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Lavomatik-tok (une cons-versation)

Publié par le 13 mars 2024

 

Trois p’tits tours et puis… Trois ? Non, ce ne sont pas moins de neuf «Une Cons-versation» que nous a offertes Olivier, rejoignant Kons-des-Mers-du-Sud et Franck-le-baroudeur au sein du très select club des auteurs associés à ce blog. Quoi ? Comment ? Un blog d’écriture ? Tu veux dire, un blog avec des … des… des mots ? Des mots ÉCRITS ? Non mais, ça va pas la tête !

Ben si, ça va pas mal…

Merci donc à Olivier, en espérant, potesses et poteaux, que vous avez eu autant de plaisir à les lire que moi à les publier.

Merci Olivier. À la revoyure. Quant tu veux !

 

Rue de la gare, mercredi 5 avril 2023. Au lavomatique LAVIMPECT. On trouve, fessiers sur d’inconfortables chaises, méditant devant le tournoiement des tambours comme jadis Sapiens-sapiens autour des braises : Gertrude, ancienne infirmière de colonies, Pierre-Alexis, banquier défroqué, et, Xianc, septuagénaire immigré chinois du 13ème. Au plafond, un néon clignote semblant faire un clin d’œil aux deux spots poussiéreux qui luminent la pièce humide.

Pierre-Alexis (observant le plafond de son œil d’expert) :

Foutu néon ! Bientôt H.S., le truc ! (Il débite) : 6 watts led 120 cm blanc chaud. Société LUM56, créée en 2012, rachetée et coulée en 2015. (Il sourit dans le vide) Boîte sympa mais pas assez carnivore. Ma première affaire…

Xiang (après un soupir) :

Moi souvenir lumière pétrole dans cave sous métro. Tout humide, tout pas voir mais tout laver, tout repasser tout plier. Patron content. Lui patron noir. Lui sympa. Mais quand patron noir pas content, lui montrer dents, moi un peu peur, alors moi travailler plus, alors patron noir montrer dents mais moi moins peur.

Gertrude (surveillant le tambour de sa machine d’un œil sanguin) :

Moi, j’ai toujours piqué…

Le bruit vient s’amplifie au passage à l’essorage, la forçant à hausser la voix.

Gertrude :

Moi, j’ai toujours piqué en fermant les yeux. L’instinct, y a que ça de vrai. La grande époque… Pfffffftttt !… (Elle ferme les yeux, lève la main et lance une fléchette fantôme) Ninja qu’on m’appelait. Je piquais encore mieux dans le noir. Même les noirs. J’aimais bien les noirs, grosses veines les noirs… grosses … hum !

Pierre-Alexis (souriant, se frottant les mains) :

Bien niquée, LUM56 ! Une petite fuite de gaz et boum ! Pas de bol, gros travaux, pouvait pas suivre. J’l’ai «sauvée» pour dix sacs. Revendue cinquante fois plus à une boîte immo pour faire des parkings. Ouais, bien niquée, LUM56 !

Xiang :

Une chemise, pause. Six caleçons, pause. Un drap, pause. Beaucoup métros, beaucoup pauses.

Gertrude :

Quarante à la minute avec des pointes à quarante-cinq quand j’étais bien chaude. Pas le temps pour «Attention : je pique», ni «Serrez le poing, essvépé !»… Fini, ce temps-là ! Maintenant, si tu prends pas dix minutes par piquouzes, la sécu rembourse pas.

Pierre-Alexis (le regard rêveur) :

J’me suis payé les Bahamas, pension complète, poupée comprise. Après trois mois de boîte. Jeunot mais motivé.

Il sort de son sac une flasque de bourbon.

Pierre-Alexis :

SANTÉ !

Xiang (redressant fièrement son mètre quarante-sept) :

Trois mois, moi déjà savoir pantalon pinces et chemise Mao. Moi bon repassage. Moi pas brûler linge. Patron noir content et lui montrer dents sympas.

Gertrude (fermant les yeux) :

Mamadou les dents blanches. Y s’appelaient tous Mamadou les dents blanches. Tous, pour moi. Des gars solides. Musclés. Tu m’étonnes, élevés à la dure, pas comme les p’tits bourgeois à maman du XVIème . Y z’avaient la main chaleureuse et un poil baladeuse. En v’là qui savaient apprécier la croupe normande…

Pierre-Alexis (souriant carnassier) :

La banque, ça, c’était une putain de bonne idée. Tu souris, tu encaisses. Tu souris, tu blanchis. Tu souris et t’attends le prochain pigeon. Dommage, j’me suis fait gauler. Trop grande gueule, qu’ils ont dit les condés. C’serait maintenant j’la jouerais sourdine.

Xiang (croisant les allumettes qui lui servent de bras) :

Moi pas parler, interdit. Surtout chinois. Pas parler chinois sinon patron pas comprendre et quand pas comprendre, patron pas content, et lui montrer dents pas sympas !

KLONG ! BIP BIP BIP !!!…

Gertrude se lève, récupère son linge, le fourre dans un sac Super-U. elle se redresse en se tenant le dos et fait craquer ses vertèbres.

Gertrude :

Bon ben c’est pas l’tout, j’ai un concours de fléchettes ce soir au dispensaire. Et ça va saigner grave, j’le sens !

Elle coiffe son calot et sort en sifflant Mission Impossible, pouce et index tenant toujours sa fléchette fantôme.

 

FIN

 

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