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Pigeon vole !

Publié par le 6 mai 2015

 

Au comptoir du Café des Trois-Pigeons, on découvre Blancassine (42 ans, chômeuse en fin de droits), Beaujole (36 ans, pré-retraité) et Calvadet (invalide pensionné) ; en face d’eux se tient le cafetier Fricandot, une bouteille à la main ; à leur droite, la vitrine constellée d’autocollants publicitaires donne sur une nuit pluvieuse ; derrière le groupe, la salle est obscure, lampes éteintes par mesure d’économies.

Blancassine :
(Se grattant la toison d’aisselle)
Voilà-t’y pailles qu’y s’trouve t’un z’émir des terrains de golf du persil pour cracher je ne save pas combien eud milliards pour s’payer des n’avions de la rafale à m’sieu Serge lasso !

Calvadet :
Ah ça : Plus sûre sera la chute qu’à la fin elle te les brise…

Beaujole :
(De l’index, il fait signe à Fricandot de remettre la tournée)
Sans compter que ceux qui revenaient de vacances sur German Wings

et qui se sont retrouvés la viande en vrac sur la montagne, ils ont tout gagné. Dans le genre pigeons volent, ils ont décroché le pompon !

Blancassine :
Tu m’noterasses que ça viendre après que l’président des égyptologues il en z’a fait d’même et qu’on dirait bien qu’les n’arabes de ça où la bite y vont s’en commander n’aussi. On sait pas s’y s’affale, l’coucou, mais n’il est z’à la mode…

Calvadet :
(De l’index, il fait signe à Fricandot de remettre la tournée)
Ah ça : La plus belle fille du monde passe après les boeufs…

Beaujole :
Tout ça parce que le copilote se tapait le cafard du siècle, à se bouffer les méninges à la sauce au noir ! Ils se sont retrouvés avec un mec bouclé à double tour dans sa cabine, pilotage automatique branché sur descente rapide et sans retour. T’es pas déçu du voyage, à ce compte ?

Blancassine :
La question qui s’propose, c’est qu’est-ce qu’y vont-y en foutre, les chèques du pet drôle, de tous leurs n’appareils à rédaction chargés de missives à têtes perçeuses ? Rétablisser la paix dans la poche d’orient, tu croives ?…

Calvadet :
Ah ça : Cochon s’en dédie qui revient au galop !

Beaujole :
Plus ça va, plus on voyage dans le radin. Y’a plus de boissons, y’a plus de films, y’a plus de repas, qu’étaient déjà pas aux truffes, y’a même plus d’hôtesses. Ils en sont arrivés à rabioter sur le curriculum des pilotes, forcément…

Blancassine :
Ce qu’y a de plus pire, c’est de voir le président de la raie publique qui fait le fier comme un bar-tabac au milieu des enturbannés sous prétesque que comme quoi grâce à lui c’est l’contrat du sièque pour not’ n’industrie du garnement…

(De l’index, elle fait signe à Fricandot de remettre la tournée)

J’veux pas faire les mots qui râlent, mais quand même, moi j’trouve que quand tu vends des zinzins qui servent au mât sacré, l’écrabouillement et le déventrage des popes à la luxion, y’a pas de quoi se hausser la colle !

Calvadet :
Ah ça : Errare humanum jacta est !

Beaujole :

Moi, mon beau-frère, il projetait d’aller en Thaïlande pour les vacances. Ni une ni deux, il a revendu son billet sur internet. Cet été, il ira à Mimizan, comme les autres années. Et il voyagera en train, s’ils n’ont pas inventé le chemin de fer low cost d’ici là !

Fricandot :
(s’approchant)
Celle-là, c’est la mienne !

Il remplit les verres.

 

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