D’après mon roman Les Guerriers Perdus, éditions Taurnada, 235 pages, 9,99 €.
INT Nuit, mine
Un corridor obscur. Caméra fixe. On entend les ahanements d’efforts de Haig et les froissements courts de ses mouvements de reptation.
Le cercle de lumière blanche de la lampe danse, instable, sur les parois irrégulières.
Haig apparaît, rampant avec difficultés, tirant sa patte inutilisable derrière lui. Alors qu’il passe devant la caméra, il heurte sa main gauche inerte contre une pierre et gémit de douleur.
Il s’arrête, reprend son souffle, tout en restant aux aguets, à l’affût d’éventuels bruits de pas, de sons de voix ou d’éclats de lumière.
INT Nuit, mine, imagination de Haig
Vacarme de marteaux pneumatiques, ordres et phrases échangés en russe, brouhaha d’agitation.
Dans la lumière violente de rampes de projecteurs, une armée d’hommes en treillis noirs s’affaire. Certains creusent les gravats à la pelle, d’autres les transportent au moyen de brouettes. D’autres encore, en armes, guettent sur des appareils portatifs des signes de vie.
Encadrée de deux colosses aux cheveux rasés, Vanda, splendide guerrière, treillis noir, cheveux blond platine en cascade d’or sur les épaules, pousse d’un pied chaussé de rangers la tête défoncée de Baltimore, dépassant d’un éboulis de pierres.
Vanda (en russe s.t.) :
Trouvez-moi les autres !
Un blond :
Tranquille, chef. L’explosion a tout détruit. Ils n’ont pas pu en réchapper.
Vanda :
Je veux voir les corps, c’est clair ?
INT Nuit, mine, débouché du corridor
Haig parvient en rampant au surplomb de la longue et mince échelle d’aluminium déjà remarquée à l’aller. Il braque la lampe vers le bas. Contrechamp : l’échelle qui fuit vers l’ombre, vertigineuse.
Poussant des grognements, Haig se tourne pour se mettre en position et rampe en arrière.
Plan sur son pied gauche qui prend appui sur le premier barreau.
Haig pause puis, appuyant sur ses coudes, se pousse de nouveau en arrière.
Plan sur son pied droit, à la blessure découverte par la déchirure du treillis, qui se pose sur le barreau. Quand Haig y porte son poids, son pied cède. Haig pousse un cri.
Images confuses de Haig qui dévale l’échelle, alternance de plans noirs et d’images fugaces dans des éclairs de lampe. On voit ses mains s’agripper aux barreaux et aux montants, ralentir sa chute, puis céder.
Le corps de Haig atterrit lourdement sur le dos, au pied de l’échelle. Haig crie de douleur.
Noir écran.
INT Nuit, mine, imagination de Haig
Noir total dans lequel s’ouvre une brèche. Des outils viennent de percer un éboulis. La lumière des projecteurs éclaire l’alvéole dont s’est évadé Haig, où repose le corps de Volodia. Un homme en treillis noir, pointant un F.M. s’engage dans la brèche. Il se retourne et crie à l’intention des autres.
Soldat (russe, s.t.) :
Un autre ici !
Vanda se coule à travers la brèche et vient examiner le corps de Volodia.
Vanda (russe) :
L’autre petite pute. Remontez-le et brûlez-le avec son frère et le gros… (Elle se redresse) On continue, il faut trouver Haig…
INT Nuit, mine, pied de l’échelle
Le corps gisant de Haig, rigoureusement immobile, mort, éclairé partiellement par la lampe torche. Plan fixe de plusieurs secondes.
Soudain, Haig reprend vie. Il ouvre grand la bouche et inspire bruyamment. Il reste un moment immobile, respirant à grands coups, puis lève lentement la main et essuie le sang qui lui couvre les paupières.
Il se redresse avec difficultés, en gémissant. Assis, il se tâte de sa main valide. Il se caresse l’arrière du crâne, grimace de douleur et ramène sa main dans le champ de lumière de la lampe. Plan sur sa main couverte de sang gras.
Laissant échapper des plaintes à chaque geste, Haig déchire un pan de sa chemise et, en tenant un bout par les dents, le noue en bandeau grossier autour de sa tête.
Il reste un long moment prostré, tête basse, immobile. Son torse vacille. On sent son envie de s’allonger.
Haig :
Bouge !
Finalement, il se reprend, se tourne sur le ventre et se remet à ramper, s’aidant de ses coudes.
La caméra suit son lent éloignement et la lumière de la lampe, qu’il semble pousser devant lui.
