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Les chèques scolaires

Publié par le 20 mai 2015

 


Au comptoir du Café des Trois-Pigeons, on découvre Blancassine (42 ans, chômeuse en fin de droits), Beaujole (36 ans, pré-retraité) et Calvadet (invalide pensionné) ; en face d’eux se tient le cafetier Fricandot, une bouteille à la main ; à leur droite, la vitrine constellée d’autocollants publicitaires donne sur une nuit pluvieuse ; derrière le groupe, la salle est obscure, lampes éteintes par mesure d’économies.

Blancassine :
(Se grattant la toison d’aisselle)
Ces socialisses y’n’savont plus quoi n’inventer pour faire croire qu’y sont au boulot. A c’t’heure, ça va êt’ la raie en forme du collègue z’unique. Voilà t’y pas qu’y veuillent supresser le saignement du latin et du pâtre grec, et même du boche, aussi, qu’y paraîtrait….

Calvadet :
Ah ça : l’herbe est toujours plus verte à quatorze heures…

Beaujole :
(De l’index, il fait signe à Fricandot de remettre la tournée)
Sans compter que moi, un truc que je regrette des dimanches de quand j’étais minot, c’est que ma mère prenait des champignons à la grecque au traiteur. Des champignons de Paris tout cons comme partout, mais avec une espèce de sauce aux épices dessus… Tiens : rien que d’en parler, ça me donne les crocs !

Blancassine :
Comme quoi que les zobs de sion latin-grec, ça s’rait des filles-mères d’excellence qu’al ne s’raient n’utiles qu’aux riches pour n’avoir des bons boulots plus tard ’vec le sale laire succéquant. Moive, j’savrais pas que d’connaît’ l’histoire de l’anti-critiquée et d’causer les langues fortes, ça faisait gagner des sous !

Calvadet :
(De l’index, il fait signe à Fricandot de remettre la tournée)
Ah ça : Petit à petit, l’oiseau scie la branche où il est assis !

Beaujole :
Ça m’est resté. La cuisine grecque, j’adore. Mon beau-frère, il est comme moi. Dès qu’on peut, on va se faire un gueuleton à « L’Acropole », un petit resto vers chez lui. Un petit coup de retsina pour humecter et en avant les papilles. Question de Banquet, y’a Platon, mon beau-frère et moi !

Blancassine :
Chais pas si y’a d’quoi faire la grève à la saint-dique, mais franch’ment, j’suille plutôt d’accord que le latin, c’est pour les bourgeois. N’en France, un bonzomme qu’est vraiment pauvre, il cause en rom, pas t’en romain !

Calvadet :
Ah ça : Le chien aboie et les vaches sont bien gardées !

Beaujole :
Imagine : Feuilles de vigne farcies, souvlaki, moussaka, gyros en pita, olives à la féta…. Y’a pas, quand on en vient au chapitre « restauration exotique », les Grecs, c’est les champions olympiques !

Blancassine :
Tout ça c’est encore d’la tempête dans le Verdon. Y’a pas d’quoi n’en faire un dommage. Qu’est-ce que ça peut bien n’y faire, aux socialisses, si y’en a qui n’y savront lire la guerre de de Gaulle ou Cicéron Poincaré et pis d’autres qu’y z’y pouvront pas ? Quand z’on y voit Jules César dans le film d’Astérix n’à la télé, y cause français comme vos émois !

(De l’index, elle fait signe à Fricandot de remettre la tournée)

C’est des histoires pour noyer la boisson et n’point résolver les vrais sujets qui z’y fâchent. Le jour qu’on f’ra vraiment du rez-de-volte z’à l’école et qu’on z’y apprendra à parler le n’arabe et le z’africain comme ça fait longtemps qu’on devrait, y’aura de quoi faire le champ du bardement…

Calvadet :
Ah ça : C’est la charité bien ordonnée qui cache la forêt…

Beaujole :

On a pensé que cet été, on allait essayer d’aller faire un tour à Athènes ou bien dans les îles grecques. Mon beau-frère, il dit que comme là-bas ils sont en crise économique, on doit pouvoir bouffer pour pas cher. Il n’a pas l’air, comme ça, mais il est malin, mon beau-frère……

Fricandot :
(s’approchant)
Celle-là, c’est la mienne !

Il remplit les verres.

 

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