu de pute. Réservées pour les habitués, pour les naturels du coin. Sur l’archipel, en général, les vraies prostituées sont discrètes. Tabou. L’Asie est loin. Je me suis consolé en buvant des coups pour faire bonne figure. Une autre s’il vous plaît ?… Merci…
Ces gars-là auraient pu faire exploser le bar en prenant tous leur respiration sans être sous stéroïdes. Casquette sur la tête pour les uns, les autres bien peignés noir lustré, tous en chemises repassées, propres comme des sous neufs et joyeux comme des mineurs touchant leur quinzaine. Vrai, ce sud des suds me rappelle les bistrots d’ouvriers de mon Nord de France, à l’époque où il y avait encore des ouvriers qui aimaient à rester un moment ensemble avant de retourner à la maison.
Ces types ont entre eux la prévenance des hommes qui connaissent leur force et une vraie camaraderie de soldat. Les rires fusent. Les paroles s’échangent en tahitien. Ça chante gai à mon oreille.
Outre les locaux, je repère des Paumotu natifs des Tuamotu. Plus un unique Marquisien qui reste à l’écart. Le Marquisien c’est le Prussien de la Polynésie, le Viet des archipels, dur au boulot et âpre au fric. Plus calme et froid que les autres, il se tient à l’écart. On l’ignore. Il est craint, pas aimé. Oh, il n’est pas méchant, pas plus que d’autres, mais le gars se sait en sous nombre démographique. Aux aguets, le type, mais ne la ramène pas.
Le rade n’a pas fait le plein. Des gars sont encore au boulot. Je suis rasé de près, propre et net, alors que je ne me souviens pas d’être passé à la douche. La fille du bar me propose une autre bibine avec un sourire de vendeuse. La chaîne hi-fi gueule un rock tahitien Radio locale j’entends Aldo de Manahune chantant Motu. Un pistolet de première le gars. Je décide de me laisser aller.
Je me vois enfiler la bière dans la glace du fond. Cheveux noir épais, yeux bleus encore plus pâles que d’habitude, gueule émaciée : je ne respire pas la joie. Candidat au suicide, me dis-je en rigolant en mon for intérieur. Déjà, des paires d’yeux noirs que l’alcool commence à enrager se fixe un peu trop longtemps sur ma pomme.
La sagesse l’emporte.
Quand je prends mon sac pour partir, une main ferme me retient le bras.
Marinella.
Marinella tout sourire amer, qui se penche vers moi d’un mouvement infiniment beau de grâce et de retenue et me rappelle à l’oreille ma lointaine promesse de la suivre à Rapa-nui dans sa grotte.
Marinella est pascuane. Je n’ai jamais su ni demandé d’ailleurs pourquoi elle était venue se perdre ici.
Chute libre.
Elle me renvoie à mes démons et mes amours difficiles. Je me tais. J’ai du fer en bouche.
D’un signe du menton vers l’arrière du comptoir, elle me fait comprendre qu’elle prend son service.
Marinella, cette princesse-née, elle dont chaque geste est une danse dictée par de puissants dieux morts, barmaid dans ce rade !
J’en gueulerais.
Des Tahitiens nous regardent, nous observent. Me scrutent. La musique va crescendo à mesure que les lascars entrent dans l’établissement.
Pendant les quelques instants où j’hésite, je perçois l’éclair bien connu de folie dans ses yeux noirs de princesse des eaux tumultueuses. Le jeu rituel. Soit je barre et elle fait une scène. Soit j’assure le coup en présence de son homme, qui, j’imagine, doit arriver ou est déjà présent, et je risque gros, très gros.
Au point où j’en suis-je décide de rester.
Advienne que pourra !
Les clients arrivent de plus en plus nombreux. La place manque. Je reste discret me fais oublier. Marinella me rince allègrement et il y a toujours Aldo à la radio.
Les Tahitiens, Paumotu, Marquisiens et gars des Australes rivalisent de parfums, de lotions, de chemises éblouissantes pour se rappeler leur statut d’hommes libres nets, fiers et hors de contrôle.

