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Les Guerriers perdus, 2ème partie – Épisode 11

Publié par le 31 août 2019

 

D’après mon roman Les Guerriers Perdus, éditions Taurnada, 235 pages, 9,99 €.

 

EXT Nuit, montagne, devant la mine

Tout le groupe autour du 4×4, dont la porte arrière est ouverte. Baltimore en sort deux fusils-mitrailleurs M 16. Il en tend un à Volodia, celui des deux jumeaux qui arbore une longue mèche pendante en travers du front, se passe la bride de l’autre à l’épaule. Baltimore pêche ensuite trois casques de chantier munis de lampes frontales, s’en colle un sur la tête, par-dessus sa crinière, en tend un autre à Volodia et un à Haig.

Baltimore :
Tiens, il faut protéger ta précieuse petite tête de schmuck.

Volodia, son casque dans une main, son M 16 dans l’autre, échange avec son frère Vassili un baiser violent sur la bouche. Baltimore glousse en les regardant faire, refermant la malle arrière.

Vassili se met au volant et démarre. La voiture s’éloigne.

Haig lance un regard interrogatif à Baltimore.

Baltimore :
Il remonte au château. C’est lui qui va nous ouvrir la porte des caves, là-haut…

Le trio allume les lampes frontales. Baltimore entraîne Haig vers l’entrée de la mine. Volodia les suit. Baltimore s’efface devant Haig pour lui céder le passage, accompagnant son geste d’une révérence caricaturale.

Baltimore :
Après toi, monsieur le fuckin’ associé de circonstances…

 

INT Nuit, mine

Musique et succession de plans. Le trio progresse dans la mine.

Un corridor étayé de madriers, encore encombré de matériel : vieilles lampes, pics et pelles, vieux chariots, que balaient les faisceaux des lampes frontales.

L’ouverture d’un couloir plus étroit. Sur un signe de Baltimore, Volodia s’y engage. Du menton, Baltimore intime à Haig de l’imiter. Haig obéit. Baltimore se faufile à sa suite.

Un long boyau mince. Les trois hommes marchent courbés, les épaules frottant les parois, se cognant parfois les casques contre des saillies de roc.

 

INT Nuit, mine

Une sorte de sas un peu plus large dont partent plusieurs couloirs tout aussi étroits. Le trio fait une pause devant les premières marches d’un escalier grossier.

Haig (essoufflé) :
Putain, c’t’une vraie termitière, ce truc !

Baltimore (la face dégoulinante de sueur) :
Un terrier, my friend. Un terrier pour les rats ! (Il retrousse la lèvre supérieure de façon grotesque, imitant un rongeur). Skouik skouik skouik !…

Volodia rigole d’un rire aigu. Plan sur Haig à qui ce séjour sous terre en compagnie de ces deux cinglés est visiblement pénible.

 

INT Nuit, mine

Escalier, puis de nouveaux corridors, puis encore des escaliers. Les parois suintent d’eau d’infiltration. Les trois hommes marchent dans une gadoue collante, pâte de poussière et de flotte.

Un carrefour. Nouvelle halte. En dessous des souffles du trio, on entend un ruissellement lointain. Sur un geste de Baltimore, le trio repart.

Plans très courts, en flashes : des marches étroites taillées dans le roc, des éclairs de lampe éclairant des pans de parois, des plans de bottes glissant dans la boue… Sons : les souffles d’effort du trio ponctués de grognements.

 

INT Nuit, mine

Pause dans une salle au plafond vaguement sphérique. Volodia, les joues et les coudes maculés d’une sorte de suie, se décoiffe de son casque et rejette sa mèche en arrière avec une mimique féminine exagérée.

Plan sur Haig dont les poings se crispent. On sent qu’il est la proie d’une flambée de rage. L’envie le démange de dégainer son flingue.

Le canon du fusil de Baltimore s’enfonce dans ses reins.

Baltimore (à l’oreille de Haig) :
Tu ne vas pas craquer maintenant, petit-Haig, on a encore un long chemin à faire…

 

INT Nuit, mine

À un dénivelé entre deux boyaux se trouve une longue échelle d’aluminium, brillante dans la lumière des lampes frontales.

