Saint-Meurtre
Saint-Meurtre-sur-Loue 25
Elle n’est revenue qu’au petit matin. Luna. Dehors peinait à s’étendre un jour sans lumière, rien de plus qu’une indistincte lueur grise comme du zinc de bassine, sous un tapis continu de nuages de coton sale que la bise poussait à toute allure. Un froid de cœur d’hiver battait la campagne et maculait les vitres … Continuer la lecture
Saint-Meurtre-sur-Loue 24
Une des nuits de cette période-là, j’ai encore rêvé du Cambodge. – Il était une fo-Ah dans la ville de Fo-Ah… Le pire du terrible : ma section était à court de vivres depuis trois jours. On avait survécu en se partageant un paquet de biscuits que l’adjudant-chef Lancome avait dans sa musette, c’est-à-dire pas … Continuer la lecture
Saint-Meurtre-sur-Loue 23
À la Grenouille Gourmande, la pièce qu’on appelle « le café », qui jouxte la salle de restaurant et par où on entre dans l’établissement, est toute petite. Ce sont quelques mètres carrés de surface avec au fond un comptoir flanqué de tabourets, le robinet à bière pression et, derrière, le percolateur à café et toute la … Continuer la lecture
Saint-Meurtre-sur-Loue 22
Le calvaire des animaux, chats, chiens, pigeons et même une brebis, s’est déroulé alors que novembre était d’une exceptionnelle froidure. Les matins étaient blancs sur les carreaux des fenêtres. Au dehors, l’herbe figée craquait sous les pas. La bise, comme on nomme ici le vent cruel qui déferle des vastes plaines d’Europe centrale, hululait sans … Continuer la lecture
Saint-Meurtre-sur-Loue 21
Cela ajoute à l’horreur du moment tout en lui conférant une sorte d’absurdité : c’est mon anniversaire. Aujourd’hui j’ai vingt-cinq ans. J’en ai cruellement conscience, agenouillé sur les coupantes feuilles mortes qui couvrent le sol de ce bosquet d’eucalyptus, les coudes et les poignets ligotés dans le dos par des tronçons de fil électrique. Je … Continuer la lecture