J’ai connu Marinella quelques années plus tôt, par hasard. On s’était promis d’aller nous perdre dans une habitation troglodyte de l’archipel de Pâques.
Tu parles ! Vite promis, vite oublié.
Je me souviens de notre dernière rencontre. Je suis sans boulot, à la rue. Après quelques jours à divaguer, je dis adieu aux amis lors d’une soirée difficile. Marinella me voit de la rue dans le bistrot. Elle apprend mon départ proche, s’assoit à côté de moi. Les potes ricanent. Leurs femmes ou amantes rigolent moins. Elles voient en moi un reflet de leurs mecs. Le type impossible à vivre, buveur, fumeur, homme à femmes, qui s’embrouille avec tous les patrons, le gars toujours fauché.
Marinella roule un joint. Je tire sur la paka. Nous buvons tous. Nous fumons tous. Je lance : nous revenons dans une heure. Je prends Marinella par la hanche nous sortons.
Je connais sa grâce une dernière fois dans une des vallées de l’île, pas loin.
Retour avec les potes. Tous de plus en plus dingues. Leurs femmes sont parties n’en pouvant plus. Le taulier ne sait  plus où donner de la tête.
I ain’t no nice guy. Je ne suis pas un type bien(…)
I thought that I was living out the perfect life. Je croyais vivre la vie parfaite.
(Lemmy Kilmister, Mötorhead)
Puis ce fut le trou noir. Grand vide. Merci les potes. Putain de toi, Marinella, pauvre de moi !

Retour au temps présent. Elle sert des loustics, encore et toujours. Soif inextinguible de marins forcenés. Des gars se foutent sur la gueule dehors. Branlée Numéro Un. Je sens la baston générale arriver, le bar cassé. Le mélange des parfums de tiare et de lotion de supermarché a cédé sous la pression de la sueur du tabac de l’alcool et de la testostérone. Les gars sont en passe de devenir fous furieux. Visages luisants de sueur, yeux perdus, corps prêts à bondir.
La chance et Marinella sont avec moi. Je passe au travers des gouttes. Elle m’entraîne au dehors. J’ai un goût de vomi  dans l’arrière gorge et il fait déjà nuit. Sa voix chante :
– Viens chez moi.

 

Jour Trois (je crois)

Il est déjà 15 h00. L’alcool, la pakalolo et le sexe ajoutés aux douze heures de décalage horaire se font sentir de tout leur poids.
Marinella ne sera de retour que tard. Tant mieux. Pas envie de parler projets qui de toute façon sont mort-nés pour elle comme pour moi.
Je jouis de la climatisation. Mon instinct me dit d’en profiter un maximum. Je prends une douche glacée, roule un joint et reste assis nu sur un fauteuil à contempler le ciel.
À la radio le même pote marquisien chante du rock de sa sauce. Décidemment il fait un tabac. J’aime. Après une bordée en ville, de peur de se faire engueuler par sa femme, le chanteur a ouvert le capot de sa bagnole pour s’y dégueulasser les mains ; chez lui : « suis tombé en panne » ; sauf que son haleine ne sentait pas le gas-oil. Explication de gravure. Il ne recommencera plus. Promis, juré, craché, tralala…

