On découvre, pérorant au bar de l’hôtel du Dindon Farci, Monsieur Le Millaisime (industriel), Madame de Courvoise (rentière) et Maître Claqueçin (notaire) ; devant eux sont disposées de nombreuses coupelles d’amuse-gueules : pickles, arachides et charcuteries fines ; A l’arrière-plan flambe un feu de cheminée.
Monsieur Le Millaisime :
Les cohortes populacières qui s’agglomèrent et se promiscuitent le long des boulevards de nos cités pour criailler en chœur et sans pudeur leur désolation d’avoir vu assassinacrer certains caricaturistes à la douteuse popularité oublient un fait : ces dessinnalustrateurs avaient le pinceau pour le moins imprudent !
Madame de Courvoise :
(Se plaquant la main entre les seins)
Je suis bien d’accord avec vous ! Mon gendre y est allé, ce con ! Que nous a-t-il dit, l’imbécile ? « Belle-maman et toi, ma chérie, je vous annonce que je vais derechef à la mââânif… ». Rien dans le slip et rien dans la tête !
Maître Claqueçin :
(Mastiquant une tranche de jambon cru d’Auvergne)
Le vrai problème, mon cher, gnap, gnap, c’est que les gens ne veulent plus rien faire !
Monsieur Le Millaisime :
Vous me connaissez : j’ai l’esprit libéralouvert. Cependant il me faut reconnaître une chose : quand, dans leurs bureaux impies, les scribouilleurs voient surgir des combattants encolèragés qui leur défouraillent à tout-va dans la panse, ils l’ont bien cherché !
Madame de Courvoise :
(Après avoir léché l’extrémité d’un mini chorizo à l’Espelette)
« La liberté d’expression n’a pas de prix ! », qu’il nous lance, ce sans-foutre ! Et après il demande : « Belle-maman, n’auriez-vous pas vu ma paire de baskets ? ». La liberté est chère, certes, mais pas au point d’user la semelle de ses Berluttis. Quand on y songe, ça vaut la peau des glaouis, les Berluttis…
Maître Claqueçin :
(Mâchant une poignée de cacahuètes au paprika)
Plus personne pour travailler, grunk, grunk, la voilà, la calamité…
Madame de Courvoise :
(Rêveuse)
Sans compter qu’il faut les avoir vus, ces combattants vêtus de noir, jambes écartées, pieds campés au sol, large poitrine offerte à la mitraille ! De la trempe, les gaillards ! Ils m’ont rappelé mon jeune temps, quand j’étais salope et le cousin Edmond à la Légion Etrangère !
Monsieur de Millaisime :
(Se saisissant d’un verre de liqueur, auriculaire levé)
Les plumitifs survivescapés couinassent à tout-va qu’ils ne méprisent pas l’Islam, mais se gaussent indifférégalement des autres religions. Je pose la question : n’est-ce pas justement ce qu’on leur reproche ? Comme le disait un autre barbapoux dont j’ai oublié le nom, la religion n’est-elle pas l’opium du peuple ?
(Il vide son verre dans un élégant bruit de succion et le pose sèchement sur le comptoir)
Le bon peuple naguère se consolait du labeur hebdomadaire à la messe dominicale. Laissons donc les mosquées contrôler les masses maghrarabines. Dans notre société, la vraie place d’un bon musulman, c’est à l’usine !
Maître Claqueçin :
(Engloutissant une épaisse tranche de coppa italiana)
Les trente-cinq heures, gloup, le voilà le malheur !
Madame de Courvoise :
Tiens, mon jardinier a démissionné. Je me demande si je ne vais pas essayer de me trouver un Arabe pour le remplacer. Il paraît qu’on en fait des bien propres, de nos jours…
(Un silence pensif s’installe, uniquement troublé par des bruits de mastications)
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