EXT Jour, aube, entrée de la mine
Haig rampe hors de la mine, émerge dans la lumière du jour qui vient de se lever. Il s’allonge sur le dos, contemplant le ciel bleu, aspirant l’air à grandes goulées visiblement délicieuses.
INT Jour, mine, imagination de Haig
Images confuses des hommes de Vanda, certains creusant, d’autres rampant à leur suite. Plan sur Vanda et son visage déterminé de sorcière en colère.
Vanda :
Plus vite ! Il faut le trouver !
EXT Jour, entrée de la mine
Haig allongé, comme endormi, couvert de sang.
Haig :
Bouge. Bouge. BOUGE !
Il se redresse. L’effort est surhumain. Il fait passer la courroie du M 16 par-dessus sa tête, plante le canon sur le sol et s’en sert comme d’une béquille pour se mettre sur ses pieds. Chacun de ses gestes et accompagné d’un hurlement.
Une fois debout, il reprend son souffle et se met à marcher. Un pas, très court, en gémissant. Un autre…
La caméra le regarde s’éloigner, poupée écarlate et difforme, traînant sa jambe inerte derrière lui, sa main toujours tordue vers l’extérieur.
EXT Jour, garrigue
Haig parvient aux abords d’un bosquet de pins nains. À une dizaine de mètres en contrebas, au bout d’une pente assez rude, passe la route caillouteuse et ravinée d’ornières.
Haig se traîne à l’ombre des pins. Il y reprend son souffle. Bientôt, une fatigue irrépressible le force à lâcher le F.M. qui lui sert toujours de béquille et à se laisser glisser à terre, le dos contre un tronc d’arbrisseau.
Haig (marmonnant) :
Bouge. Bouge. Bouge. Bouge…
Ses yeux se ferment.
Haig :
B…
Noir écran
EXT Jour, garrigue
Une douzaine de soldats en treillis noir progressent en ligne, les armes pointés, les regards à l’affût. Au centre, la blonde Vanda, un colt 45 au poing.
Ils arrivent en vue du bosquet de pins. Contrechamp : la silhouette de Haig évanoui, adossé à un tronc.
Vanda indique du menton à ses hommes la direction à prendre. La ligne des soldats s’avance prudemment en direction du bosquet. Soudain, l’un des hommes se redresse et fait signe à ses camarades de s’arrêter.
Le soldat (russe s.t.) :
Écoutez !…
Tout le monde s’immobilise. Gros plan sur Vanda qui tend l’oreille. On entend le bruit de sabots sur le sol, accompagné de celui de roues sur des cailloux.
EXT Jour, garrigue
Haig se réveille, affolé. Il regarde avidement de tous côtés. Contrechamp : personne, la garrigue déserte. Mais le bruit des sabots et des roues continue de retentir, s’approchant.
EXT Jour, route
Une carriole pleine de foin attelée à un petit cheval progresse lentement.
EXT Jour, garrigue
Haig empoigne son M 16 et, s’y tenant à deux mains, fait un effort pour se lever. Insuffisant. Il réessaye. Il parvient à se mettre à genoux, puis presque debout et retombe. Troisième essai : il se retrouve chancelant sur ses deux pieds. Il fait un pas en avant, en direction de la route. La pente le happe et il tombe.
Haig dévale la pente, roulant et gémissant.
EXT Jour, route
Haig atterrit durement sur les cailloux. Il y reste un instant immobile, puis se redresse. Dans sa chute, il a lâché son arme qui gît dans l’herbe jaune, à quelques mètres de lui. Poussant le râle de la bête au bout de son rouleau, il se jette vers elle, rampe sur les coudes, l’atteint et la presse contre son corps.
EXT Jour, route
Champ : la carriole de foin avance. Assis à l’avant, jambes ballantes, se tient un tout petit type en bleu de chauffe à la chinoise, affligé d’un terrible strabisme, la pupille de son œil gauche coincée quasiment sous sa tempe.
Contrechamp : Haig se dresse, tremblant, au milieu de la route, le M 16 pointé en direction de la carriole.
La carriole s’arrête devant Haig qui lève le bras, laissant voir, passée à son index posé sur la détente, la montre en or de Volodia qui étincelle au soleil.
Le petit homme en bleu de chauffe reste immobile. Haig pose l’arme, s’en sert comme d’une canne pour s’approcher, brandit la montre devant les yeux divergents du paysan. Celui-ci sourit, montrant quelques chicots et beaucoup de trous. Il s’empare de la montre et, du menton, fait signe à Haig de grimper.
CUT
INT Nuit, bar Le Kurajo, Bari
Plan sur un serpent de dominos sur une table. Son : le fort brouhaha d’un café bondé. Une vieille main joue le double deux. Une autre le deux-cinq.
