Que soient portés à la connaissance de la communauté cons-versationnelle les faits sacrés et même sacrés faits suivants : au cours de cet an qui s’achève furent découverts dans une mystérieuse grotte aux alentours mystérieux de la mystérieuse mer mystérieusement morte sept mystérieux papyrus manuscrits couverts d’écritures en araméen et en grec dont la teneur, une fois traduite en haut-breton par l’ami Olivier, remet sacrément en cause certains fondements de l’évangile sacrée et même de la sacrée évangile.
1. Ainsi Jésus a-t-il accompli des miracles qui sont connus de tous ; Jésus a inventé les morts vivants ; Jésus a causé du tort aux boulangers de Galilée en multipliant les petits pains ; Jésus a inventé le surf sans vague et sans planche ; or il est un premier miracle de Jésus dont nul n’a ouï et qui est ici narré.
2. Sachez que le vingt-cinquième jour de décembre de l’an zéro en une grange de Bethléem naquit Jésus ; or, Jésus ne ressemblait pas du tout à ses parents ; Joseph le charpentier son père trouvait même qu’il ressemblait fort à son collègue le dénommé Maurice Saintesprit ; or, on appelait celui-ci « Momo ».
3. Ainsi parla par devers lui Joseph : « Se pourrait-il que Marie, alors que je charpentais dur pour la nourrir, se soit faite immaculer ? »
4. Ainsi Joseph laissa-t-il seul l’enfant Jésus dormant du sommeil du Juste ; ainsi Joseph pria-t-il Marie de le suivre hors de la grange ; « Viens donc un peu par ici, sacrée salope couche-toi-là ! », ainsi parla Joseph ; ainsi Joseph flanqua à Marie la volée de l’adultère.
5. « Ma parole, mais tu aimes ça, sacrée catin ! », ainsi s’exclama Joseph ; Ainsi se transforma la correction maritale en fessée crapuleuse ; sachez qu’elle fût suivie d’une sieste tout autant crapuleuse.
6. Or l’enfant Jésus resté seul, bien réveillé, regarda autour de lui ; ainsi parla l’enfant Jésus : « Ben mon gars, t’as beau être le fils de Dieu, tu n’es pas né chez les plus riches de la région : une grange, du foin qui pique les fesses, une bougie allumée prête à foutre le feu au moindre courant d’air et deux bêtes qui te soufflent leur haleine fétide sur la figure ! »
7. « Eh, les ruminants, pourriez pas tourner la tête ailleurs et me laisser respirer ? », ainsi parla l’enfant Jésus.
8. Or le bœuf, placide comme le sont les castrés, le regarda bêtement, continuant de mâcher son brin de paille ; or l’âne quant à lui, ne réagit même pas.
9. Sachez que Jésus n’était pas n’importe qui, espère ; Jésus comprit la situation et accomplit son premier miracle : il claqua de ses petits doigts potelés et les deux bêtes aussitôt frissonnèrent ; une lueur d’intelligence s’alluma dans leurs yeux, Hosanna au plus haut des cieux.
10. Ainsi les deux bêtes relevèrent la tête ; les deux bêtes se regardèrent ; les deux bêtes regardèrent Jésus.
11. Ainsi l’âne prit-il la parole : « Tou nous a fait quoi là, pétit homme ? » ; ainsi l’âne se figea ; ainsi l’âne reprit : « Ma qué yé parle ! ».
12. Ainsi le bœuf se sentit bizarre ; le bœuf laissa tomber son bout de paille baveux ; le bœuf déglutit ; « et meuh-oi, je te comprends. C’est quoi le truc ? », ainsi s’étonna le bœuf.
13. Sachez que Jésus agita ses petits bras potelés afin d’attirer leur attention : « Eh, les gars… heu… le bovidé et l’équidé… Vous deux, quoi… C’est Moi, le truc. Enfin, pas Moi, mais ce qui vous arrive. Je viens de vous donner l’intelligence et le don de la parole. Et en bonus, le langage universel ! ».