Haig :
Elle est neuve, cette échelle.

Baltimore :
Vanda. Elle s’est aménagée une sortie de secours, en cas de pépin, la kurva. C’est elle qui m’a montré ce souterrain. C’est drôle, non ? Allez, grimpe ; petit-Haig !

Haig s’exécute. La caméra suit sa progression vertigineuse d’en bas, en contre-plongée. L’échelle tremble et oscille avec des grincements métalliques. Arrivé au sommet, Haig disparaît dans un trou de la paroi.

Au sol, Baltimore, d’une main aux fesses, pousse au pied de l’échelle Volodia qui commence à grimper à son tour.

 

INT Nuit, mine

Nouvelle succession de plans : progressions dans des couloirs, carrefours, escaliers… Plans sur les visages maintenant terreux, striés de rigoles de transpiration, grimaçant de fatigue.

On se rend compte peu à peu que l’environnement s’est modernisé : présence de passerelles et d’échelles d’acier, renforts des parois et des marches au ciment, plaques de métal au sol, matériel de chantier récent laissé sur place…

 

INT Nuit, mine

Plan sur le visage de Haig épuisé. On distingue à l’arrière-plan, fugace, un voyant électrique rouge.

Haig écarquille les yeux, dirige le faisceau de sa lampe frontale sur la paroi. Apparaît un mur de ciment lisse qui constitue le côté d’une petite salle cubique. En son centre est vissé un boîtier de plastique moderne. Le voyant rouge à son sommet passe au vert.

Affolé, Haig regarde de tous côtés. On distingue des caissettes emplies de ce qu’on devine être des pains d’explosifs et des brassées de fils électriques.

Haig (hurlant) :
PIÈGE !

Plans sur les visages stupéfaits de Baltimore et Volodia.

Haig se précipite vers l’entrée du corridor dont il vient de déboucher. Volodia, qui se trouve à côté, le bouscule violemment en arrière pour passer le premier.

Baltimore, planté au milieu de la petite pièce cubique. Contrechamps : le boîtier avec sa lumière verte. L’objectif se hausse, montre en haut de la paroi une caméra fixée sur un support, braquée sur Baltimore.

Volodia disparaît dans le couloir. Avant de s’y jeter à son tour, Haig balance un regard en arrière.

Baltimore en pied. Faisant face à la caméra, souriant, il écarte lentement les deux bras.

Baltimore :
Kurva !

Déflagration d’enfer.

 

INT Nuit, mine, explosions

Caisses explosant dans une gerbe d’éclairs. Torrents de feu s’engouffrant dans des corridors. Tournoiements de corps lancés dans le vide. Éruptions de poussière. Chutes de roches…

 

Noir écran, silence

 

INT Nuit, mine

Plan sur un casque de guingois sur le sol. Sa lampe allumée éclaire faiblement le corps de Volodia. Le torse écrasé par un gros bloc de roche, il repose sur le dos, les reins à cheval sur son M 16 dont le canon dépasse, bien visible. Du sang a coulé en abondance de la bouche et des oreilles du cadavre.

Sons : des grondements lointains et des ruissellements de cailloux.

La caméra s’élève, découvrant une alvéole d’environ deux mètres de circonférence et d’à peine un mètre de haut, terminée à l’un de ses côtés par le rocher qui écrase le cadavre de Volodia, à un autre par une pente de gravats.

La caméra se fixe sur le tas de gravats qui reste immobile quelques secondes. Puis les cailloux bougent très doucement, poussés de l’intérieur, comme par un insecte fouisseur. La pression se fait plus forte, déclenchant des coulées de poussière et de petits cailloux. Une main apparaît, sanglante, qui entreprend de creuser à ses alentours.

Bientôt, le bras est à l’air libre jusqu’au coude. La main racle précipitamment les pierres situées au-dessus d’elle, en attrape certaines, les plus grosses, qu’elle jette. Enfin, une tête apparaît, couverte de graviers. La main les essuie, découvrant le visage de Haig.

