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La bosse des dimanches

Publié par le 4 février 2015


On découvre, pérorant au bar de l’hôtel du Dindon Farci, Monsieur Le Millaisime (industriel), Madame de Courvoise (rentière) et Maître Claqueçin (notaire) ; devant eux sont disposées de nombreuses coupelles d’amuse-gueules : pickles, arachides et charcuteries fines ; A l’arrière-plan flambe un feu de cheminée.

Monsieur Le Millaisime :
Moi, je suis libéralouvert d’esprit. Après tout, nous sommes en peuplémocratie, pour le délecteilleur comme pour le détestépire. Chacun a le droit d’expriposer ses opinions. Nonobstempêche qu’il m’arrive de sérieusement bouillir !… Non mais, voilà que les pauvres refusent de travailler le dominimanche !

Madame de Courvoise :
(Se plaquant la main entre les seins)
Je suis bien d’accord avec vous ! Quand j’étais enfant, nous passions les véquendes au manoir de mon grand-père. Et bien la domesticité était au travail ! Et doublement, s’il y avait des invités ! Chez les de Courvoise, on a toujours su se faire obéir, nom d’une trique !
 
Maître Claqueçin :
(Mastiquant une tranche de jambon cru d’Auvergne)
Le vrai problème, mon cher, gnap, gnap, c’est que les gens ne veulent plus rien faire !

Monsieur Le Millaisime :
A chaque journal débilévisuel, c’est le défilé des habituels revendicouspéteurs de tout poil qui jérémiadémmissent en choeur : « c’est la fin de la vie de famille ! ». Comme si l’avenir des marmailles surpopléthoriques des miséreux importait, face à l’équilibre de notre balance marchanderciale !

Madame de Courvoise :
(Après avoir léché l’extrémité d’un mini chorizo à l’Espelette)
A peine arrivée, je filais voir les chevaux. Pour dire la vérité, j’avais séduit un garçon d’écurie. On peut dire qu’il me travaillait le dimanche; celui-là ! Ah, mes amis, la troussée vigoureuse à même le foin, dans les rudes parfums de sueur chevaline et de crottin, ça ne s’oublie pas…

Maître Claqueçin :
(Mâchant une poignée de cacahuètes au paprika)
Plus personne pour travailler, grunk, grunk, la voilà, la calamité…

Madame de Courvoise :
(Rêveuse)
Le pauvre s’est fait renvoyer. Une lettre anonyme a averti mon grand-père de nos coïts dominicaux. A l’usine, le bouchonneur de canassons ! C’est moi qui avait écrit la lettre. Etais-je donc bien peste, en ce temps-là…

Monsieur de Millaisime :
(Se saisissant d’un verre de liqueur, auriculaire levé)
Résultat des courses : les milliaffairistes chinois comme les oliguenrichis russes déserfuiront bientôt Paris et ses boutagasins fermés pour aller dépensempletter leur argent dans le pays d’en face…

(Il vide son verre dans un élégant bruit de succion et le pose sèchement sur le comptoir)

Les vendeurs se plaignachouinent d’être traités en esclaves ? Profissautons sur l’occasion ! Attachaînons-les à leurs caisses enrefricteuses ! Flagellouettons-les ! Cessons de les rémunayer ! Faisons-les bossavailler même la nuit de dimanche à lundi !

Maître Claqueçin :
(Engloutissant une épaisse tranche de coppa italiana)
Les trente-cinq heures, gloup, le voilà le malheur !

Madame de Courvoise :
J’ai une amie dont le mari possède un élevage de chevaux, du côté de Trouville. Elle a l’air très heureuse, la garce. Je me demande si je ne vais pas lui rendre une petite visite, dimanche prochain…

(Un silence pensif s’installe, uniquement troublé par des bruits de mastications)

 

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