J’appréhende le reste de la journée à venir. Trop tendu. Pas envie de rester chez Marinella ni de revoir Raph’ pour l’instant. Je choisis l’option potes et rades de fortune mais, dès que je me retrouve en pleine rue, je sens mal l’affaire. Je file du mauvais coton : picole mon blé, commence à être pris d’un sentiment de toute puissance, dois redescendre en nombre de tours/minute.
Je retourne chez Marinella taper comme un salaud dans sa réserve de pakalolo. À nouveau calé dans le fauteuil face à la mer, je laisse la tension baisser, s’évanouir, se liquéfier telle la glace dure au premier soleil de mars.
Avant de sombrer dans le rêve, j’espère une musique mais n’ai plus la volonté de choisir le bon tempo, de trouver l’instrument ni la voix qui me calmera au hasard de l’un des disques empilés un peu partout dans l’appartement. Par un coup de volonté, j’ouvre la baie vitrée. Résultat immédiat : agression sonore et olfactive, moteurs et gaz d’échappement. Comme j’ai coupé la clim en partant, je laisse danser ce couple moderne infernal par crainte de devoir me lever toute les trente secondes pour me risquer à choisir un morceau de rock ou de jazz qui me décevra.
J’y suis j’y reste.
Je fais face à ma présence dans cette ville, concentré de tous les loupés du Nord et du Sud. Ce n’est pas Lagos, ni Dacca, encore moins Bombay et c’est pour cela même que je lui en veux.
Papeete…
Tu avais tout et tu as tout gâché. Et qu’est-ce que tu me racontes ? Que rien n’est de ta faute. Tu me fais le coup de la vie qui tourne mal, comme au juge. Celui des sales rencontres trop jeune. Les mauvaises fréquentations, l’apprentissage du vice et puis, quand le pli est pris…
Tu me donnes envie de gueuler, tiens !
On ne les compte plus, les maquereautages, les chienneries, les corruptions avouées et celles qui resteront toujours cachées. Voyageurs, colons, paumés de passage, locaux, tous ou presque en ont croqué, bouffé à en dégueuler, pris de frénésie. Pour les uns argent facile, pour les autres, sexe, jeu, projets fous toujours avortés. Promotions comme fonctionnaires locaux ou détachés. Politique pour les plus rusés, du bord qui veut bien d’eux. Le tout gras. Bien gras. Très gras.
Les exceptions sont nombreuses mais cachées. Discrètes. Il existe bien quelque opposition ouverte, forte d’esprit, indépendante. Peine perdue. Je, tu, il, nous, vous, ils pissent dans un toere.
En face inertie tellurique. Et la gueule de bois qui s’éternise depuis l’annonce de la fin des essais nucléaires.
En attendant tous doivent casquer. Blancs, Tahitiens, Demis, Chinois. Tous dévorés, tous baisés. Tous vont revoir à la baisse leur train de vie. Tous des ventres qui s’aperçoivent que la cantine a ses limites.
Même si, depuis la fin de la vieille romance, Paris s’est engagé à continuer de raquer pour un temps, les beaux jours sont finis. La pluie froide arrive. Et pour longtemps. Le cœur n’y est plus et l’argent se fera rare.
Certains s’en foutent éperdument, ils sont peu nombreux mais existent. Ils sont solides. Ils ont le seul possible futur de cet archipel paumé.
Exilés chez eux, ils cultivent leur jardin, isolés volontaires du reste du monde. Sur leurs fronts est marqué : inodore, incolore, insipide. « Je passe sous la couverture radar » est leur devise.
Est marqué aussi : dur.
C’est pourtant vrai qu’ils sont les rebelles. Ils ont fondé des familles dont ils sont les chefs et c’est d’une main de fer qu’ils tiennent le clan. Foutent sur la gueule du gamin qui se rebiffe. Ouais, ce n’est  pas bien ! C’est vrai.  Mais vu le calibre du gamin, sa force physique, la sève qui monte, il peut tout tuer, tout détruire d’un coup de sang, tout foutre. Alors la correction du paternel, ça n’est rien qu’un arrangement viril et pas humiliant. Le père sait, la mère sait tout autant, le gamin mieux encore. Et la famille tient par ce père, ce tyran assumé, son sang-froid, sa force à opposer aux fils.
Je revois un gendarme tahitien qui me disait : «Aï Konstantin, mon gamin est revenu bourré je l’ai tabassé ». Il me montrait sa main ouverte comme preuve. Vu la complexion physique du pandore avec son deux cents centimètres au garrot, j’imaginais la scène…
J’ai fermé ma gueule. D’expérience il faut écouter avant de causer. Plus tard j’ai pigé, me souvenant de mon père me redressant à plusieurs reprises. J’ai retenu la leçon.

Ces costauds-là tiennent.
Pour d’autres de ces exilés-chez-eux, le tableau est différent, effrayant de violence en plus d’être figé dans le temps et dans la pratique.
Les Océaniens qu’ils soient Mélanésiens ou Polynésiens furent projetés du néolithique à la société de surconsommation. Leur insularité fut leur sauvegarde puis leur prison.
Il n’est même plus question de choc culturel. Il s’agit de folie pure. D’un ignoble gâchis d’humanité, qui a transformé des hommes naguère forts et fiers en fauves perdus.
Voir « Once they were warrriors », le meilleur film sur la question, réalisé par un Maori. À sa sortie à Papeete, les jeunes tahitiens se bousculaient au guichet. « Guerrier, mec ! C’est une histoire de guerrier ». Ils en ressortaient la queue entre les pattes.