14. « Yénial mon pote ! », ainsi s’exclama l’âne qui, n’étant pas castré, branlait de la queue, excité par la nouvelle ; « Yé peux t’appeler mon pote ou tou as déjà oune nom ? » ; alors Jésus parla : « Je m’appelle Christ, Jésus Christ, fils de Dieu » ; Ainsi l’âne parla : « Moi, c’est Frédérico dé la samba dé la Pâle Estime dé la Rafate. Yé viens d’Espagne. Tou peux m’appeler Fred. » ; Or, l’âne dut reprendre son souffle, car la phrase était longue. Or, l’âne Fred reprit : « Yé té présente mon compagnon de chambre, Noël dé la Batte à Thoire dé la Rafathe, avec un H. » ; Ainsi l’âne précisa : « Il n’y a aucun lien dé parenté ».
15. Sachez que Fred l’âne se pencha sur l’enfant Jésus et lui chuchota : « Un conseil, né loui parle pas dé cé qui loui manque entre lés pattes, ça l’énerve ».
16. Or, le bœuf avait l’oreille fine ; ainsi le bœuf intervint : « Je m’énerve quand on étale ma vie privée sur la place publique. » ; Ainsi Noël, beau bœuf et pas beau beauf, de six cent trente et quelques kilos, roula des épaules en regardant sans amen-ité le baudet.
17. Ainsi Jésus en avait profité pour lâcher une caisse discrète ; ainsi il se redressa et fit face aux deux compères ; ainsi il s’adressa à l’animal gras : « Je peux faire en sorte que tu redeviennes mâle. »
18. « TE FOUS PAS DE MOI, homoncule imberbe ! », ainsi cria l’émasculé frustré ; ainsi la vitesse à laquelle il se retrouva mufle à nez avec Jésus fut-elle une surprise ; sachez qu’une fumée qui ne demandait qu’à s’enflammer s’échappait de ses naseaux ; aussi Jésus retenait-il sa respiration, pas par peur, mais à cause de l’odeur.
19. Ainsi Jésus tapota de ses petites mains potelées le museau du bœuf ; ainsi parla Jésus : « Eh, Nono, je viens de te dire que j’étais Le Fils De Dieu. Maintenant, regarde entre tes pattes arrières et dis-moi ce que tu vois. » ; ainsi Jésus ajouta : « Mieux, secoue ta croupe, tu devrais sentir deux souvenirs de trois kilos chacun à nouveau ballotter. »
20. Or, l’âne Fred sursauta en regardant son pote car deux gonades pendaient fièrement entre les pattes du taureau reconstitué ; ainsi l’âne parla : « Nono, tes cojones ! Elles sont revenoues ! Et quelles cojones ! Tou vas faire dé jaloux, mon pote. Yé té parie qué les femelles dou coin vont faire la quoue à l’entrée dé ton box quand elles apprendront la nouvelle. Et compte sour moi, ça va pas traîner ! »
21. Or, Noël, lui aussi, a remarqué qu’il y a quelque chose de changé et pas seulement entre ses jarrets ; ainsi, avec le retour de sa virilité, tout son être se métamorphose ; or, la graisse accumulée par des années de sevrage sexuel commence à se résorber ; or, la masse musculaire reprend ses droits ; ainsi se tient désormais devant Jésus, la tête fièrement relevée, un superbe Noël dé la Batte à Thoire dé la Rafathe.
22. Aucun lien.
23. Ainsi parla Jésus : « Alors, qu’est-ce qu’on dit ? »
24. Ainsi le taureau regretta le manque de miroir dans ce taudis ; ainsi il fit quelques pas, tourna sur lui-même et se dandina afin de bien sentir ses précieuses se balancer ; ainsi fier et entier, il s’approcha de son miraculeur et parla : « Des années que je ne me suis pas senti aussi bien. Merci mon pote. C’est fantastique. Je n’en reviens pas qu’un p’tit bout de bidoche comme toi puisse faire un truc pareil ! ».
25. Or, un fait est méconnu du grand public : Jésus était complexé ; ainsi Jésus trouvait son physique chétif ; il est écrit que, vers quinze ans, il se mettra à la muscu mais rien n’y fera, il ne ressemblera jamais à Stallone ; Jésus peut accomplir des miracles mais pas pour lui ; or, c’est vexant, surtout pour un fils de Dieu !
