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Goanna massacre – épisode 33

Publié par le 10 août 2024

 

– Ralentis.
– Non.
– Ralentis, on est dans le bled.
Quel bled ? C’est une ville-fantôme ! grinça Marily
n, dents bloquées.

Mary-Maud soupira.
Quelques kilomètres
en arrière, Marilyn avait jeté le van au travers d’un trou dans la chaussée sans relâcher le moins du monde la pression sur l’accélérateur ni tenter de l’éviter, les faisant littéralement s’envoler. Et retomber, dans un choc qui avait secoué toute la carcasse du vieux fourgon.
Mary-Maud avait alors décroché la ceinture de sécurité, dont ni l’une ni l’autre ne s’était pratiquement servie
s, et l’avait bouclée en travers de sa poitrine.
Ça n’avait pas été sans mal. Le van était trop vieux pour disposer de ceintures à enrouleur et, qui plus est, cette saleté était réglée trop serrée. La jeune femme avait dû forcer comme une bête pour enclencher la languette mâle dans la femelle.
– C’est ça, attache-toi, trouillarde !
– Ça va. T’occupe. regarde plutôt la route.

Depuis leur discussion avec les Aborigènes, Marilyn s’était transformée en une nouvelle version d’elle-même.
Mar
ily
n la furieuse.
La blonde en rogne contre le monde entier et l’ouest du Queensland en particulier.
Et Dieu seul savait où cette rage allait les mener, elle et sa passagère.

Mary-Maud soupira de nouveau.
Barbie-furie au volant n’avait pas tort, pourtant. Malgré la vitesse, ce qu’elle pouvait voir défiler de Jarra-Creek n’avait rien d’engageant.
Seigneur, c’était même pire que les autres patelins de la Wellington road qu’elles avaient déjà traversés, déjà pas folichons !
La rue principale,
des deux côtés, n’était qu’un alignement de baraques abandonnées, pour ne pas dire en ruines.

Portes et fenêtres béantes sur du vide ou barrées de tasseaux cloués à la hâte, par des gens impatients de se carapater. Porches pourris sous leurs tôles rouillées. Toitures de travers ou même crevées…
À se demander s’il y avait encore des habitants dans cette désolation.

– Eh, là ! Qu’est-ce que…
– M’en fous
, cracha Marilyn.
Elles venaient de dépasser une station-service qui semblait fermée. Mary-Maud avait distingué des silhouettes, mais qui étaient, bizarrement, toutes allongées. Avec des… des choses grises autour… des choses qui bougeaient…
Des animaux.
Est-ce que ça pouvait être des animaux ?

– Des gens couchés
et aussi des…
– M’en fous
, j’te dis !
Mary-Maud haussa les épaules et renonça. Peut-être avait-elle mal vu, après tout…

Devant elles arrivait à toute blinde une petite église aussi décatie que le reste du village.
Des bardeaux manquaient à son court clocher de bois. Le portail était surélevé par rapport au sol, au-dessus d’un bon mètre de vide où avait dû, jadis, exister un escalier. Les deux battants étaient clos par deux larges planches clouées en X, renforcées à leur intersection par une grosse chaîne rouillée.
– ATTENTION !
Mary-Maud hurla, en même temps que Marilyn, grognant un juron, écrasait la pédale de frein et tournait frénétiquement le volant.
– Merde, merde, merde.…
D’une maisonnette qui flanquait l’église avait surgi…
Qui ?
Quoi, plutôt ?
Avait surgi une… apparition.

Une aberration.

Une impossibilité.

(À suivre)

 

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