Je me souviens…
Il y a des mois, des années…
Tout s’emmêle…
Yacht club d’Arue. J’aime à y boire frais et y regarder les bateaux. Un gars est là, Raymond, grand fléau aux cents vies amarré au comptoir.
Raymond a la voix rauque. Celle de l’homme qui sait gueuler sa colère face aux dieux et aux éléments, seul face à l’immensité de la l’existence. Moustache à la gauloise. Œil turquoise. Cuir épais. Autour de lui un halo. Le genre qu’il faut approcher à pas de velours.
Je me pointe.
– Bonjour messieurs, à l’adresse du taulier et de Raymond, les deux seuls gaziers présents. Un Cutty s’il vous plaît !
Je lâche un bifton de 500 francs Pacifique. Ramasse la monnaie. Pas de pourliche, c’est mal considéré, aumône faite aux hommes libres. Raymond est à ma droite. Je vois son coude gauche démoli. Protubérance forte. Je sais d’expérience qu’il ne faut jamais reluquer avec insistance les blessures des hommes, mais je manque de réflexe et mon regard s’attarde.
Raymond me prend de court :
– Tu veux savoir ?
Je ferme ma gueule. Il fait durer le silence ce qu’il faut, lappe du scotch.
– Que fais-tu ici ?
Je me présente. Il éclate d’un rire fort. On est copains.
– Journaliste, hein ?…
Des bourres avaient pété le coude de Raymond au bidule en 68 alors qu’il couvrait une manif pour un magazine bien connu. Une fois ravigoté, il a pris un voilier, direction Papeete. Départ de Marseille. « La plus grosse tempête de ma vie, c’était la première, en Méditerranée ». Colonnes d’Hercule. Grand large. La suite en un infini d’horizons. Devenu Raymond le grand-sorcier de la voile dans le Pacifique. Un maître reconnu.
Je me souviens…
Il y a…
Tout s’emmêle…
Ce jour-là, Raymond m’invite en mer. Il arbitre une régate. Au soir le bateau file à trente nœuds cap sur Arue, retour au port, la nuit tombe, le Chinois à la barre est tout sourire.
Je revois Raymond des mois plus tard. Nous parlons de la pluie et du beau temps. Dans son œil une lueur d’amusement. Je lis sur le zinc Citadelle.
Un commercial d’une boîte d’import passe entre deux tables du bistrot avec un tatouage polynésien sur le biceps.
– Ducon, lance Raymond !
– Tu me parles, répond l’autre?
Raymond se lève lui fout une droite. Le mec s’écroule.
Raymond se rassoit et reprend son godet.
– Et après on dit que j’ai mauvaise réputation, rigole-t-il. Le tatouage doit être respecté, pas porté par n’importe qui.
Un regard au commercial qui se relève en chialant son sang.
– Celui-là, il ne l’est pas, tatoué, assène Raymond.
Les mois suivants, je passe souvent au yacht club. Raymond me prévient le premier que je vais finir par casser les couilles de la terre entière avec mes articles mal écrits qui barrent dans tous les sens.
– Toi et tes potes vous êtes gentils. Des gars bien. Vous voulez tout casser, je comprends. Mais la société, ici, est fragile. On essaie de faire avec. Comprenez d’abord, agissez ensuite. Imprégnez-vous.
Question imprégnation j’ai donné. J’ai vu ma famille détruite et mon pays natal rayé de la carte, devenu un terrain vague. En guise d’imprégnation, mes potes et moi avons les abeilles dans la bouche, un mauvais stylet en main. Je suis la trace de  bon nombre de mecs du Nord et de l’Est qui firent le gros des troupes blanches de la coloniale pour le meilleur et pour le moins bon.
Cinq ans comme un lion plutôt que vingt ans comme un con. Se barrer au soleil. Tout envoyer paître. VIVRE !
Plus tard, J’ai appris de la bouche d’un vieux pote que Raymond était parti avec sa femme vivre aux Iles Cook. Encore plus tard, à l’avènement d’internet, je le chercherai en clapotant sur le clavier avec l’envie au cœur de le remercier enfin des heures passées ensemble, de son accueil paternel, de sa confiance…
Je tomberai sur sa nécro, l’hommage solide d’un journal anglophone de la région. Raymond cause désormais navigation avec Poséidon.

Bruits de triffouillement dans la serrure. La clef trouve son chemin clac la porte s’ouvre.
Marinella.
Il est tard. Je suis incapable de parler. Autisme du moment. Elle se dévêt, s’allonge sur moi. On regarde le soleil plonger, mes mains posées sur son ventre.
Puis c’est la nuit alors que la fumée blanche de la pakalolo décide de m’agresser les poumons et la tête. Sudation infernale. Tremblements de tout mon corps. In-con-trô-la-ble. Je me mets à hurler.
Marinella évolue autour de moi, indifférente à mes cris. Ou bien c’est que je ne crie que dans ma tête. Sa nudité m’absorbe. M’attire. M’entraîne. Je me laisse glisser sur le sol. Je cherche la fraîcheur, ma peau nue sur le carrelage.
J’attrape sa cheville pour m’assurer que je ne vais pas me noyer dans le sol. En moi, les vendeurs d’albacore sur la route d’en bas fraternisent avec les petits vendeurs d’essence du Cambodge.

Je remonte vers la surface, une main après l’autre.
Genou.
Sexe.
Sein.
Tête.

(À suivre)

 

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