Le plan s’agrandit. On reconnaît le café Le Kurajo de l’Albanais Yussuf, à Bari. Une foule agitée l’occupe. Les conversations en shqiptar tonitruent. On remarque un client qui propose des cartouches de cigarettes et un autre qui fait la démonstration d’un téléphone cellulaire pliant. La caméra glisse jusqu’au comptoir où Yussuf est en train de remplir deux petits verres de raki, un pour lui, un autre pour son vis-à-vis, un homme au bras plâtré et au visage couvert de pansements dans lequel on reconnaît Haig. Une béquille d’aluminium est appuyée contre le bar.
Yussuf :
Alors, à Shkoder, la Kurde endossa le rôle de salvatrice…
Haig :
Aynur, oui. C’est incroyable, mais à partir du moment où j’ai tourné le dos à la citadelle, la malchance m’a abandonné.
Yussuf (remplissant les verres) :
L’effarant royaume maudit de la sorcière…
Haig :
C’est ça. Quand je suis arrivé chez Aynur, il y avait ses premiers clients. Trois types. Des mecs de Rome. Des randonneurs. Et l’un d’eux, un docteur. Un chirurgien esthétique, mais un toubib quand même. C’est lui qui m’a retapé.
Yussuf (trinquant) :
Gëzuar ! L’auberge de la fée.
Haig :
C’est ça. Gëzuar !
Yussuf :
Que n’y es-tu resté, Ô guerrier égaré ?
Haig :
Disons qu’entre elle et Salvatore… Salvatore, le toubib…
Yussuf (remplissant les verres) :
Je vois. La belle Aynur, fille de combattants, aimait les soldats en marche ou bien vainqueurs. Les baroudeurs défaits ne l’excitaient guère…
Haig :
Exactement. Gëzuar !
Yussuf :
Gëzuar. Et maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ?
Haig :
J’ai besoin de ton aide…
Haig se penche par-dessus le comptoir et parle à l’oreille de Yussuf. Le bruit des conversations couvre sa voix.
Yussuf arbore un air embarrassé tandis qu’il remplit les verres et soupire.
Yussuf :
Saperlipopette, voilà qui ne saurait manquer d’être difficile !
CUT
INT / EXT Jour / Nuit, Bari
Succession de plans courts. Haig se promène sur le port, claudiquant, mange des spaghettis aux fruits de mer, boit des petits cafés serrés, se fait ôter des pansements dans un dispensaire, flirte avec l’infirmière, Haig se promène sur le port sans sa béquille… Plans qui nous ramènent à la normalité après le tourbillon de folie traversé.
Haig se pointe devant un immeuble vieillot. Une plaque à côté de la porte indique « Consulat de France ». Le consul, un gros type débonnaire, remplit des papiers, appose des coups de tampons et tend à Haig un passeport neuf.
Régulièrement, en alternance, Haig rencontre Yussuf au Kurajo, qui lui adresse toujours un signe négatif de la tête.
INT Nuit, café
Haig entre au Kurajo, bondé d’une foule désormais habituelle. Se dirigeant vers le comptoir, il salue au passage d’une main sur l’épaule les deux vieux joueurs de dominos. L’apercevant, Yussuf lui adresse un signe joyeux.
Haig (arrivé au comptoir) :
Tu l’as ?
Yussuf lui remet un papier. GP sur celui-ci : y est écrit « Vanda » et un numéro de téléphone.
Yussuf (voix off) :
Un Turc qui est dans l’héroïne. Il a négocié avec ta sorcière. Il ne l’aime pas et comme, en outre, il me devait un service…
Haig :
Tu as un téléphone ?
Yussuf rit, se penche et tire de dessous son comptoir un carton plein de téléphones portables. Il en choisit un et le tend à Haig. Celui-ci porte la main à sa poche. Yussuf l’arrête d’un geste.
EXT Nuit, rue
Haig s’éloigne de quelques pas. Téléphone dans une main, papier dans l’autre, il compose le numéro. On entend les différentes tonalités, puis la sonnerie à l’autre bout. On décroche. Silence.
Haig :
Vanda ? C’est Haig.
Un léger rire suave, un peu rauque. Puis sa voix.
Vanda (voix off, en français) :
Je savais que tu t’en étais sorti. Tu as toujours eu de la chance…
Haig :
Ce n’est pas de ta faute. C’était un joli piège.
Vanda :
N’est-ce pas ? J’ai toujours aimé les explosifs. Comment dit-on en français ? Mon péché mignon ? (Rire). Qu’est-ce que tu veux, petit Haig ?
Haig :
La paix.
