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Goanna massacre – épisode 30

Publié par le 20 juillet 2024

 

Kaiser dressa l’oreille.
La pétarade familière d’une moto se faisa
it entendre au dehors.
Un des bergers rentrait au ranch, chevauchant l’une des vieilles Yamaha « Ténéré ». Il y avait des années que Kyle aurait dû renouveler le parc motocycliste du Double K, mais, vu l’étant des comptes, il repoussait sans cesse l’échéance.

Il fronça le sourcil alors que la moto se rapprochait du cottage sans ralentir, moteur à fond.
C’était contraire aux usages. Au double K, quand un subalterne devait s’entretenir avec le maître des lieux, il garait sa monture près des hangars, la mettait sur béquille et il venait se présenter à p…
Kyle sursauta au fracas de métal qui retentit devant la barrière. Il bondit sur ses pieds et gagna la fenêtre.
Ses yeux s’écarquillèrent quand il découvrit son employé Maugham, qui, ayant laissé tomber sa moto sur le flanc, sans éteindre le moteur, remontait l’allée en courant.
– Qu’est ce que…
Le berger ne prit pas la peine de frapper à la porte. Il l’ouvrit à la volée en criant :
– Kaiser !
Ça aussi, c’était contraire aux règles. Au ranch, on disait « Monsieur Kayes », à la rigueur « patron », mais jamais K…
L’homme déboula dans le salon.
– Kaiser ! Putain, patron !… C’est af-af-af… C’est hor-hor-hor…
– Maugham ! aboya Kyle. Reprends-toi, bon dieu ! Qu’est-ce qui se passe ?
– La sta-sta… La station-service… Le gros Sfakias… Il… Il… Il… Il est mort !
– Mort ?

Kyle observa son berger. Maugham était un homme solide, au visage de cuir tanné, dont le nez en patate, dévié, souvenir d’une lointaine bagarre, et les poings noueux et bosselés témoignaient de la bravoure devant les coups durs.
Et c’était ce type-là, modèle de pionnier du bush australien qui bégayait et roulait des yeux terrifiés, le teint livide sous son hâle.
– Du calme, Maugham. Qu’est-ce qui s’est passé ?
L’homme inspira profondément et lâcha d’une traite :

– Y’a des espèces de grands lézards qui l’ont dévoré.
– Quoi ?

– Des goannas. Mais grands. Grands. Et ils ont eu Jenssen aussi. Et deux-deux-deux autres…
À l’évocation de son ami mort, le berger se remit à bafouiller.
– Deux autres types qu’é-qu’é-qu
esse qu’ y z’
étaient venus ‘vec nous… Et Jenssen… C’est ce salaud de Bersi…

Mais Kayes n’écoutait plus qu’à peine.
Au mot de « goanna », il avait vu resurgir devant ses yeux l’image de Grandma Jackson, la veille, agenouillée aux côtés de son neveu agonisant. La face tordue de fureur qu’elle avait levée vers lui. Sa chevelure comme une crinière. Et la conviction avec laquelle elle lui avait craché, ses yeux noirs intenses dans les siens :
– Je vais faire surgir le grand goanna et il bouffera tous les Blancs ! Vous tous ! Tous les foutus méchants Blancs !…

Le malaise qu’il refoulait depuis le matin se gonflait comme une houle dans sa poitrine. Les pressentiments de malheurs à venir qu’il repoussait de même se plantaient comme des flèches dans son esprit. Et au fond de son âme se brisait quelque chose de profondément enfoui, d’essentiel à son être, de primordial.
– C’est Bersi, continuait Maugham, cet enfoiré
c’est quesse qu’il a… Il a… Il a…

Un concert de bêlements affolés et de hurlements d’hommes s’éleva du côté des hangars.

(À suivre)

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