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Le Louvre et l’ouvrier

Publié par le 25 février 2015

 

On découvre, pérorant au bar de l’hôtel du Dindon Farci, Monsieur Le Millaisime (industriel), Madame de Courvoise (rentière) et Maître Claqueçin (notaire) ; devant eux sont disposées de nombreuses coupelles d’amuse-gueules : pickles, arachides et charcuteries fines ; A l’arrière-plan flambe un feu de cheminée.

Monsieur Le Millaisime :
On trouverait difficuplexement plus libéralouvert d’esprit que moi. En ce qui me concegarde, le droit des pauvres à l’égalité ne se négociscute pas. Cependant, je vous l’avoue : quand j’ai emmené l’autre jour ma petite-fillitière au musée du Louvre, la foultitude de misérolétaires qui se pressait aux guichentrées m’a consteffaré !

Madame de Courvoise :
(Se plaquant la main entre les seins)
Je suis bien d’accord avec vous ! La peinture, c’est une affaire sérieuse ! Feu mon regretté père en était fou. Pendant la dernière guerre, il n’a pas hésité à mettre en sécurité au manoir des toiles appartenant à certains amis israélites alors en délicatesse avec les autorités. Que voulez-vous : Père était un esthète !
 
Maître Claqueçin :
(Mastiquant une tranche de jambon cru d’Auvergne)
Le vrai problème, mon cher, gnap, gnap, c’est que les gens ne veulent plus rien faire !

Monsieur Le Millaisime :
Ah, Vinci, Picasso, Velasquez, Rembrandt… Voilà la fine fleur du talent picturatif français quotidiennement livrée à la vulgrossiarité et la mécognorance du bas peuple, lequel se promènarpente sans vergogène parmi les marbres à tarif familiaréduit !

Madame de Courvoise :
(Après avoir léché l’extrémité d’un mini chorizo à l’Espelette)
Saviez-vous que pendant mes années de folle bohème, il m’arriva de poser pour certains artistes ? Dans le plus simple appareil, évidemment. Quand on figure sur une toile nommée « Eve et les Grands Boucs » c’est en tenue d’Eve, nom d’un pinceau !

Maître Claqueçin :
(Mâchant une poignée de cacahuètes au paprika)
Plus personne pour travailler, grunk, grunk, la voilà, la calamité…

Madame de Courvoise :
(Rêveuse)
L’un d’eux est tombé follement amoureux de moi. Il a même demandé ma main. Père l’a fait jeter dehors par nos valets, vous pensez bien ! La pauvre, il s’est suicidé peu après. Il a avalé un litre d’essence de térébenthine. Entre nous, il n’avait aucun talent…

Monsieur de Millaisime :
(Se saisissant d’un verre de liqueur, auriculaire levé)
Une nationerie qui brade les trésors de sa savanculture aux classes laborsuandieuses ne fait preuve que d’une chose : sa dégénécadence.
L’art doit rester l’apanageoriété de l’élite, qui seule sait l’appréhomprendre !

(Il vide son verre dans un élégant bruit de succion et le pose sèchement sur le comptoir)

A ce compte, nos enfants décladiront bientôt : « Si la grande peincoulure est accessivisble au tout-venant, pourquoi donc se donner la peine d’étuduquer à l’école ? » Et reconnagréons-le : ils n’auront pas tout à fait tort !

Maître Claqueçin :
(Engloutissant une épaisse tranche de coppa italiana)
Les trente-cinq heures, gloup, le voilà le malheur !

Madame de Courvoise :
Je me demande si je ne vais pas rempiler. Il paraît qu’ils cherchent des modèles bénévoles, aux Beaux-arts. « Diane Mature au Bain », ça aurait de la gueule, vous ne pensez pas ?…

(Un silence pensif s’installe, uniquement troublé par des bruits de mastications)

 

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