Haig prend plusieurs inspirations profondes, comme un homme qui émerge de l’eau après une trop longue immersion en apnée. Puis, poussant sur sa main libre, il commence à s’extirper de la gangue de gravats. L’effort qu’il fournit lui arrache un gémissement.

 

INT Nuit, mine, alvéole

Haig finit de se traîner hors de l’amas de gravats. Il ahane. Chacune de ses expirations se termine sur un cri de douleur.

Péniblement, il s’appuie le dos à une des parois. Il se tâte, faisant l’inventaire de ses plaies. La caméra le suit, montrant, outre de multiples coupures et contusions, l’avant-bras gauche cassé, la main tordue vers l’extérieur, pendante, inerte, et la cheville droite, enflée, gorgée de sang violet sous le treillis déchiqueté.

Haig observe la cavité autour de lui puis il se met en action : rampant, se tirant au moyen de son bras droit, il gagne d’abord le casque qu’il se met sur la tête, puis va examiner le corps de Volodia. La lumière fait briller un instant une montre en or au poignet du défunt.

S’appuyant de l’épaule contre le rocher qui écrase Volodia, Haig fouille les poches de sa chemise, y trouve des cigarettes et un briquet de prix. S’apercevant qu’une des jambes du cadavre émerge de dessous le rocher, tordue en plusieurs angles impossibles, il fouille également les poches de son treillis. Il y trouve une lampe torche de type mag-lite.

Haig :
Bingo !

Son exclamation le fait tousser. Il continue sa fouille, trouve une liasse de fric tenue pliée par une coûteuse pince à billets en or, qu’il abandonne sur le sol sans plus y prêter attention.

Il veut allumer la lampe torche, mais c’est un système à vis et il n’y parvient pas d’une seule main. Après plusieurs essais infructueux en coinçant la tête de la lampe entre ses genoux, il s’enfonce la tige dans la bouche et mord dedans. Cette fois, il y arrive. La lumière blanche surgit, beaucoup plus puissante que la frontale du casque.

Haig balaie son réduit du faisceau de la lampe et découvre une ouverture, simple fente noire visible au sommet d’un tas de grosses pierres empilées.

Se remettant la lampe dans la bouche, Haig rampe dans cette direction.

 

INT Nuit, mine, alvéole

Une pierre grosse comme un tête roule au sol, rejoignant dans la pénombre une demi-douzaine de ses semblables.

La caméra monte, découvrant Haig de dos, à contre-jour, assis devant la muraille de pierres qu’éclaire la lampe torche, sa main tordue reposant au sol à côté de lui, doigts relevés vers le haut. Grognant de douleur et de fatigue, il entreprend de desceller une nouvelle pierre de sa seule main droite.

 

INT Nuit, mine, alvéole

Une pierre roule et vient cogner contre les autres, maintenant au nombre d’une vingtaine.

Retentit un son d’éboulement.

Plan sur Haig, de dos, face au mur de pierres dont une partie vient de s’affaisser et dont s’échappe un nuage opaque de poussière. Haig tousse violemment, ce qui fait danser le faisceau de la lampe.

 

INT Nuit, alvéole

Le nuage se dissipe. Plan sur le visage de Haig, masque de poussière, de sang et de sueur, dans lequel seuls brillent deux yeux hallucinés.

Fébrilement, il se saisit de la lampe dans sa bouche et la dirige devant lui, révélant un trou dans la muraille, et, derrière, un passage vide, un tunnel assez large pour un homme.

Haig sourit, épuisé et hors de souffle. Puis il inspire profondément, replace avec détermination la lampe dans sa bouche et commence à se traîner dans le trou.

Il y est jusqu’aux hanches quand il se ravise. Il se traîne à rebours, revient dans l’alvéole et rampe jusqu’à Volodia. Avec des ahanements d’efforts, il tire le M 16 coincé sous le corps et se le met au dos, passant avec difficultés la courroie par-dessus sa tête. Puis il ramasse la liasse de billets qu’il fourre dans sa poche. Après un instant d’hésitation, il tire la montre en or du poignet du cadavre et lui fait suivre le même chemin.

Il regagne le trou et s’y glisse.

Plan sur ses godasses qui disparaissent dans l’ombre du tunnel.

 

(À suivre)

 

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