Vanda :
Comment ça ?
Haig :
Carlo est mort. La plupart des autres aussi. Je ne veux pas passer ma vie à guetter par-dessus mon épaule si un de tes chiens de garde n’est pas derrière moi.
Vanda :
Et ?…
Haig :
Je te donne ma parole de ne plus jamais rien tenter contre toi. Dès que cette conversation sera terminée, j’oublierai ton nom. Ne le prononcerai plus jamais. Devant personne. De ton côté, tu fais pareil : tu m’oublies.
Un silence.
Vanda :
D’accord. Bonne chance, petit Haig.
Elle raccroche. On n’entend plus que la tonalité du téléphone.
CUT
EXT Jour, Irlande, côte de Bun’Mohr
Il pleut. Haig marche le long du sentier côtier qui mène à sa maison.
Haig s’arrête. Il contemple le paysage : ciel tourmenté et mer houleuse de la même couleur grise, zébrée de bandes d’écume.
Longuement.
Longuement.
Longuement.
Il reprend sa marche.
EXT Jour, Irlande, façade maison
Haig arrive devant sa maison. Il soulève un pot, y trouve la clé. Il ouvre la porte.
Il entre, ferme la porte.
Plan sur la porte fermée.
FIN
Voilà, potesses, poteaux, amis et amies, lecturiantes, lecturiants, frèresses et frérots, nous voici au bout d’une série qui, mine de rien, a démarré le 28 février, trois semaines après ma sortie de l’hosto, poumon t’en moins, et nous aura tenu 28 épisodes depuis l’île de Mindanao, aux Philippines, jusqu’à Bari, Italie, en passant par l’Irlande, Marseille, le Mali, Miami Beach et l’Albanie. Y en a qu’en ont pour leur pognon, moi je trouve. On va pauser un petit peu, en tuant le temps avec quelques friandises littéraires, et puis on se lancera dans une nouvelle aventure. Je ne sais pas encore trop ce qu’elle sera, mais il y a fort à parier qu’on laissera les scénarii de côté pour aller vers le romanesque. Peut-être. Sans doute. Qui sait ? On verra…
Soit esclave du savoir si tu veux vraiment être libre.
« Celui qui s’endort avec le cul qui gratte se réveille avec le doigt qui pue » proverbe bérurier.
Et comme dans ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l’église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.
En virée ce week-end à Urbino – comme chacun sait ravissante petite cité médiévale où nacquit Raphaël – quelle ne fût pas ma surprise de découvrir dans l’entrée del palazzo del comune, ( plus simplement la mairie ) une plaque commémorative avec un large extrait – traduit en italien – de “ à la recherche du temps perdu “ du divin Marcel déjà cité plus haut.
Interloqué pour ne point dire abasourdi, mettant alors en exergue la sagacité qui me caractérise (!) je fis alors le rapprochement entre la spécialité artisanale de ladite cité, qui n’est autre que la céramique majolique, issue d’un procédé de fabrication tout à fait spécial qu’il serait vain de développer ici, et la fameuse tasse de Marcel qui ponctue l’extrait en question… Ceux qui ont suivi – que j’espère nombreux – auront donc compris que c’est la tasse elle-même – made in Italy donc – qui aurait inspiré l’écrivain pour sa recherche du côté de chez Swann, ce qui nous rappelle également Dave mais ça c’est un autre registre… Je trouvai donc désopilant de voir que la céramique italienne jouât un rôle dans l’oeuvre de Proust ; qui sait si quelque service à thé en porcelaine inspirera Thierry pour sa prochaine oeuvre romanesque ?
En tous les cas grazie mille pour les voyages offerts à l’occasion des pérégrinations de Haig, qui sait si un jour il ne croisera pas de nouveau la route de la terrible Vanda…
Haig reprendra-t-il la route ? voila une question essentielle…A moins qu’un nouveau personnage ne surgisse de nulle part…..au hasard d’une rafale de vent ou de balles…Affaire à suivre…Mais quand même, la Vanda, elle s’en sort bien…
Avec tout ça on avait oublié la musique du générique de fin dis-donc ! Tu vois un film d’aventure et d’action se finir dans… le silence ?
Il semblerait en effet qu’il manque quelque-chose à nos guerriers perdus, rien de moins que la musique que chantait Eddy Mitchell dans la dernière scéance : la lumière revient déjà, et le film est terminé, je réveille mon voisin, il dort comme un nouveau-né, etc, etc, ça revient en mémoire sans forcer, sacré schmoll désormais c’est toi le plus grand encore debout dans tes santiags…
Et donc pour quitter Haig sur et Vanda sur une touche optimiste je propose ce morceau accrocheur et entrainant et dont le message profond pourrait être : inutile d’essayer d’y échapper, tant que t’as un compte à règler il te faudra payer un jour…
D’ailleurs pour ma part je suis convaincu que Haig et Vanda se retrouveront prochainement… il sagit juste de décider où et quand.