26. Merde, quoi.
27. Sachez que c’est un Jésus contrarié qui répondit : « Bovin de peu de foi, ce n’est pas la taille qui compte… »
28. Alors l’âne Fred approuva en ces mots : « D’accord avec toi. Régarde-moi, Nono, y’ai une queue d’âne mais, yeureusement, y’ai aussi les reins qui poussent.
29. Or, Noël, de nouveau taureau, observait ses compagnons d’un air con-descendant ; ainsi l’effet bœuf n’avait-il plus prise et il méprisait désormais l’âne et l’enfant Jésus.
30. Ainsi parla le taureau : « Physiquement, vous êtes loin d’en étaler autant que moi. Regardez-vous : Toi, Fred, tu as une queue d’âne, okay mais à part ça ? Tu es petit. Tu es gris. Tes poils sont drus et rêches. Tes maîtres sont obligés de mettre une couverture quand ils te montent. Tes oreilles sont le symbole des cancres qui en sont coiffés. »
31. Ainsi parlait le taureau : « Et toi, petit Jésus… Bon, pour les miracles, là, d’accord. Mais quand on te regarde, c’est loin d’être impressionnant. Tu baves. Il faut te nourrir toutes les deux heures. Tu n’as pas un poil sur le corps. C’est pour ça qu’on est obligés de te souffler dessus tout à l’heure. Et en plus tu te plains de l’odeur. »
32. Or, Fred lui fila un coup de sabot ; ainsi l’âne parla : « Eh, Nono, tou pousses une peu. D’accord tou as un physique avantageux, mais ce n’est pas oune raison pour nous pourrir. Y a pas cinq minoutes, tou ne la ramenais pas autant… ».
33. « D’autant que, ce que je fais, je peux le défaire… », ainsi renchérit Jésus.
34. Sachez que d’un coup d’épaule, L’ex-castré éjecta l’âne insolent de son passage, et vint pointer ses cornes sur l’enfant Jésus ; ainsi d’une voix rocailleuse grogna-t-il : « Touches pas à mes cojones gamin, car tu t’exposes à des représailles cornues si tu vois ce que je veux dire… »
35. Or, pas du tout impressionné, l’enfant Jésus sourit d’un sourire d’enfant Jésus ; il croisa ses petites jambes potelées, réussit à mettre ses mains derrière la tête et répondit : « Tu ne sens rien pour le moment mais c’est normal. On a toujours du mal à sentir quelque chose que l’on n’a plus. Ainsi soit-il : déjà, tu as le regard moins vif. Peut-être qu’au fond de toi, il subsiste un semblant de rébellion mais bientôt il laissera place au bien-être de la servitude, car bœuf tu es redevenu. »
36. Ainsi fut-il ; Jésus ayant parlé, il y eut du changement dans l’attitude de Noël ; sachez que les épaules s’affaissèrent, que la tête devint lourde, et que les cornes furent moins pointues ; toute tension qui régnait dans la grange disparut en même temps que les fabriques à testostérone de l’animal énervé.
37. Or il advint que Joseph et Marie arrivèrent bras dessus et bras dessous ; Marie récupéra l’enfant roi dans ses bras ; Marie dénuda un sein généreux et donna la tétée à un Jésus affamé.
38. Or, Joseph balança un coup de bâton sur la croupe de Noël ; Joseph dit : « Pousse-toi mon gros. Tu prends un peu trop tes aises. Retournes dans ton box. Et toi Freddy, baisse les oreilles si tu ne veux pas en prendre un coup. »
39. Ainsi Joseph s’adressa-t-il à Marie : « Ils sont bizarres ce soir, dit-il à Marie, tu ne trouves pas ? » ; sachez que Marie pleine de grâce répondit à Joseph : « Oh tu sais moi, les bêtes… Je vais m’allonger. Tu peux m’apporter une couverture ? Je suis crevée. Dès que p’tit chou aura fait son rôt, c’est direct dodo. Car tu m’as épuisée, Ô Joseph, et tu as laissé ma croupe incandescente… »
40. Or Joseph dit : « Ce qu’il te faudrait, c’est de la myrrhe. » ; Or Marie répondit : « C’est quoi, de la myrrhe ? »
(Amen)