Je veux bien que les routes albanaises soient tortueuses et semées d’embûches, je veux bien que le Kosovo soit un repaire de brigands peu recommandables et qu’il y soit facile de perdre son latin, voire son side-car, que le Montenegro soit un Pays gangrainé par la mafia d’Azerbaidjan et que la liberté pour un étranger y soit réduite à une peau de chagrin… soit, je veux bien ! Une aventure de celle à peine vécue par Haig comporte des retournements de situation qui peuvent facilement distraire et s’éloigner de la trame initiale, c’est d’accord… c’est bon, ok je veux bien…
Cependant…
ceci dit, ( sur son chameau )
cela étant posé,
il me parait légitime de soulever une interrogation au sujet d’un détail qui semble avoir été omis et que le lecteur attentif aura noté : les pellerins d’Emmaüs ! En effet on pouvait s’attendre à une recherche dans la crypte du musée de Tirana à coup de passages secrets et de soudoiement de gardes corrompus, ou bien de déchiffrage de code antique inscrit à la plume d’oie sur des grimoires incunables à la façon du code De Vinci – juste pour suivre la mode ! – et en revanche… à la trappe le Caravage, pfuiiitt disparu, queue de chie, nada, peau de balle ! Circulez y rien à voir…! C’est quand même pas le premier venu le Michelange Merisi, fameux ( que dis-je : mondialement célèbre ) pour avoir inventé le style clair obscur Caravagesque…
Donc voilà une ( honnête ) proposition afin de recoller les morceaux : Haig / Vanda épisode 3…
La célèbre toile du Caravage a effectivement mystérieusement disparu des trésors du musée de Tirana dans les soubresauts incontrôlables de l’effondrement du régime de fer et de son cortège de corruption…mais Haig n’y est pour rien.
Plusieurs années plus tard… Alors qu’il est en villégiature avec un vieux pote sur un rafiot à voile dans les ìles grecques, attablé en terrasse ensoleillée en escale au Pirée un entrefilet attire son attention sur l’organisation d’une expo dédiée au Caravage, finançée par un riche mécène armateur du port d’Athènes.
Ce qui intrigue surtout Haig c’est qu’il est spécifié dans l’article que certaines toiles auraient une provenance délicate à justifier de la part du riche propriétaire, connu pour le transport maritime et…des trafics moins avouables notamment avec l’Albanie … et le Kosovo. Aussitôt le souvenir de la blonde lui revient en mémoire ! pourrait-elle se trouver derrière un trafic d’oeuvres d’art de haut niveau en cheville avec ce Sabri Atlioglu richissime armateur grec d’origine turque connu pour son splendide yacht dont la couleur fuschia devient violette et change en fonction de l’orientation au soleil ? Haig demande à son vieux pote de prolonger l’escale car il souhaite visiter cette exposition…
… dans la superbe villa avec piscine et jardins avec jets d’eau la toile des pellerins n’est pas exposée mais l’atmosphère est très “mafieuse” et à la soirée inaugurale Haig flaire le coup pas clair, surtout quand quelques pingoins de la sécurité en smoke échangent des paroles à voix basse qui semblent être en russe.. ou azeri ? oùùù ça pue-là se dit Haig, mais rien à faire c’est plus fort que lui il dit s’intéresser aux oeuvres du maitre pour un acheteur américain peu regardant sur la provenance mais prêt à s’allèger de quelques millions s’il est assuré de l’autenticité. Il fait comprendre à demi-mots que son commanditaire a une passion pour les pellerins d’Emmaüs car il est convaincu que Vanda soit derrière le vol du tableau…
Le sieur Atlioglu propose à Haig de venir voir quelques toiles non exposées qui sont actuellement en sùreté sur son yacht dans le port, qui luit doucement sous ce clair de lune athénien… la tentation est grande, mais le risque aussi de se retrouver devant la blonde fatale, et ça serait difficile de jouer la surprise, pense Haig… d’un autre côté il se rappelle de Yussuf quelques années plus tôt à Bari qui disait connaitre réellement un acheteur potentiel pour le tableau, et quelques millions au passage seraient les bienvenus !
Haig sort et s’assoit sur les docks, pensif… Accepter l’invitation sur le yacht ?
sittin’ on the dock of the bay, wasting time…
AAAAHH P…’TAIN CA SERAIT BON LES VIEUX GARS !!